Les chercheurs désormais autorisés à exploiter les statistiques publiques
Un boîtier sécurisé autorise des chercheurs identifiés à accéder aux données de l'Insee
Historiquement, un chercheur n'avait pas le droit d'exploiter les données détaillées sur les individus issues des statistiques publiques (Insee, ministères…). Et ce, pour des raisons de confidentialité. La donne est cependant en train de changer. Un premier pas a été franchi en 2008, lorsque la loi de 1951, qui interdit à des tiers l'exploitation de ces données personnelles, a été révisée : une exception a été faite pour le monde de la recherche, pourvu que les analyses menées soient strictement encadrées.C'est dans ce contexte qu'est né, en 2009, le projet Centre d'accès sécurisé distant (CASD), mené par le Groupe des écoles nationales d'économie et statistique (Genes). Un projet qui vient de toucher les quatre millions d'euros du grand emprunt promis à la fin 2011, et qui, depuis deux ans, autorise une cinquantaine d'universités et d'écoles à sonder et à croiser les données de l'Insee. “ Avec cette nouvelle manne, les chercheurs affinent leurs investigations sur des thématiques telles que la répartition sur le territoire des revenus, de l'emploi ou encore des services aux personnes âgées ”, précise Kamel Gadouche, directeur du CASD.Ces analyses sont hautement sécurisées par le CASD. En l'occurrence par un boîtier qui, couplé à un système biométrique pour authentifier les chercheurs, offre à ces derniers un accès aux données de l'Insee stockées par le Genes. “ Ce matériel dédié interdit d'imprimer, de copier et, plus généralement, de récupérer des données de détail qui conduiraient à toute identification. Au final, les chercheurs récoltent le fruit de leurs investigations sous la forme d'un fichier, au préalable vérifié par nous, dont les données sont suffisamment agrégées pour préserver l'anonymat ”, poursuit-il. En ouvrant ainsi ses statistiques publiques à la recherche, la France rattrape son retard sur les Etats-Unis, le Royaume-Uni, les pays scandinaves ou les Pays-Bas. Surtout, “ elle répond au code de la bonne pratique statistique européenne qui pousse au déploiement de centres d'accès sécurisé pour les chercheurs ”. Enfin, ce dispositif devrait apaiser la frustration de nombreux scientifiques jusqu'alors coupés des données de l'Insee.
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