Le supercalcul suggère un rebond économique du Japon

L'arrivée d'un supercalculateur japonais en tête du Top 500 pourrait signifier le retour du pays du Soleil-Levant au second rang de l'économie mondiale.
Le grand vainqueur du dernier palmarès semestriel des supercalculateurs, le Top 500, est l’ordinateur japonais K-Computer. Mis au point par Fujitsu pour le compte de l’Institut avancé des sciences du traitement de l’information de Riken (AICS), ce plus puissant ordinateur de la planète atteint 8 pétaflops, soit 800 millions de milliards d’opérations mathématiques par seconde. Il est de fait aussi puissant que ses six plus proches challengers réunis. Et il consomme en tout 2,5 fois moins d’énergie.
Au-delà de la performance technique, l’arrivée du K-Computer replace surtout le Japon au second rang des puissances de calcul mondiales, à la barbe de la Chine qui était parvenue à occuper cette place l’année dernière.
Cela pourrait signifier que le Japon est en passe de redevenir la seconde puissance économique mondiale, une place que le pays du Soleil-Levant a perdue au profit de la Chine en 2010. C’est en tout cas le raisonnement que mènent certains analystes, dont Steve Conway, d’IDC, qui estiment que la puissance de calcul est intimement liée à la puissance économique.
Un avis que rejoint Robert Morton, un expert du cabinet Tableau, qui avait publié une étude comparative similaire lorsque la Chine était devenue le numéro deux du supercalcul.
Des situations technologiques et économiques qui correspondent
Selon Steve Conway, « les capacités de supercalcul d’un état sont proportionnelles à la compétitivité des entreprises de cet état. Parce qu’elles augmentent la population locale d’ingénieurs, d’une part, et parce que les applications du supercalcul servent à l’industrie nationale, d’autre part. » Il rapproche notamment la période de récession au Japon avec la difficulté qu’ont connue simultanément ses constructeurs à abandonner les architectures vectorielles pour fabriquer de nouveaux supercalculateurs.
Dans le même ordre d’idées, il voit un rapport entre l’éclatement territorial des SSII indiennes – individuellement performantes mais sans pouvoir collectif – et la répartition des centres de calculs indiens, de taille modeste, car pensés pour servir des intérêts politiques régionaux mais pas nationaux.
Lorsqu’il était encore seconde puissance économique mondiale, le Japon détenait aussi la seconde puissance de calcul au monde, notamment avec sa machine Earth Simulator à partir de 2002. Puis, ses capacités en supercalcul ont progressivement perdu des points, à partir de 2004, face aux infrastructures américaines. Puis face aux Chinois en 2010.
Les 15 premières puissances de calcul dans le monde
Puissance cumulée | Pays | Nb de supercalculateurs | Meilleur supercalculateur |
---|---|---|---|
25,3 PFlops | USA | 256 | 1,8 Pflops |
11,2 Pflops | Japon | 26 | 8,2 Pflops |
7,2 Pflops | Chine | 62 | 2,6 Pflops |
3,2 Pflops | Allemagne | 30 | 0,8 Pflops |
3,2 Pflops | France | 25 | 1 Pflops |
1,9 Pflops | Royaume-Uni | 27 | 0,3 Pflops |
1,3 Pflops | Russie | 12 | 0,7 Pflops |
0,9 Pflops | Corée du Sud | 3 | 0,3 Pflops |
0,6 Pflops | Canada | 8 | 0,2 Pflops |
0,5 Pflops | Suède | 5 | 0,2 Pflops |
0,5 Pflops | Italie | 5 | 0,1 Pflops |
0,4 Pflops | Australie | 6 | 0,1 Pflops |
0,4 Pflops | Arabie Saoudite | 4 | 0,2 Pflops |
0,3 Pflops | Suisse | 4 | 0,2 Pflops |
0,3 Pflops | Pologne | 4 | 0,1 Pflops |
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