Thomas Chejfec, DSI du groupe Aldes, va nous intéresser au Shadow IT(*) pendant trois semaines. Ce terme est souvent utilisé pour décrire des systèmes d'information et des solutions conçus et utilisés dans les entreprises sans l'approbation de l'organisation.Ces dix dernières années, les technologies pour les systèmes d'information en entreprise et chez les particuliers ont considérablement changé de visage. Cloud computing, BYOD (Bring Your Own Device) et effet de consumérisation ne font que mettre dans l'embarras les DSI qui n'ont pas su anticiper ces nouveaux phénomènes. Les technologies deviennent de plus en plus simples, y compris pour les directions métier, qui, il y a quelques années, n'auraient jamais eu les compétences pour déployer de telles solutions. Aujourd'hui, créer un réseau social d'entreprise ou constituer une base de données clients est à la portée de toutes les directions de l'entreprise. Autant de solutions qui favorisent l'autonomie des utilisateurs, et donc les manifestations du Shadow IT (ou applications clandestines).
Quand l'utilisateur court-circuite les fonctions de la DSI
Première d'entre elles, le phénomène de consumérisation recouvre la tendance croissante des technologies à émerger, d'abord, dans le grand public, avant d'être adoptées en entreprise. Pour l'utilisateur, cette progression technologique constitue une opportunité. Pour le DSI, c'est une problématique. Comment, en effet, expliquer à un collaborateur que l'accès internet à très haut débit qu'il possède à titre individuel est parfois supérieur à celui de l'entreprise dans laquelle il travaille ? C'est un premier pavé jeté dans la mare du DSI.Pour appuyer cet exemple, prenons le concept du BYOD, où l'employé utilise son terminal personnel à des fins professionnelles en le connectant au système d'information de l'entreprise. Cela n'est pas sans impact sur les DSI, car se posent des problématiques de pilotage des terminaux, d'ouverture du système d'information, et, plus généralement, de sécurité.Dans un cas comme dans l'autre, ce ne sont pas des manifestations directes du Shadow IT mais des situations qui mettent l'utilisateur dans une position de demandeur de technologies non prises en charge par une direction des systèmes d'information conventionnelle : “ Je souhaite disposer de plus de débit ”, “ je veux utiliser mon iPhone personnel ”. Jusqu'à présent, la DSI avait presque toujours le leadership des technologies informatiques dans l'entreprise. C'est en effet dans son ADN d'effectuer de la veille et de voir l'application qu'elle peut en faire pour servir au mieux la stratégie de l'entreprise. Or, dans ces cas, c'est l'utilisateur qui réalise cette veille, court-circuitant cette fonction traditionnellement dans le giron de la DSI, anticipant ainsi les tendances.Le concept du cloud computing, quant à lui, a définitivement ouvert les portes au Shadow IT. Les éditeurs ont simplifié leurs solutions afin de répondre aux besoins d'un maximum d'utilisateurs. Les offres en cloud, qui ne proposent souvent qu'une seule fonctionnalité, sont simples, intuitives et utilisables sans apprentissage. A l'image de Dropbox, de GMail, ou encore de Doodle. A travers un simple navigateur, l'utilisateur peut accéder à des milliers d'applications pour lesquelles la DSI n'a que la possibilité immédiate d'en bloquer l'accès, avec tous les impacts négatifs que cela engendre. En cas de blocage, le réflexe instinctif, naturel à chacun, consiste à se demander comment contourner cet obstacle et l'on se retrouve dans une situation manifeste de Shadow IT : l'utilisateur installe et utilise une solution non validée par l'organisation.Quand le “ pro ” et le “ perso ” ne font plus qu'un
Cependant, où va le sens de l'Histoire ? Aujourd'hui, nous évoluons de plus en plus en situation de collaboration. Le succès des portails collaboratifs, des réseaux sociaux d'entreprise et de leur pendant à titre individuel (tel Facebook et Linkedin), le pourcentage important des digital natives ? la fameuse génération Y (les jeunes âgés de 18 à 35 ans) ? au sein des entreprises, ainsi que la mobilité d'une manière générale, font que nos barrières personnelles et professionnelles tombent. Le “ pro ” et le “ perso ” se mélangent, pour ne former qu'un. Il serait illusoire, pour les DSI, de ne pas prendre en compte ce phénomène sociétal et de maintenir une offre de service uniquement professionnelle.(*) La semaine prochaine, Thomas Chejfec s'intéressera au Shadow IT et au rôle des DSI.
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