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Les 36 565 communes ont toutes besoin de compétences en informatique. Elles offrent des opportunités d'emploi intéressantes pour les jeunes diplômés et les bacs + 2.
' Il y a en permanence un à deux postes à pouvoir dans les directions informatiques des grandes collectivités ', constate Bernard Méliet, directeur du pôle collectivités territoriales du
cabinet de conseils Mazars. Les villes de plus de 60 000 habitants, les départements, les régions multiplient les chantiers informatiques. Dans le cadre de l'Administration électronique, elles déploient de nouveaux services en ligne, destinés
aux citoyens et aux entreprises. Elles doivent aussi s'adapter à la dématérialisation des échanges avec l'Etat et les autres administrations. Mais les collectivités informatisent également leurs opérations courantes. Et là encore, la tâche est
énorme. ' Dans la fonction publique territoriale, on recense plus de 250 métiers qui ont besoin ou vont avoir besoin de s'informatiser ', souligne Hervé Rathat, directeur des systèmes d'information et
des télécommunications (DSIT) de Reims et son agglomération.L'activité des communes est multiple : elle s'étend de la gestion des cimetières aux enregistrements des actes d'état civil, en passant par l'organisation des élections, la gestion des crèches, des écoles, de la voirie, etc. La
direction des systèmes d'information et des télécommunications de Reims emploie 41 personnes et compte aujourd'hui plus de 130 applicatifs sur 40 à 50 serveurs. ' Les collectivités ont des besoins très forts, car elles passent
d'une informatique de production à un système d'information de communication et de pilotage ', explique Bernard Méliet.En théorie, les 36 000 communes françaises ont toutes besoin de compétences informatiques. Toutefois, 90 % d'entre elles comptent moins de 10 000 habitants. Elles n'ont donc pas les moyens de recruter un informaticien.
Ce qui n'est pas le cas d'autres structures moins connues du grand public. ' En mutualisant leurs moyens, les communautés urbaines, de communes, ou d'agglomération, de même que les syndicats intercommunaux, sont devenus les
plus gros employeurs d'informaticiens ', souligne Eric Salvo, responsable informatique et téléphonie du Syndicat de valorisation des déchets ménagers de la Charente.
Des métiers proches de ceux du privé
Les métiers du secteur informatique dans les collectivités locales sont très proches de ceux du privé. ' Notre travail consiste, à 70 %, à déployer, maintenir, et administrer le réseau, les postes de
travail, et les serveurs. Et à 30 % à faire du développement spécifique ', estime Bertrand Cariou, responsable TIC à la communauté de communes de l'agglomération Saint-Loise (Manche). On trouve donc des DSI, des
architectes techniques et fonctionnels, des RSSI, des responsables réseaux et télécoms, des chefs de projet, des développeurs, etc. Seuls, peut-être, les administrateurs de base de données géographique (SIG) et les chefs de projets multimédias
sont-ils des postes plus demandés que dans le privé. Plus la collectivité est grande et plus les profils recherchés sont spécialisés. A l'inverse, les structures de taille moyenne recherchent plutôt des touche-à-tout. ' Quel
que soit leur cursus ou leur diplôme, les informaticiens peuvent trouver des débouchés dans la fonction publique territoriale ', dit Eric Salvo.Les collectivités qui gèrent de nombreux sites ont notamment de gros besoins d'interconnexion. ' Les ingénieurs systèmes et réseaux sont toujours très recherchés, ainsi que les personnes spécialisées dans les
systèmes d'information géographique ', estime Oumar NDiaye, responsable du service informatique du Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) et chargé du pôle national ' systèmes
d'information et TIC ' du même CNFPT. Les compétences Unix, Linux, PHP, et plus généralement open source sont également très appréciées car les collectivités tentent de s'organiser pour déployer du libre lorsque c'est
possible. Les plus grandes collectivités, qui sous-traitent à des prestataires externes, cherchent aussi à recruter des chefs de projet qui connaissent bien leur organisation et la réglementation notamment en termes de marché public.
