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Syntec Informatique a présenté devant un parterre de plus de 400 participants le plan Croissance éditeurs, élaboré avec les pouvoirs publics. Il favorise la croissance des éditeurs français de logiciels.
Le développement logiciel est un art, dit-on souvent. Le 8e peut-être. Comme le 7e art, le cinéma, l'édition logicielle va-t-elle bénéficier d'une exception ? Pas culturelle cette fois,
mais industrielle. A en juger par l'annonce du programme Croissance éditeurs, de Syntec Informatique, présenté le 6 juin dernier devant plus de 400 participants, il semblerait qu'elle en prenne le chemin. Ce plan d'actions n'a d'autre objectif
que de favoriser la croissance des éditeurs de logiciels français. Il a été structuré en concertation avec les pouvoirs publics, qui ' se sont emparés du sujet ', se réjouit Jean-Pierre Brulard,
président du comité des éditeurs de Syntec Informatique et directeur général France de Business Objects. Le plan a été annoncé en présence de Renaud Dutreil, ministre des PME, qui découvre dans cette industrie ' un secteur clé
par sa taille '. Une industrie dont ' le développement est fondamental dans notre pays, relaie Jean Mounet, président de Syntec. Car 80 % du différentiel de croissance annuelle
entre les Etats-Unis et la France ?" estimé de 1,5 à 2 points ?" sont dus aux TIC. 'Tous parlent sans hésiter du dynamisme de ce secteur. En s'appuyant sur ce qui fait figure d'une première en France, un document baptisé ' Cartographie éclairante des éditeurs de logiciels
français ', commandé par le ministère des PME et Syntec Informatique auprès de deux cabinets d'étude, IDC et CXP. Environ 2 500 éditeurs en France y sont recensés, dont le chiffre d'affaires cumulé atteint 7,2 milliards
d'euros et l'effectif total 68 000 personnes. La moitié d'entre eux ont enregistré en 2005 une croissance comprise entre 20 et 50 %. Reste que ce dynamisme ne doit occulter ni l'étroitesse du marché français, ni sa fragilité, ni son
incapacité chronique à faire émerger des champions à l'échelle mondiale. Un statut que seules quelques rares exceptions, Dassault Systèmes ou Business Objects, peuvent revendiquer. ' Le nombre d'éditeurs dépassant les 10
millions d'euros de chiffre d'affaires est inférieur à 100, déplore Jean Mounet. Nous voulons, comme Renaud Dutreil, protéger les " gazelles " de notre industrie, vulnérables aux prédateurs, et en trouver
d'autres. '
Un plan en direction des PME
L'étude d'IDC et de CXP a identifié 152 gazelles. Le programme pluriannuel d'actions de Syntec Informatique, officiellement nommé Plan Syntec Logiciel 2006-2008, devrait donc susciter un intérêt immédiat pour elles. Parmi les mesures
phares du plan, le pacte PME tient une large place. Ce dispositif, élaboré par le Comité Richelieu en partenariat avec Oséo Anvar, a pour vocation de faciliter l'accès des petites entreprises françaises aux grands comptes publics et privés.
Fortement pénalisés par les nouvelles politiques de référencement des grandes entreprises et la lourdeur du code des marchés publics, les PME du logiciel se sont retrouvées, de fait, directement concernées. Signé le 11 mai dernier par Syntec
Informatique et le Cigref, le pacte PME entérine donc l'entrée des technologies de l'information dans ce dispositif ouvert à toutes les filières économiques. Cela signifie que les 230 éditeurs membres du syndicat professionnel (46 % des
adhérents) accéderont aux outils du Pacte (sur
www.pactepme.org).L'initiative du Comité Richelieu tient de la ' mobilisation positive ' et de l'acte volontaire et n'impose aucune contrainte d'achats. Pour aller plus loin, Syntec Informatique, avec
l'appui de Thierry Breton impliqué dans cette démarche, souhaite aboutir à une transposition européenne et française du Small Business Act américain. Celui-ci a été mis en place en 1953 et réserve de 20 à 40 % des commandes publiques aux PME
américaines. Cette annonce a provoqué l'excitation des nombreux éditeurs présents dans l'auditoire le 6 juin. Pourtant, certains observateurs sont plus mesurés : ' Je crois peu à des relations contraintes,
affirme Jean-Michel Yolin, président de la section Innovation et Développement des entreprises, au Minefi. Dans le passé, elles ont été très fortement utilisées pour faire émerger un grand constructeur mondial, Bull... Et on voit avec
le recul ce qu'en fut le résultat. ' Sans compter que la Grande-Bretagne est contre cette transposition, qui sous-entend modifier les règles de concurrence de l'OMC (Organisation mondiale du commerce).
De l'importance des commerciaux
Autre axe fort du plan Syntec : l'accent mis sur le développement du capital humain et en particulier sur la formation de commerciaux. Le rapport d'IDC et de CXP souligne la difficulté des éditeurs français à trouver ce type de
profils pourtant essentiels au développement d'une PME. L'association Pasc@line, dont la vocation est de mettre en relation les membres du Syntec avec les écoles d'ingénieur de groupe 1 pour former des ingénieurs en adéquation avec les attentes du
marché, va être étendue aux écoles de commerce et de management (HEC, Insead...). La chambre syndicale entend aussi valoriser l'apprentissage pour les bac+2, bac+3, et pas uniquement pour les techniciens, mais aussi pour les
commerciaux.Syntec va également s'attacher à l'évolution du métier de développeur. L'industrialisation de la R&D oblige au recrutement de profils bien spécifiques : ingénieur qualiticien, de test, product manager.
' Les " product managers " s'intercalent entre la R&D et la direction marketing et commerciale, explique Jean-Pierre Brulard. Ce poste important, présent chez les éditeurs
américains, est quasiment absent en France. ' A ce titre, la chambre professionnelle va s'employer à assouplir le recrutement des meilleurs profils étrangers, et à favoriser le retour des Français partis à l'étranger. Piste
envisagée : exonérer de toute fiscalité les stock-options du cerveau rentré au bercail.Les dispositions du Plan Syntec Logiciel sont nombreuses et seront soumises à des indicateurs d'efficacité. Jean-Pierre Brulard l'a promis. Il donne rendez-vous à ses membres en juin 2007 pour dresser un premier bilan et mesurer les
retombées de l'ensemble des actions. Pari engagé.s.parpinelli@01informatique.presse.fr