Le vent de la révolution de jasmin souffle sur Solutions Linux

La Tunisie était à l'honneur cette année sur le salon phare du logiciel libre. Un pavillon y accueillait 11 SSII tunisiennes, dont une délégation a pu rencontrer Eric Besson.
Tout comme l’an dernier, la Tunisie était invitée sur le salon Solutions Linux au sein d’un pavillon qui lui était consacré. Seulement, en un an, beaucoup de choses ont changé. Et cette année, nombre des Tunisiens présents sur l’événement ont souhaité voir les relations avec la France évoluer.
A commencer par Khaled Ben Driss, de la SSII tunisienne Oxia, qui jetait un pavé dans la mare en début de semaine, accusant à mots à peine voilés la France de piller des ingénieurs à son seul profit. Syrine Tlili, chargée de l’unité des logiciels libres au sein du ministère de l’Industrie et de la Technologie tunisien, se veut plus diplomate : « La coopération existe déjà entre la France et la Tunisie mais le nearshore est devenue notre stratégie numéro un. C’est un bon moyen de créer des emplois, de développer l’égalité des chances et, donc, de calmer l’agitation sociale. »
Eric Besson a rencontré la délégation tunisienne

Evoquant la rencontre le 9 mai dernier entre Adel Gaaloul, secrétaire d’Etat aux Technologies du gouvernement tunisien, et Eric Besson, ministre de l’Industrie français, Syrine Tlili se veut optimiste : « De multiples propositions pour renforcer les partenariats entre les deux pays ont été abordées : il s’agit de stimuler la création d’emploi et les coopérations. Ainsi, les entreprises françaises vont avoir une meilleure visibilité via Ubifrance. De même, la Coface va chercher à rassurer les investisseurs souhaitant prendre pied en Tunisie. Nous avons dénoté une véritable volonté d’avancer auprès de nos interlocuteurs. » Ces pistes devraient déboucher sur la signature de véritables accords bilatéraux lors de la visite d’Eric Besson à Tunis, prévue pour le 4 juillet.
La révolution de jasmin, nouveau souffle pour le business ?

Si les SSLL (société de services en logiciels libres) reconnaissaient effectivement une fuite des informaticiens vers la France, Neziha Berzouga, membre de la Fipa (Foreign Investment Promotion Agency) venue chercher des investisseurs en France, y voit une opportunité : « Des Tunisiens installés en France sont rentrés suite à la révolution et occupent aujourd’hui des postes importants dans nos ministères ! La qualité de nos ingénieurs est reconnue et la révolution ne peut être que positive pour notre développement. » Mohamed Bouguacha, ingénieur d’affaires chez Cynapsys, SSII de 110 ingénieurs va dans ce sens : « La révolution a focalisé l’attention sur la Tunisie, c’est l’occasion pour nous de montrer que nous avons des compétences. »
Mohamed Tarak Mrabet, PDG de Systeo, présent sur Solutions Linux pour la première année mise plutôt sur une action sur le moyen et le long terme : « Nous sommes ici pour chercher des partenariats auprès d’éditeurs ou de SSII français afin de réaliser des développements. Nous semons les graines de notre développement futur. »
Beaucoup espèrent que la fin de la pratique généralisée des pots-de-vin en Tunisie incitera les investisseurs à revenir. Neziha Berzouga souligne que 3 000 entreprises étrangères sont déjà présentes en Tunisie, dont 1 300 françaises. La France reste le premier investisseur, client et fournisseur de la Tunisie.
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