40 % de contractuels dans les DSI
Sur les métiers informatiques, il n'y a pas assez de fonctionnaires pour répondre à tous les besoins, et les concours n'arrivent pas à fournir assez de nouveaux titulaires. Les collectivités recrutent donc de nombreux contractuels,
jeunes diplômés, ou informaticiens issus du privé. ' En moyenne, les DSI emploient 60 % de titulaires et 40 % de contractuels ', constate Bernard Méliet, de Mazars. Il estime que rejoindre une
collectivité peut s'avérer un bon choix. ' Pour un débutant, mieux vaut travailler dans une collectivité que dans une société de services. Il y mènera des projets beaucoup plus intéressants et ne sera pas cantonné à la
programmation. Très vite, ses responsabilités seront celles d'un chef de projet. ' Et si les grandes collectivités apprécient les bacs + 5, le niveau d'études ou l'âge n'est pas une barrière pour les collectivités de taille
moyenne. Les bacs + 2 notamment sont toujours appréciés. ' Embaucher des autodidactes, s'ils sont opérationnels, ne nous fait pas peur, car ce qui nous intéresse, c'est d'abord la personnalité des candidats, leur dynamisme, et
leur capacité à s'investir dans nos projets ', explique Sylvie Mercier, adjointe au maire de Joinville-le-Pont (Val-de-Marne) chargé des TIC. Elle conseille donc à ceux qui seraient tentés par l'aventure d'entrer comme
contractuel dans une collectivité : ' En quelques mois, on sait si on est fait ou non pour y rester. 'Bien entendu, les écarts de salaire entre le public et le privé perdurent, mais ils sont beaucoup moins importants que par le passé. ' Si une collectivité a vraiment besoin de compétences, elle paiera un
contractuel au prix du marché ', indique Bernard Méliet. Lorsqu'elles chassent les mêmes profils que les entreprises privées et que les candidats viennent à manquer, les collectivités n'ont pas le choix et doivent
s'aligner... Il ne faut pas hésiter à négocier son salaire, d'autant qu'il restera ensuite bloqué pendant tout le temps de la mission.
Évoluer en passant les concours
Lorsqu'elles embauchent un contractuel, les collectivités lui demandent souvent de s'engager à préparer un concours pour devenir titulaire. ' Un contractuel, même avec un diplôme d'ingénieur, doit repasser le
concours d'ingénieur de la fonction publique territoriale avec l'option informatique pour être reconnu ', explique Hervé Rathat, directeur des systèmes d'information et des télécommunications de Reims et son agglomération.
Ces concours requièrent une préparation conséquente, mais ils constituent souvent le seul moyen de progresser au sein de la collectivité. Bertrand Cariou a ainsi passé le concours d'ingénieur territorial à 48 ans. ' La
situation de contractuel ne me permettait pas d'évoluer et surtout de bénéficier de la mobilité et de la diversité offerte par l'Administration. ' Un contractuel perd son ancienneté lorsqu'il change de collectivité et les
renouvellements de contrat sont limités. Les contractuels disposent d'un avantage de taille par rapport aux autres informaticiens du privé qui s'inscrivent aux concours. Ils connaissent déjà l'environnement réglementaire et le mode d'organisation.Mais attention, cela doit faire partie d'un choix de vie. Le salaire d'un titulaire est souvent, en effet, bien moins intéressant que celui d'un contractuel. Par conséquent, il faut être prêt à troquer un bon salaire contre la
sécurité de l'emploi... Mais comme le rappelle Oumar NDiaye, ' pour travailler dans la territoriale, il faut avant tout aimer rendre service et satisfaire les usagers. Bref, ?"uvrer pour l'intérêt
général ! ' Par ailleurs, il est possible de faire carrière dans la fonction publique territoriale : ' La formation professionnelle tout au long de la vie est très importante. Les
collectivités aident leurs agents à accéder aux concours jusqu'aux plus hauts grades ', explique Sylvie Mercier. Ces concours autorisent, par exemple, un technicien supérieur, souvent d'un niveau bac + 2, à passer l'épreuve
d'ingénieur territorial, réservée en externe aux titulaires d'un bac + 5. Ce système de promotion ouvre des opportunités de carrière intéressantes pour les informaticiens peu diplômés à qui le privé ne propose guère de possibilités d'évolution. Par
ailleurs, un agent territorial peut postuler à tous les postes proposés dans l'ensemble des collectivités locales du pays. En passant d'une commune de 20 000 habitants à un conseil général par exemple, il pourra exercer son métier de façon très
différente. Etant donné les besoins actuels des collectivités, changer de service informatique s'avère relativement simple lorsqu'on est titulaire. Enfin, il est également possible dans la fonction territoriale, toujours via les concours, de changer
de service et d'emploi. Et une palette de plus de 250 métiers, cela ne laisse que l'embarras du choix !redaction@01informatique.presse.frwww.01blog.fr/1909
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