L'effort portera sur les étapes amont et aval de la programmation
Jacques Printz est titulaire de la chaire de génie logiciel et président du département Sciences et technologies de l'information et de la communication du Cnam. Il évoque l'avenir des formations.
01 Informatique : Quelles sont les lacunes de l'offre de formation continue courte à la conception et au développement ?
Jacques Printz : J'ai discuté récemment avec des responsables de SSII. Pour intervenir en entreprise, ils ont des besoins massifs de formation en management de projet, spécification, architecture, intégration, test, exploitation... En fait, tout ce qui encadre le développement proprement dit. Ainsi, il existe peu d'offres de formation à la gestion de configuration. L'étude ' Chaos Chronicles ' du Standish Group, qui analyse les difficultés dans les projets, met en avant des problèmes de fond, comme l'expression des besoins ou l'estimation du projet.
Des mécanismes tels que les enchères inversées ne vont pas dans le sens de la qualité. Surtout, on assiste à une mutation profonde de l'informatique en raison des problèmes de délocalisation du développement à l'étranger. Je suis frappé par le fait que de nombreux organismes de formation suivent la mode. Or, elle est à dissocier des vrais besoins des entreprises.
Par exemple, il existe bien une offre d'urbanisation. Mais pour quoi faire ? Pour quels projets ? En regardant UML, on s'aperçoit qu'il n'est pas taillé pour écrire des spécifications systèmes réalisées localement avec un développement à l'étranger. Pourtant, c'est un langage destiné aux concepteurs-développeurs en programmation objet. En outre, même en sous-traitant, la qualité de la programmation doit être surveillée.Justement, devrait-on renforcer la formation au contrôle et à l'assurance qualité ?
JP : Il faut continuer dans ce sens. Les formations à l'assurance qualité sont nécessaires, comme celles portant sur CMMI, qui est plutôt du management de l'assurance qualité. Les grandes SSII dispensent parfois en interne des cours qu'elles n'offrent pas à l'extérieur.Les méthodes agiles mériteraient-elles plus de visibilité ?
Les méthodes agiles sont une facette du management de projet. Elles sont salutaires, car elles recentrent le débat sur l'architecture, la programmation, les tests. On se précipite sur ces méthodes. Mais, elles ont leurs limites. D'abord, elles sont conçues pour des projets de huit à dix personnes au maximum. Ensuite, tous les participants doivent être des experts. Ce qui ne correspond pas à la réalité observée dans les projets, qui, pour des raisons de coûts, comptent de nombreux débutants.L'organisation des cours, la proportion des travaux pratiques, la qualification et l'expérience des formateurs devraient-elles évoluer ?
J'observe des confusions. Les organismes de formation assimilent former à UML et former à la conception. Ce dernier aspect présente des difficultés, comme enseigner l'architecture. Tout le monde parle de SOA [architecture orientée services, NDLR]. Présentement, les cours n'abordent pas les problèmes de fond. Cela peut conduire à des catastrophes (ce que le rapport ' Chaos Chronicles ', du Standish Group, qualifie de ' technical illetracy '). Ces formations doivent particulièrement se fonder sur des études de cas.
Je crois à cette approche pour les cursus courts. Elle permet de bien comprendre où sont les vraies questions, avec une véritable interactivité avec les formateurs. Or, c'est là qu'est le problème : dans les organismes de formation, ce ne sont pas des gens de terrain. On trouve bien de bons consultants dans les SSII qui diffusent des formations, mais ils sont sur des projets chez les clients. On devrait donc disposer d'une qualification des formations. Les entreprises sont à la recherche de formations sérieuses. Je suis sensible aux certifications professionnelles anglo-saxonnes, car on enregistre une demande de véritables compétences. C'est pourquoi, au Cnam, je mets en place une formation aux tests logiciels préparant à celle de l'ISTQB (International Software Testing Qualifications Board).
Par ailleurs, quand je compare l'informatique à d'autres domaines, j'observe des problèmes sociologiques dus à l'hétérogénéité des populations. Pour améliorer la formation, il faut partir des difficultés des projets, celles que repère le ' Chaos Chronicles ', prendre en compte lhétérogénéité culturelle, et travailler avec des structures de la profession, comme Syntec et encore le Cigref. De plus, les entreprises réclament des formations de deux à trois jours. Quand on propose des cursus de trente jours, il faut les découper en morceaux. Les gens sont si pressurés, si stressés...
