' Le ''zéro prestation'', solution miracle pour sortir de la crise ? '

La période de crise que nous connaissons actuellement touche durement les consultants freelance. On peut en effet regretter la stratégie des grandes compagnies ?" en particulier dans le domaine des télécoms ?", qui, touchées
par la crise, réduisent de façon brutale leurs investissements plutôt que de chercher à rationaliser leurs processus et structures existants. Conséquence : les entreprises ne font plus appel aux consultants indépendants pour les missions de conseil.
Les dettes énormes des opérateurs de télécommunications et les grossières erreurs de marketing ?" attribuées trop facilement à la bulle internet ?" les ont conduits à se recentrer sur les ressources internes et à remettre les grands
projets à plus tard.Toutefois, l'application sans discernement de telles règles énoncées au plus haut niveau de la hiérarchie pose de nouveaux problèmes : la fuite du savoir-faire et des compétences. En effet, ces organismes recourent dans de fortes
proportions ?" jusqu'à 60 % ?" aux SSII, tant pour le développement que pour l'assistance à la maîtrise d'ouvrage ou le conseil. Du coup, leurs cadres se cantonnent à des fonctions de suivi et d'encadrement. Et chez un même opérateur, un
consultant aura sans doute tenu deux à trois fois plus de postes différents qu'un cadre interne, acquérant ainsi des compétences multiples supérieures à celles de son encadrement. Les questions de coût sont mal posées.Un exemple : un dysfonctionnement grave dans la facturation de clients majeurs ?" erreurs sur les montants facturés, difficultés de globalisation par lots, etc. ?" nécessite un audit de tout le processus. Un consultant rompu
aux divers produits et modes de facturation maison est capable d'auditer la chaîne en une trentaine de jours et de proposer des solutions d'aménagement, avec un ROI quasi immédiat. Désormais contraint d'appliquer la règle " zéro
prestation ", il faudra donc se tourner vers l'audit interne, composé, le plus souvent, de contrôleurs de gestion. L'opération prendra d'abord quelques mois avant que l'on trouve l'auditeur interne disponible ?" c'est
justement en période de difficultés financières que les contrôleurs de gestion sont le plus sollicités. Ensuite, cette personne, peu au fait des processus fonctionnels, passera sans doute du temps à intégrer toute la chaîne. L'opération risque donc
de durer environ six mois, et elle aura coûté environ cinq fois plus. Avec le risque marketing de perdre le client.Autre exemple : il s'agit, cette fois, d'une perte de chiffre d'affaires par défaut de taxation. L'organisation par métiers ne permet pas un point de vue global sur le processus " from the call to the bill
". En revanche, un consultant non rattaché fonctionnellement à une hiérarchie, mais pouvant s'appuyer sur ses experts, et en utilisant ses propres méthodes d'analyse et de modélisation, saura proposer des solutions simples, dont
l'investissement sera très inférieur à la perte de chiffre d'affaires relevée en un mois. Soit, là encore, un retour sur investissement quasi immédiat.La gestion des connaissances, des savoir-faire, et loptimisation du temps et des processus semblent encore des démarches de laboratoire face aux sempiternelles dichotomies " avancer/arrêter ",
" investir/désinvestir ", " fusionner/éclater ", " embaucher/licencier ", dont la Bourse est à la fois le reflet et, hélas, une (mauvaise)
partie du moteur.
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