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Implanté dans trois départements de l'Ouest de la France et en cours d'expérimentation sur plusieurs sites, le WiMAX assure par radio des connexions de 10 Mbit/s pour des coûts inférieurs à ceux d'une ligne spécialisée. Mais les équipements ne sont pas encore standardisés.
On la croyait morte avec la bulle télécoms, mais elle revient en force. La boucle locale radio vit une nouvelle jeunesse avec l'essor du WiMAX. Cet acronyme de Worldwide Interoperability for Microwave Access recouvre une technologie qui corrige les lacunes des équipements radio des années 2000. Ces derniers, toujours en activité, utilisent des fréquences de 26 GHz et imposent une vue directe entre la station de l'opérateur et le site destinataire. Le WiMAX évite la contrainte des lignes de vue grâce à ses faibles fréquences. Opérant dans des bandes de fréquences de 2 à 11 GHz, il se faufile partout et couvre, en théorie, des distances de 50 km. Si l'on en croit les fabricants d'équipements, les débits flirteraient avec les 70 Mbit/s, soit trente-cinq fois plus que des connexions ADSL classiques. Dans les faits, 20 Mbit/s restent la limite haute, les débits baissant selon la distance entre l'émetteur et le récepteur. À terme, des fabricants, dont Intel, pensent déjà à équiper les PC portables de puces WiMAX afin d'accéder à un réseau en tout point du territoire.Cette Formule 1 du sans-fil redonne de l'appétit aux opérateurs télécoms qui y voient l'occasion de prendre des parts du gâteau à France Télécom et de s'implanter dans des zones peu desservies. Pour le moment, seul Altitude Telecom, opérateur alternatif rescapé des années Internet, dispose d'une licence de l'ART l'autorisant à fournir des connexions dites de préWiMAX (faute d'un standard d'interopérabilité) à la région ouest, l'Orne, la Vendée et le Calvados. Les nouveaux entrants vont tenter de se faire une place face à l'omniprésence de France Télécom, à l'image d'ADW Net-work. Cette société d'ingénierie, spécialisée dans les réseaux sans fil, bénéficie d'une licence temporaire accordée par l'ART. Elle a mis en place, depuis le mois de février, une connexion préWiMAX expérimentale à Albertville en Savoie.
L'utilisation : desservir les sites distants
Selon Gaétan Pavageau, responsable informatique du groupe Petitgas, le choix du WiMAX s'est rapidement imposé. Cette société agroalimentaire vendéenne devait relier le siège d'Apremont à plusieurs sites distants par des lignes spécialisées Transfix, les accès Internet passant par de simples modems 56 kbit/s ou des lignes RNIS à 128 kbit/s. ' Les lignes spécialisées et les connexions Numéris nous revenaient très cher, se souvient Gaétan Pavageau. Nos sites étaient, en outre, non éligibles à l'ADSL. Nous avons décidé d'essayer une liaison WiMAX entre le siège et les deux bâtiments les plus excentrés. Lancé au mois de décembre, l'ensemble a été opérationnel dès le mois de février sans rencontrer de problème technique '. La problématique d'Unica est similaire. Cette société héberge l'infrastructure informatique des centres Urssaf des régions Normandie-Centre desservis par le réseau local d'Unica. ' Nous gérons dix-sept sites, dont cinq à plus de 300 km du siège. Les Urssaf d'Alençon, du Havre et de Rouen sont reliés en WiMAX. Nous avons choisi cette technologie pour le coût et la qualité de service associée, explique Jérôme Mercier, responsable systèmes et réseaux d'Unica. Nous hébergeons les applications métier transactionnelles ainsi que les accès à Internet. Notre lien principal consiste en une connexion BLR de 26 GHz à 10 Mbit/s fournie par Altitude Telecom. Nous consolidons tous les flux qui y transitent pour les redistribuer à nos Urssaf adhérentes '. Chez Soget, au Havre, le WiMAX donne accès à Ademar, l'application chargée de régler les mouvements de navires du port. Cette société fournit à ses clients (transitaires, agence des douanes, agents maritimes...), des connexions au logiciel par ADSL, Numéris et WiMAX. ' Ce dernier concerne environ une centaine de clients, dont le plus éloigné se trouve à quinze kilomètres de notre siège, explique Arnaud Laurant, responsable services réseaux et télécoms de Soget. Le WiMAX nous offre des débits de l'ordre de 192 kbit/s et nous pouvons pousser jusqu'à 1 ou 2 Mbit/s. Les accès Ademar ne demandent que peu de bande passante, mais au mois de juin, nous allons remplacer Ademar par AP+, une application web qui exigera des débits plus importants. ' Les services d'Albertville affichent, pour leur part, une problématique similaire. Les services de la ville sont disséminés sur quatorze sites distants. Pour les relier, plusieurs technologies sont employées : fibre optique, liaisons spécialisées, Wi-Fi, RNIS. Le Wi-MAX est pressenti pour remplacer certaines de ces liaisons onéreuses ou peu rapides.