Jacques Printz : J'ai discuté récemment avec des responsables de SSII. Pour intervenir en entreprise, ils ont des besoins massifs de formation en management de projet, spécification, architecture, intégration, test, exploitation... En fait, tout ce qui encadre le développement proprement dit. Ainsi, il existe peu d'offres de formation à la gestion de configuration. L'étude ' Chaos Chronicles ' du Standish Group, qui analyse les difficultés dans les projets, met en avant des problèmes de fond, comme l'expression des besoins ou l'estimation du projet.
Des mécanismes tels que les enchères inversées ne vont pas dans le sens de la qualité. Surtout, on assiste à une mutation profonde de l'informatique en raison des problèmes de délocalisation du développement à l'étranger. Je suis frappé par le fait que de nombreux organismes de formation suivent la mode. Or, elle est à dissocier des vrais besoins des entreprises.
Par exemple, il existe bien une offre d'urbanisation. Mais pour quoi faire ? Pour quels projets ? En regardant UML, on s'aperçoit qu'il n'est pas taillé pour écrire des spécifications systèmes réalisées localement avec un développement à l'étranger. Pourtant, c'est un langage destiné aux concepteurs-développeurs en programmation objet. En outre, même en sous-traitant, la qualité de la programmation doit être surveillée.Justement, devrait-on renforcer la formation au contrôle et à l'assurance qualité ?
JP : Il faut continuer dans ce sens. Les formations à l'assurance qualité sont nécessaires, comme celles portant sur CMMI, qui est plutôt du management de l'assurance qualité. Les grandes SSII dispensent parfois en interne des cours qu'elles n'offrent pas à l'extérieur.Les méthodes agiles mériteraient-elles plus de visibilité ?
Les méthodes agiles sont une facette du management de projet. Elles sont salutaires, car elles recentrent le débat sur l'architecture, la programmation, les tests. On se précipite sur ces méthodes. Mais, elles ont leurs limites. D'abord, elles sont conçues pour des projets de huit à dix personnes au maximum. Ensuite, tous les participants doivent être des experts. Ce qui ne correspond pas à la réalité observée dans les projets, qui, pour des raisons de coûts, comptent de nombreux débutants.L'organisation des cours, la proportion des travaux pratiques, la qualification et l'expérience des formateurs devraient-elles évoluer ?
J'observe des confusions. Les organismes de formation assimilent former à UML et former à la conception. Ce dernier aspect présente des difficultés, comme enseigner l'architecture. Tout le monde parle de SOA [architecture orientée services, NDLR]. Présentement, les cours n'abordent pas les problèmes de fond. Cela peut conduire à des catastrophes (ce que le rapport ' Chaos Chronicles ', du Standish Group, qualifie de ' technical illetracy '). Ces formations doivent particulièrement se fonder sur des études de cas.
Je crois à cette approche pour les cursus courts. Elle permet de bien comprendre où sont les vraies questions, avec une véritable interactivité avec les formateurs. Or, c'est là qu'est le problème : dans les organismes de formation, ce ne sont pas des gens de terrain. On trouve bien de bons consultants dans les SSII qui diffusent des formations, mais ils sont sur des projets chez les clients. On devrait donc disposer d'une qualification des formations. Les entreprises sont à la recherche de formations sérieuses. Je suis sensible aux certifications professionnelles anglo-saxonnes, car on enregistre une demande de véritables compétences. C'est pourquoi, au Cnam, je mets en place une formation aux tests logiciels préparant à celle de l'ISTQB (International Software Testing Qualifications Board).
Par ailleurs, quand je compare l'informatique à d'autres domaines, j'observe des problèmes sociologiques dus à l'hétérogénéité des populations. Pour améliorer la formation, il faut partir des difficultés des projets, celles que repère le ' Chaos Chronicles ', prendre en compte lhétérogénéité culturelle, et travailler avec des structures de la profession, comme Syntec et encore le Cigref. De plus, les entreprises réclament des formations de deux à trois jours. Quand on propose des cursus de trente jours, il faut les découper en morceaux. Les gens sont si pressurés, si stressés...
Votre opinion