Les consommateurs ont tout à gagner du rachat de SFR par Numericable

Avec la victoire de Numericable, les tarifs des forfaits mobiles n'augmenteront pas. Par contre, les offres de l’Internet fixe (ADSL ou très haut débit) peuvent devenir très compétitives.
En acceptant l’offre de Numericable, Vivendi fait des heureux et des malheureux. Si ces derniers se comptent parmi les concurrents du nouveau groupe télécom, les gagnants devraient être les consommateurs. En conservant quatre opérateurs, l’accord préserve le pouvoir d’achat de Français qui aurait pu être mis à mal avec une concentration des marques. En restant à quatre acteurs, les prix ont peu de chance d’augmenter comme ça a été le cas récemment en Autriche. Chez nos voisins autrichiens, le passage de 4 à 3 opérateurs a fait grimpé le tarif des abonnements de 18%.
En France, ça ne risque pas d’être le cas, bien au contraire. D’abord parce que Numericable s’est engagé à ne pas augmenter les prix des forfaits mobiles après la validation définitive de l’accord prévu pour la fin de l’année et applicable dès 2015. Les tarifs de SFR vont donc continuer avec, en entrée de gamme, un forfait 4G à partir 9,99 euros par mois (sans mobile).
Mais, ce n’est pas sur le mobile que les conséquences tarifaires de ce rapprochement sont attendues, mais sur l’Internet fixe qui, avec Numericable, devient un domaine de plus en plus sensible. Et, si Patrick Drahi promet de ne pas augmenter les tarifs du mobile (d’ailleurs comment pourrait-il le faire sans avantager ses concurrents ?), il se prépare bel et bien à une autre bataille.
Ce matin, lors de la conférence de presse de Numericable, son président a confirmé son intention de se positionner sur « un service triple play et très haut débit à des tarifs compétitifs. » D’autant que très récemment, Bouygues a ouvert le feu avec le lancement d’une offre triple play à 19,90 euros. Face aux tarifs de ses concurrents (jusqu’à 39,90 euros), la salve de Bouygues ne peut rester sans réponse. D’autant que, selon une source proche du dossier interrogée par l’AFP, « Bouygues continuera à animer le marché plus que jamais à la fois dans la 4G et dans l'internet fixe, avec des offres agressives sur la box, en profitant d'un concurrent qui sera fragilisé par sa fusion ».
Opération de séduction auprès des clients SFR
Bien sûr, Patrick Drahi et son équipe n’ont encore pas dévoilé la stratégie qu’ils lanceront en 2015. Par contre, ils comptent bien faire de leur faiblesse une force en lançant une opération séduction auprès des clients ADSL de SFR. Numericable souhaite attirer 20 à 30% de ces utilisateurs (soit environ 1 million de clients) et, ainsi, réduire le montant de la location des lignes dégroupées qu’il paye à Orange (9 euros par forfait).
Le repreneur va aussi leur offrir les services premium. Ainsi, pour le montant de leur abonnement triple play, les abonnés à la box Evolution de SFR, soit 32,90 euros, pourraient avoir accès à un meilleur service.
Enfin, la quadruple play est l’autre levier sur lequel compte jouer Numericable. En incitant les abonnés mobiles de SFR à rejoindre son offre ADSL ou très haut débit, il va améliorer le revenu moyen par clients (Arpu). Chez SFR, ce revenu n’a cessé de fondre depuis l’arrivée de Free Mobile en 2012. Par contre, sur les box, il se maintient à 41 euros dans le très haut débit et à 37 euros sur l’ADSL. Ainsi, les abonnés dépenseront autant mais rapporteront plus.
Comme l’a fait remarquer Patrick Drahi lors de la conférence de presse qui s’est tenue ce matin à Paris, cette stratégie n’est pas de l’improvisation. « Avec notre équipe, nous travaillons à l’avenir de Numericable depuis 7 ans », a t-il signalé à ceux qui pensent que le rachat de SFR est à une manœuvre d’opportunité. Au contraire, tout semble particulièrement bien pesé aussi bien techniquement que financièrement.