La mise en ?"uvre : l'opérateur prend tout en charge
La mise en ?"uvre d'un réseau WiMAX ne semble guère poser de problèmes. En ce qui concerne la société Petitgas, un prestataire d'Altitude Telecom s'est déplacé pour installer une antenne WiMAX au siège et dans chacun des sites locaux. ' L'installateur a ensuite relié l'antenne à notre routeur par l'intermédiaire d'un transformateur à l'aide d'un câble Ethernet. Le prestataire a également configuré le routeur pour assurer la meilleure sécurité possible ', explique Gaétan Pavageau. Même son de cloche chez ViewOnTV, l'une des rares sociétés parisiennes à exploiter le WiMAX. La configuration des connexions est un modèle du genre. ' Nous diffusons en streaming vidéo des événements de type assemblées générales de sociétés ou lancements de nouveaux produits, précise Arnaud Barbier, directeur de production. Il nous suffit de faire une demande deux semaines à l'avance à Altitude Telecom, contre trois pour France Télécom, pour disposer d'une infrastructure WiMAX sur le lieu de l'événement, dont la localisation peut aller jusqu'à soixante-dix kilomètres grâce à des antennes relais '. Autre avantage, la technologie Windows Media utilisée par ViewOnTV réclame des adresses IP fixes temporaires. ' Avant l'arrivée d'Altitude, seul France Télécom nous proposait ce service, se souvient Arnaud Barbier. Nous disposons grâce à eux d'une alternative qui est la bienvenue '. Jérôme Mercier, quand à lui, apprécie le côté réactif de l'opérateur normand. ' Les déploiements sont extrêmement rapides. Altitude a cartographié toute la région avec les endroits accessibles en WiMAX. Si vous passez commande d'une installation le lundi, tout est installé le jeudi. Il faut six semaines pour ouvrir une ligne SDSL chez France Télécom. Altitude est très présent, c'est l'avantage d'avoir un opérateur régional '. La sécurité n'est pas oubliée. Si la majorité des entreprises équipées assurent elles-mêmes la sécurité de leur réseau, certaines comme Petitgas utilisent les services hébergés par l'opérateur. ' Altitude nous fournit un coupe-feu, un antivirus et un antipourriel ', précise Gaétan Pavageau.
