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Le Master Data Management concentre toutes les données relatives à un objet métier. Ce référentiel les diffuse vers les applications transactionnelles. Il facilite ainsi le dialogue interapplicatif et garantit la cohérence des
données.
Le concept de référentiel métier n'est pas nouveau. Mais il connaît actuellement une vraie cure de jeunesse. Pour preuve, l'engouement des éditeurs de tous horizons (infrastructure, applications, décisionnel) pour le Master Data
Management (MDM).Ce concept a été lancé il y a trois ans par les ténors des progiciels, Oracle, Siebel et SAP notamment, pour harmoniser les objets métier partagés par différentes instances ou modules applicatifs. Mais depuis, ces éditeurs, Oracle en
tête, cherchent à vendre cette nouvelle génération de référentiel en dehors de leurs applications. La firme de Larry Ellison dispose déjà de MDM orientés client, produit et finance. Elle s'apprête désormais à les verticaliser par secteur
d'activité.Reste que le MDM ne suscite plus seulement l'intérêt des éditeurs de progiciels. Un géant de l'infrastructure comme IBM a rattrapé son retard avec deux acquisitions : Trigo (mi-2004) et DWL (mi-2005), des MDM respectivement
thématisés autour des produits et des clients. Autre famille intéressée : celle du décisionnel. Outre Hyperion, avec le rachat de Razza l'année dernière, c'est aujourd'hui le spécialiste français de l'ETL Sunopsis qui enrichit son référentiel
métier d'un outil de modélisation de format pivot.Si le MDM suscite un tel engouement, c'est parce que cette technologie présente de nombreux atouts. Elle reprend et améliore le principe du référentiel métier traditionnel, en lui conférant une dimension dynamique. Son principe :
collecter et concentrer toutes les données relatives à un objet métier (client, fournisseur, produits...) dans un format pivot ; puis transférer les mises à jour qui les concernent vers les applications, les PGI, les datawarehouses et
autres pages web. Le dynamisme du MDM tient au fait que ces échanges sont réalisés au fil de l'eau. Et il est encore plus prononcé lorsqu'il met en ?"uvre des règles métier pour régir la vie des données qu'il référence.
Une meilleure cohérence des données
Sa plus grande promesse, celle qui fonde l'essence même des référentiels métier traditionnels, relève de la cohérence des données. Celle-ci implique que les applications partagent le même périmètre d'une entité métier. Cette
synchronisation, qui fait souvent défaut sur le terrain, s'avère indispensable dans le cadre d'une gestion de la performance à l'échelle de toute l'entreprise (ou CPM), concept en pleine éclosion. L'autre promesse importante du MDM porte sur la
vision exhaustive de l'objet métier. Un tour d'horizon à 360?' rendu possible dans la mesure où chaque mise à jour effectuée dans une application, quelle qu'elle soit, est poussée dans le MDM. Or ce nouveau gisement offre de nouvelles perspectives
d'analyse. Il met potentiellement en évidence des croisements, des corrélations ou des tendances jusque-là insoupçonnés.La synchronisation automatique des mises à jour à travers les différentes applications forme le dernier argument du MDM. Nul besoin ici de passer par la messagerie pour répercuter l'impact des modifications. Ou même par des processus
d'EAI. Le MDM tend même à remplacer les dialogues interapplicatifs (uniquement dans le cadre de l'intégration de données). Car, à la différence de l'EAI, le MDM maintient un historique des données qu'il expose au travers d'une base, facilement
accessible. Ainsi, il rend les utilisateurs moins dépendants des applications. Tout en soulageant celles-ci des flux EAI.
Différents types de MDM
Mais si tous les MDM partagent les mêmes promesses, ils affichent des modèles distincts. Les éléments différenciants concernent la nature des données centralisées, le type de format pivot, l'exploitation du MDM ou encore la qualité
des données.En matière de données, certains éditeurs stockent uniquement les informations hiérarchiques liées à l'objet créé. Autrement dit, son emplacement au sein des différentes applications qui l'exploitent. C'est le cas chez Hyperion, qui
s'en sert avant tout pour synchroniser les dimensions partagées par ses cubes Essbase en entreprise. Les autres centralisent dans leur MDM des données à proprement parler. Non seulement des données de description (nom, prénom, adresse, dans le cas
d'un client), mais aussi des informations contextuelles (montant de sa dernière facture, derniers achats, etc. ).
Modèle pivot à construire ou prêt à l'emploi
En termes de type de format pivot, Oracle, IBM ou SAP thématisent leur modèle de données. Autour soit des produits, soit des clients. Mais ce format pivot peut être fabriqué manuellement. ' D'un coté, il doit
recueillir un maximum de données pour satisfaire ses cibles. De l'autre, il doit éviter de stocker des données inutiles, pour ne pas altérer les performances ', explique Jean-Paul Brunelle, Responsable d'application flux pour
les supermarchés Match.Du point de vue de l'exploitation, le MDM peut être invisible à l'utilisateur. Il ne sert alors qu'au routage des données entre applications. Les informaticiens n'y accèdent que pour le maintenir ou faire évoluer son modèle de
données. Dans d'autres configurations, le MDM devient une application opérationnelle. C'est le cas chez Manutan, où les utilisateurs s'en servent pour décrire les nouveaux produits de l'entreprise. Le référentiel est alors accessible via une
interface dédiée. Cette couche de présentation fait d'ailleurs partie du package d'Oracle ou d'IBM, qui fournissent des fiches produit ou client. C'est donc grâce à elle que la vision métier à 360?' est rendue possible.Pour autant, ce n'est pas la seule façon d'obtenir cette vue. D'autres éditeurs comme Informatica (et encore IBM) misent sur la fédération virtuelle de données (ou EII). Il n'est plus alors question de stocker physiquement les
informations mais seulement de les réunir à la volée. Plus légère à implémenter, cette solution reste tributaire de la disponibilité des sources interrogées en temps réel.Concernant la qualité des données, enfin, le processus d'alimentation du MDM est similaire à celui de l'ETL. Aux fonctions traditionnelles d'agrégation, de dédoublonnage ou de transcodification, peuvent être associés des services de
profiling (champs nuls, incomplets, non conformes...) ou de qualité à proprement parler. Ce dernier service, axé sur la validation d'informations (des adresses postales, par exemple) en fonction d'annuaires, fait souvent intervenir des
spécialistes extérieurs.Dans une majorité de solutions, le MDM traite les données. Le référentiel est souvent adossé à un workflow répondant à des règles métier. Ainsi chez Manutan, on l'utilise pour faire évoluer les prix des familles de produits dans le
temps, ou encore pour alerter les opérationnels lors de ruptures de stock.
Un consensus indispensable
Séduisant, le MDM n'en demeure pas moins délicat à mettre en place. Car il ne peut faire l'économie d'un consensus interne autour du format pivot à déployer. Chaque application exigeant de conserver son niveau de détail. Autre
question : l'impact du MDM sur le rôle des applications. Si la logique de référentiel métier dynamique est poussée à l'extrême, celles-ci ne se résumeront plus qu'à leur portion transactionnelle.v.berdot@01informatique.presse.fr