Dans le passage couvert de la galerie Montmartre, une foule jeune et masculine commence à s'agglutiner devant la Cantine, un haut lieu du monde numérique parisien, dès 19 h 30. Mark Zuckerberg est encore dans les
studios de Canal+, mais plus de 300 inscrits l'attendent déjà pour cette rencontre informelle entre développeurs, à l'occasion de sa première visite à Paris, où il va d'ailleurs
créer un bureau commercial.Avant son arrivée, la foule bruyante écoute d'une oreille quelques développeurs présenter leurs applications. Mais quand ' Mark ' fait son entrée, un relatif silence accueille le jeune homme de 24 ans. Après une
courte présentation sur les futures directions de Facebook, il répond à quelques questions avant de s'installer dans un coin calme où une queue se forme pour rencontrer le jeune prodige.Dominique Cardon, sociologue chez Orange Labs, a contribué à développer SocioGeek, une enquête ouverte qui est un jeu sur la pudeur et l'impudeur sur Internet, pour essayer de savoir jusqu'à quel degré d'intimité les internautes
sont prêts à se dévoiler.
' On essaie aussi de comprendre la stratégie pour se faire des amis ', explique-t-il.
' Le paradoxe de Facebook est que, pour avoir beaucoup d'amis, il faut montrer beaucoup de soi ', note Dominique Cardon. Orange Labs cherche évidemment à mieux comprendre les usages
d'Internet. Lancé sur Facebook il y a moins d'une semaine,
SocioGeek a déjà recueilli 1 500 réponses.
De l'université aux entreprises
Pour Christophe Battier, responsable de l'e-learning à l'université de Lyon I, l'utilisation de Facebook sur le campus est en pleine explosion, passant de 1 000 à 5 000 étudiants inscrits en un an.
' Beaucoup de nos étudiants sont perdus quand ils arrivent dans des amphis de 1 000 individus. 25 % déclarent ne parler à personne pendant le premier trimestre, explique-t-il.
Avec notre
application, ils peuvent importer la liste de leurs cours sur leur profil Facebook et créer des liens avec d'autres étudiants. 'Nicolas Halftermeyer, web et e-commerce manager chez le fabricant d'électronique Parrot, est venu en observateur.
' Il y a trois ans, j'ai conseillé à ma direction de commencer un blog. Je suis en train
de voir ce qu'on pourrait faire sur Facebook et comment aborder nos utilisateurs sur ce réseau ', se demande-t-il. Il interroge les agences avec lesquelles ils travaillent et se pose des questions de budget.KRDS est une jeune agence spécialisée dans Facebook qui a le vent en poupe. Un de ses cofondateurs, Thomas Jestin, interroge Mark Zuckerberg sur l'impossibilité pour les développeurs français de faire entrer leurs applications
dans le concours FB Fund qui récompense financièrement les meilleures applications. Une frustration pour ce jeune dirigeant d'entreprise pressé, qui sera peut-être satisfait d'apprendre l'existence du
French Application Contest.Facebook favorise une propagation virale des applications
' Pour Eurosport, nous avons développé une application de pronostics pour l'Euro. Pour France 24, un quizz sur l'actu, et pour TF1, une application pour voter sur qui va être éliminé à la Star
Ac ', énumère-t-il. Mais l'application dont il est sans doute le plus fier est Cursus, qui a déjà recruté 330 000 inscrits en 6 mois.
' On voulait faire une sorte de Copains d'avant. Tant qu'à lancer un site, on a préféré faire une application Facebook. Si on maîtrise bien la viralité, on a une croissance incroyable parce que le
"news feed"
sur le profil propage l'application automatiquement ', décrit-il. Cursus fonctionne sur un modèle publicitaire.Netvibes, qui organisait la soirée, s'apprête à lancer une des premières applications construites sur Facebook Connect, la solution de Facebook pour faire communiquer différentes plates-formes et réseaux avec Facebook.
' Avec un bouton, on synchronisera son compte Netvibes avec Facebook ', résume Franck Mahon de chez Netvibes.
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