Les gains : des coûts financiers réduits
Les liaisons offertes par la technologie WiMAX se révèlent suffisantes pour la majorité des applications. 500 kbit/s, voire 1 Mbit/s, suffisent même à des applications transactionnelles, comme celles des Urssaf. ' Le WiMAX nous assure des temps de réponse très rapides, souligne Jérôme Mercier. Notre débit atteint 500 kbit/s. Nous allons peut-être évoluer vers 1 Mbit/s '. Autre avantage, non négligeable pour des usages professionnels, la technologie sans fil procure des accès symétriques. ' Les données provenant des accès Ademar transitent de notre siège vers nos clients, souligne Arnaud Laurant, de Soget. Cependant, nous faisons également office de fournisseur Internet. Dans ce cas, les débits montants peuvent être quelquefois importants '. De son côté, Gaétan Pavageau a mis en place des connexions RPV sur WiMAX, ce qu'il n'arrivait pas à faire avec les faibles débits Numéris (516 kbit/s). Il avoue n'avoir rencontré aucun obstacle particulier. ' On ne peut que conseiller le WiMAX pour des bâtiments isolés des réseaux ADSL. En cas de cohabitation des deux systèmes, le mieux est de faire jouer la concurrence '. Dernier avantage, le WiMAX bénéficie d'une offre de qualité de service. ' Nous allons bientôt mettre en ?"uvre le service de QOS de classe Or d'Altitude Telecom, pour disposer d'un service de voix sur IP, précise Jérôme Mercier d'Unica. Ce système sera capable de traiter jusqu'à cinq flux différents. ' Enfin, les prix des connexions restent raisonnables lorsqu'on les compare à ceux de France Télécom. Comme en témoigne David Naze, responsable de la mise en ?"uvre des projets informatiques chez Amelis, une union de deux coopératives d'insémination artificielle pour bovins de la région de Caen : ' Le siège administratif d'Amelis est hors de la couverture des réseaux ADSL. Il nous aurait fallu passer par une ligne spécialisée, trop coûteuse, et j'ai choisi le WiMAX. Notre site de Mayenne utilise, pour sa part, une liaison Turbo DSL à débit garanti. Il est 50 % plus cher que notre liaison WiMAX, facturée 160,65 euros par mois à laquelle s'ajoute la location du routeur (environ 46 euros) ! De plus, le débit maximal en émission du Turbo DSL est quatre fois inférieur à celui du site en WiMAX '. Arnaud Laurant, de Soget, est encore plus direct : ' Le fait de rester avec France Télécom faisait exploser le budget télécoms. Le prix des connexions fait partie de la facture globale que nous proposons à nos clients et le WiMAX nous permet de proposer des tarifs abordables. ' constat chez Arnaud Barbier, ' la baisse des prix provoquée par le WiMAX nous permet de rester compétitifs '. Quand à Gaétan Pavageau, il a réduit sa facture téléphonique de 30 % en un an.
Les écueils : les certifications manquent
L'univers WiMAX n'est cependant pas tout rose. Même si plusieurs constructeurs tels l'israélien Alvarion ou l'américain Aperto Networks proposent des équipements opérationnels, les déploiements à grande échelle sont encore à éviter. Aucun matériel n'a été ni testé, ni certifié par le forum WiMAX.Les tests qui devaient commencer au début de cette année sont repoussés à cet été. Attention également à la fiabilité de certains matériels. Ceux-ci peuvent être difficiles à remplacer car ils sont commandés directement à l'étranger. Ainsi, Laurent Perruche, responsable du secteur NTIC d'Albertville, expérimente actuellement le WiMAX : ' L'un de nos boîtiers a grillé et nous avons dû en commander un autre aux États-Unis. Cela prend du temps et stoppe nos essais '. Ces bugs de jeunesse ne semblent pas concerner les utilisateurs sur le terrain. Arnaud Laurant souligne la fiabilité de la technologie. ' Nous n'avons pas eu de problèmes majeurs. Le système est très fiable. Heureusement, en cas de déconnexion prolongée, le port peut se bloquer rapidement '. Pour lui, le WiMAX représente une véritable évolution par rapport à l'ancien système basé sur les fréquences de 26 GHz. ' Les liaisons pouvaient être perturbées par la pluie ou par le passage des navires '. Même son de cloche du côté de David Naze : ' Nous craignions une forte sensibilité du WiMAX à certaines conditions météo, comme c'était le cas, semble-t-il, avec la première technologie de boucle locale. En fait, la fréquence de 3,5 GHz s'est révélée très stable. '
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