La reprise tant attendue est, certes, encore timide, mais elle est là. Hormis Nortel, qui se débat toujours dans la remise à plat de ses comptes et n'a pas communiqué ses résultats pour 2004, tous les constructeurs télécoms ont annoncé les leurs. Et, bonne nouvelle, ils sont sortis du rouge.Ces géants d'hier, qui ont perdu pour certains tel Lucent les deux tiers de leur poids, sont encore en convalescence. Ainsi, le constructeur américain a terminé son année fiscale 2004 (close le 30 septembre dernier) avec un bénéfice record de 1,15 milliard de dollars et un chiffre d'affaires en hausse de 7 %. Mais déjà, au premier trimestre fiscal 2005 (dernier trimestre calendaire 2004), il donnait des signes d'essoufflement. Son profit n'atteint plus que la moitié de celui du premier trimestre fiscal 2004.
Nokia, un équipementier atypique
Même Nokia, le seul qui n'ait pas trop mal traversé la crise, semble morose. Effectivement, le Finlandais reste le numéro un mondial, devant Cisco(*), et loin devant les équipementiers traditionnels. Mais son chiffre d'affaires accuse une très légère érosion et ses bénéfices déclinent. A l'image de Cisco, il ne constitue d'ailleurs pas un constructeur classique comme Nortel, Alcatel ou Ericsson. Les téléphones portables représentent plus de 60 % de ses ventes et les réseaux d'opérateurs à peine 22 %. Quant à Cisco, il tire la plus grande part de ses recettes du marché des entreprises.Siemens paraît s'extraire honnêtement de l'épreuve. Il est devenu le premier constructeur mondial ' traditionnel '. Lui aussi est sorti du rouge, timidement. Pourtant, il y a de la réorganisation dans l'air. Les traditionnelles divisions ICN (Information and Communication Networks) et ICM (Information and Communication Mobiles) ont été réunies en octobre 2004 en une seule unité, baptisée Communications Group. On sait également que l'avenir de l'activité téléphones mobiles est sur la sellette. Malgré une percée des ventes, elle reste déficitaire. Enfin, au début de cette année, le conglomérat allemand a changé de patron. Le onzième, en 158 ans d'âge, se nomme Klaus Kleinfeld. Il est âgé de 47 ans et travaille chez Siemens depuis 1987. Il succède à Heinrich von Pierer, PDG depuis 1992, et dont le départ a donné lieu à un show à l'américaine.Ericsson retrouve des couleurs
Le départ de Serge Tchuruk, le patron d'Alcatel, est également évoqué. Interrogé sur le sujet lors de la présentation des résultats annuels, l'intéressé n'a fait aucun commentaire. Le constructeur français se remet lui aussi doucement des difficiles années passées. Pour le cabinet britannique Ovum, les résultats sont meilleurs qu'il n'y paraît à la simple vue des chiffres. Il est vrai que, si les recettes stagnent, le bénéfice, fort modeste dans l'absolu, présente néanmoins une belle remontée par rapport à la perte abyssale de près de 2 milliards d'euros en 2003.Enfin, Ericsson figure parmi ceux qui affichent le plus net regain de santé. Son chiffre d'affaires croît de 12 %. Il devance désormais largement Alcatel. Ses bénéfices, quant à eux, apparaissent parmi les plus généreux et confirment son retour en forme.(*) Les résultats de Cisco n'ont pas été pris en compte, car son année fiscale se termine le 31 juillet, trop décalée par rapport aux autres. A titre indicatif, son dernier chiffre d'affaires sest élevé à 22,045 milliards de dollars (18,879 milliards en 2003), et ses bénéfices à 4,4 milliards (3,578 milliards en 2003).