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Le rachat de Business Objects par SAP est symbolique : il marque la quasi-disparition des généralistes du décisionnel. La BI est vouée à se fondre dans les applications.
Cognos, Information Builders, Microstrategy, SAS... Voilà le dernier carré des grands acteurs généralistes de la BI. Les autres ont disparu en quelques mois. Soit repris par un ' confrère ' (Cartesis par BO, Applix par Cognos). Soit engloutis par les deux géants des progiciels : Oracle et SAP (qui ont respectivement croqué Hyperion et Outlook Soft). Aujourd'hui, l'éditeur allemand accentue cette dernière tendance en rachetant un symbole : Business Objects. Un symbole parce que le Franco-américain est l'un des premiers éditeurs à avoir poussé le concept d'une BI étendue aux opérationnels et à avoir posé les bases d'une plate-forme décisionnelle unique, multiservice (intégration, requête ad hoc, reporting de masse, analyse, planification...).Le mot d'ordre de ce rachat : placer la BI au service de l'opérationnel. L'idée n'est pas neuve. C'est même le v?"u pieux du décisionnel... Mais elle n'a jamais eu autant l'occasion de se concrétiser. Surtout depuis le rachat par Oracle de Hyperion. Le géant américain entend fondre la BI dans son middleware Fusion. Ce qui revient notamment à la saucissonner en services exposables depuis son bus d'entreprise. Objectif : réajuster au fil de l'eau les processus d'entreprise en fonction de données décisionnelles, les plus fraîches possibles. Ce cercle vertueux, SAP l'a lui aussi toujours défendu, et poussé. Seulement, jusqu'à présent, la BI de l'Allemand restait quasiment indissociable de ses applications, et donc de ses sources de données. Historiquement, il ne la concevait que comme une extension de ses applications. Pour preuve, ses licences décisionnelles ne peuvent s'obtenir sans disposer au préalable de son infrastructure (Netweaver notamment).Depuis quelques mois, l'éditeur a cependant commencé à s'ouvrir à des technologies externes via deux timides rachats. Celui en février dernier de Pilot Software (affichage de tableaux de bord), et plus récemment d'Outlook Soft, spécialiste en élaboration et consolidation budgétaire. Mais c'est véritablement avec BO qu'il franchit le pas et rompt avec sa traditionnelle croissance organique.Le Franco-américain lui apporte une plate-forme hétérogène ainsi que 42 000 clients (dont 40 % équipés de SAP, et 50 % situés aux Etats-Unis). Les deux nouveaux mariés ont donné peu de détails sur les futures intégrations techniques. ' Nous devons résoudre une tension engendrée par une double volonté des entreprises, d'une part, à disposer d'outils décisionnels indépendants et, d'autre part, à les aligner de mieux en mieux sur les applications ', explique Bernard Liautaud, chargé de la stratégie de BO.
Une concurrence frontale de BO avec Microsoft
Mais au-delà de l'intégration, c'est semble-t-il la logique commerciale qui prévaut : ' La synergie que nous créerons avec BO concerne surtout la croissance ', explique Leo Apotheker, président délégué de SAP. L'éditeur entend prendre la part du lion d'un marché (applications, décisionnel, gestion de la performance) qu'il estime à 75 milliards de dollars à l'horizon 2010. L'accent sera donc mis sur les 60 % de clients non équipés en SAP.Quant à Business Objects, ' ce mariage lui garantit une pérennité à long terme ', poursuit Leo Apotheker. Et de pérennité, il en avait besoin. Sa situation devenait à lointaine échéance difficilement tenable. Ses revenus sont au beau fixe (+20 % par trimestre en moyenne), mais ses parts de marché tendent à reculer légèrement. L'icône de la BI allait se retrouver coincée entre deux géants de l'infrastructure : Oracle bien sûr, et Microsoft qui le concurrence désormais sur tous les fronts. Depuis deux ans, Microsoft s'appuie sur SQL 2005 pour le stockage et l'analyse multidimensionnelle. L'éditeur rajoute aujourd'hui avec Performance Point une couche de restitution et un outil de planification exploitant le frontal Excel. BO aurait-il pu poursuivre son chemin seul ? Le rachat d'Hyperion (soufflé par Oracle) l'aurait en tout cas aidé en lui ouvrant les portes des directeurs financiers anglo-saxons.L'offre de BO sera portée par une entité indépendante de la plate-forme SAP qui, par ailleurs, regroupera les produits de Virsa (gestion des risques) et d'Outlook Soft. Pour autant, BO n'est pas à l'abri ' d'un passage à la moulinette par SAP ', explique Yves Cointrelle, directeur associé d'Homsys. Qui ajoute : ' Un tel risque dépendra des priorités de SAP. Soit l'éditeur ne verra en BO qu'une opportunité pour vendre plus d'applications, soit, et c'est préférable pour le développement de BO, l'offre de ce dernier sera positionnée indépendamment du PGI de SAP. 'Le paysage du décisionnel s'articulera donc autour des trois grands ténors des applications : SAP, Oracle et Microsoft. Quid alors des rescapés ? SAS et Information Builders n'étant pas cotés en bourse, ils restent maîtres de leur destin. Mais Microstrategy ou Cognos ? Certains voient déjà le Canadien racheté par IBM, voire par HP. D'autres au contraire considèrent qu'il pourra faire valoir sa neutralité. ' Malgré ce découpage, il reste pourtant une place pour de nouveaux entrants. Mais avec un nouveau modèle de développement, projette Jean-Michel Franco de Business et Décisions. Comme l'open source ou le service en ligne de logiciels. 'redaction@01informatique.presse.fr
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