Les 10 défis qui attendent le nouveau PDG de Microsoft

Le cabinet Forrester a listé les dix chantiers prioritaires qui attendent Satya Nadella sur le marché des entreprises. Le nouveau patron de Microsoft devra notamment parachever la transition vers le mobile et le cloud.
Une grande partie des salariés en entreprise travaillent sous Windows (que ce soit XP ou le tout dernier Windows 8) et manipulent des tableurs Excel ou des documents textes avec Word. Mais cette omniprésence de Microsoft dans les entreprises est attaquée de toutes parts à l’heure des smartphones et des services en ligne.
« Certains ont réduit leurs investissements dans les produits Microsoft, ce qui traduit leur incertitude quant à la capacité de Microsoft à les aider à investir le cloud », avancent Rob Koplowitz et John R. Rymer analystes chez Forrester dans le document « Quick Take : the 10 questions new Microsoft CEO Satya Nadella must Address ». Aucun doute, la tâche qui attend Satya Nadella est plus que complexe. Selon Rob Koplowitz et John Rymer, le troisième PDG de l’histoire de Microsoft devra répondre à ces dix questions pour assurer la survie de la société.
1. Devenir leader dans le mobile et le matériel
Le mobile est la principale menace du monopole de Microsoft dans les entreprises. La plupart des éditeurs de logiciels développent des applications pour iOS, le système d’exploitation d’Apple, et pour Android, celui de Google, mais pas pour Windows Phone. Pour émerger, Microsoft devrait non seulement courtiser les éditeurs de logiciel mais aussi les entreprises et les développeurs, en travaillant notamment sur la sécurité et la gestion des terminaux.
2. Ouvrir Office aux plateformes mobiles comme iOS et Android
Lors de la sortie d’Office 2013 en octobre 2012, l’éditeur avait laissé espérer des versions pour iOS et Android pour fin 2013… Elles n’ont toujours pas fait leur apparition. Ces deux OS sont pourtant omniprésents sur le marché. Microsoft devrait proposer une offre plus cohérente sur l’ensemble des terminaux.
3. Attirer de nouveaux clients dans le cloud
L’offre cloud de Microsoft a beau être un succès - Office 365 a rapporté 1,5 milliards de dollars l’année dernière -, les grands noms du web se nomment Amazon, Google, Salesforce voire DropBox. Pour se hisser au niveau de ces concurrents déjà bien implantés, Microsoft va devoir mettre le paquet sur les PME a très forte croissance et les marchés émergents. En s’inspirant par exemple du modèle de Yammer pour Office 365 : une offre gratuite pour attirer les clients vers l’offre payante.
4. Transformer Sharepoint en plateforme d’interactions avec les clients
Sharepoint, la plateforme collaborative de Microsoft, est pour l’instant très orientée vers les applications internes à l’entreprise en axant les fonctionnalités sur la gestion électronique de documents et la gestion des archives (records management). En revanche, elles n'est pas assez ouverte sur le web. L’outil manque aussi de fonctionnalités orientées marketing, DAM (gestion des actifs numériques) ainsi que pour la segmentation et le ciblage des clients. Sans parler du fait que la stratégie mobile de Sharepoint se limite aux terminaux Windows et aux navigateurs mobiles.
5. Accroître l'adoption de Windows 8 dans les entreprises
Il est temps de couper le cordon avec le passé. Maintenir deux modèles - l’un orienté mobile pour le grand public, l’autre plus traditionnel pour les entreprises - est trop complexe et perturbe les mises à jour de l'OS.
6. Accroitre l’adoption de ses services cloud dans les entreprises
Les outils fournis par Microsoft ont été pensés au départ pour des installations on-premise, autrement dit sur les serveurs internes des entreprises. Alors que les services concurrents comme Google ou Salesforce ont été nativement développés pour le cloud. Selon les deux analystes de Forrester, Microsoft devrait séparer Office 365 des versions on-premises des serveurs Exchange, Lync et Sharepoint et adopter une approche résolument cloud pour ses services en ligne.
7. Aider les entreprises à s'adapter au modèle du cloud
Microsoft est l’un des plus fervents partisans des architectures hybrides qui mélangent services dans le cloud et installés sur les serveurs de l’entreprise. Mais ces architectures sont difficiles, risquées et chères à mettre en place. Microsoft a tout intérêt à aider ses clients en leur fournissant de l’expertise et des outils pour gérer la sécurité, les canaux de distribution, etc. L’éditeur devrait aussi accélérer l’alignement des produits installés sur les serveurs on-premise avec Windows Azure, comme c’est déjà le cas avec Azure SQL Database.
8. Tirer les leçons de ses produits grand public
Contrairement à IBM, Oracle ou SAP, Microsoft possède une division grand public conséquente qui participe pour un peu moins de la moitié du chiffre d’affaires annuel de la société. Microsoft et ses partenaires auraient tout à gagner à tirer les leçons du succès de produits tels que la Xbox, Skype ou MSN.
9. Pousser la version Saas de son offre CRM, Microsoft Dynamics
Face à des concurrents comme Salesforce, Microsoft Dynamics a beau être une réussite dans le Saas, Microsoft va devoir améliorer les performances de l’outil notamment en termes de stablité et de scalabilité (dimensionnement).
10. Séparer les agendas d'Office et de Windows
Office est défavorisé par une stratégie qui met en avant le système d’exploitation mobile de l’éditeur avant ceux de ses concurrents. En séparant les agendas des deux divisions, les versions mobiles des applications Office verraient sans doute le jour plus rapidement. Microsoft doit faire le deuil de la suprématie de son système Windows et de sa volonté d’être un standard dans les entreprises. Travail déjà commencé avec Azure et sa vocation à être multi-OS, multi-technologies. Le géant omniprésent dans les organisations va devoir apprendre à partager.
[Vidéo] Quand Satya Nadella dévoilait sa vision du cloud (LeWeb, 10 décembre 2013)