Vincent Decugis, directeur général de la société de conseil Axones (groupe Neurones), clôt le débat autour des plates-formes mobiles. Pour lui, le choix est simple : l'application web mobile.La diffusion des applications mobiles connaît aujourd'hui un essor considérable. Entraînés par le succès d'Apple, tous les autres constructeurs de plates-formes mobiles ? Android, Windows Phone 7, Blackberry… ? proposent des places de marché et de téléchargement pour des applications spécifiques à leur infrastructure. La diversité de ces outils ne cache pourtant pas leur simplicité : la plupart se contentent en effet d'accéder en lecture et en écriture à de l'information disponible sur internet, et de la présenter d'une manière adaptée aux appareils mobiles.Le choix s'avère complexe pour les entreprises qui souhaitent créer des applications dédiées au grand public ou à leurs employés. Difficile d'investir sur de multiples plates-formes sans voir se démultiplier les coûts de développement et de maintenance, sans avoir recours à des compétences spécifiques sur chacune… Mais il leur est également possible de faire le pari, plutôt risqué et hasardeux, d'une seule infrastructure.
Le micro-ordinateur a tracé la voie
Or, que s'est-il passé dans le monde des micro-ordinateurs ? La démocratisation de la micro-informatique a entraîné l'apparition d'une kyrielle de marques, la plupart déjà oubliées ? Amstrad, Commodore, Atari, Oric, Sinclair… ? incompatibles entre elles. Le marché s'est ensuite simplifié, pour se réduire maintenant à deux ou trois plates-formes principales : PC, Unix et Mac. On ne parle plus alors de matériel, mais de système d'exploitation. Pendant de nombreuses années, la programmation a consisté à produire des applications dites client lourd sur PC. Puis l'arrivée des plates-formes Java et des applications trois tiers avec client léger web a aidé à s'affranchir progressivement de ces déclinaisons de programme multiples. Depuis cinq ans, grâce aux développements du web et du RIA (Rich Internet Application), on peut se passer totalement du client lourd.Cet historique rapide met en perspective l'évolution parallèle de la téléphonie mobile. On revit aujourd'hui la simplification et la réduction du nombre de plates-formes, avec le passage du matériel ? renouvellement ultrarapide de produits Motorola, Samsung, Nokia, etc. ? au système d'exploitation ? Windows Mobile, Apple iOS, Google Android, etc. Miser sur le client lourd mobile semble donc un choix difficile, et sans doute éphémère.Par contre, les applications web mobiles apparaissent, elles, comme une solution. En concevant des pages et des styles web adaptés à la taille et aux normes des écrans de smartphones, elles aident à créer le design spécifique aux mobiles, l'interface web reprenant les contrôles standards de l'iPhone (navigation sur un bandeau haut, action en bas, contenu au milieu, etc.). Mieux, les API Javascript (interfaces de programmation) des navigateurs mobiles autorisent l'accès à certains capteurs de ces plates-formes : localisation GPS, accéléromètres pour détecter l'orientation, etc.Un portage plus simple que pour le web traditionnel
En fait, nous bénéficions d'une situation assez exceptionnelle, car l'ensemble des smartphones utilise désormais des navigateurs reposant sur la même couche de rendu et d'exécution webkit. Ainsi, au-delà des API spécifiques nécessaires pour accéder au matériel, le portage d'une application web mobile d'une plate-forme à une autre devient presque plus simple que quand il s'agit d'applications web desktop. En effet, dans ce dernier cas de figure, il faut parfois gérer de nombreuses générations de navigateurs hétéroclites.Si l'on tient compte du support en plein croissance de HTML 5, du moteur webkit, ainsi que des avancées considérables que ce format représente, sans oublier bien sûr les efforts des éditeurs pour porter le moteur Flash-Flex sur toutes les plates-formes mobiles, il apparaît préférable d'investir dès à présent sur des applications web mobiles. Même si Apple a bouleversé le marché avec ce qu'il faut bien appeler une technologie de rupture, et que les autres acteurs n'entendent pas baisser les bras, tous ne sortiront pas leur épingle du jeu, et certaines infrastructures sont appelées à disparaître à plus ou moins long terme. L'histoire se répète, et de plus en plus vite. Le temps des clients lourds pour mobiles est donc déjà compté.
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