Les DSI doutent de leur capacité à faire face au choc numérique

Comme chaque année, Gartner a interrogé plus de 2300 DSI sur leurs priorités et préoccupations. 52 % des DSI français pensent qu'ils n'ont pas les capacités pour gérer la révolution numérique en cours.
Comment les DSI vivent la digitalisation à marche forcée de leur entreprise ? Environ la moitié des directeurs des systèmes d'information interrogés (*) par Gartner ont répondu que leur entreprise et son service informatique était submergés par les possibilités offertes par le numérique. Incapable de réagir assez rapidement aux évolutions du marché, l’entreprise est en danger et la crédibilité de son organisation informatique est remise en cause.
« Certains pensent que l’importance de la digitalisation des entreprises pour leur business est exagérée notamment par les médias. Mais les DSI confirment que cette question est primordiale pour les organisations à l’heure actuelle », estime Dave Aron, analyste chez Gartner. Plus de 40% pensent même que la direction informatique n’a pas les compétences nécessaires pour faire face aux défis qui les attendent. En France, les DSI sont encore plus sévères avec eux-mêmes. 55% pensent que leur entreprise n’est pas capable de gérer la révolution numérique en cours, et 52% qu’ils n’ont pas les compétences en interne pour y faire face.
Les français en retard sur le Paas
Sans surprise la business intelligence et le mobile font partie des priorités des DSI en terme d’investissement pour 2014. Viennent ensuite l’infrastructure, les datacenters et le cloud. « Dans les réponses, se mélangent des technologies qui sont censées créer de nouvelles opportunités pour l’entreprise comme le mobile ou le social et d’autres qui nécessitent de rafraichir le cœur de l’IT comme l’infrastructure ou la sécurité », observe Dave Aron. Contrairement aux autres DSI, les Français placent les ERP plus bas dans leur priorité. En revanche, ils sont plus concernés par la sécurité que les autres. Bonne nouvelle la collaboration est aussi plus haut dans la liste des DSI hexagonaux que chez leurs homologues internationaux.

27% des DSI disent avoir déjà réalisés des investissements significatifs dans le cloud. Principal bénéfice avancé : l’agilité que le cloud apporte (pour 56% d’entre eux). En cette période de soldes, où les sites web sont poussés dans leurs retranchements avec des pics de fréquentation, avoir la possibilité de redimensionner son infrastructure apparait comme une bonne idée. Loin derrière avec 25%, le coût arrive second comme avantage du cloud mis en avant par nos DSI (contre 14% au niveau mondial).
En France, si la plupart des investissements ont été réalisé dans le Saas (59%), ceux du Iaas (Infrastructure as a service) sont non négligeables à 41%. Mais le Paas (Plateforme as a service) reste à la traîne à 29% surtout en comparaison du reste du monde où le Paas atteint 43% des investissements. Les Google App Engine, Windows Azure et autre Amazon EC2 auraient-ils du mal à convaincre les DSI hexagonaux ?
Si la très grande majorité des dépenses informatiques sont toujours prises à l’initiative de la Direction des systèmes d’information, 27% ne rentrent plus dans leur escarcelle en France. « Il y a beaucoup d’effervescence en ce moment autour du fait que le marketing est en train de prendre le pas sur l’IT. Nous voulions vérifier ce qu’il en était » explique Dave Aron. Au final, ce sont 8% des dépenses qui viennent du marketing et 19% des dépenses d’ailleurs. Le marketing n’est donc pas le seul à prendre le pas sur l’informatique. Sans compter qu’avec l’essor du Cloud, il est fort possible que les DSI ne soient pas au courant de tous les dépenses informatiques réalisées dans leur entreprise.
Montée en puissance du Chief Digital Officer (CDO)
Comment notre entreprise doit-elle s’adapter pour survivre et se développer dans un monde de plus en plus numérique ? C’est à ce type de question que doit répondre le Chief Digital Officer (ou CDO). Selon les DSI, 6% des entreprises européennes (Angleterre, France, Allemagne et Italie) auraient déjà un CDO. « Nous pensons que bientôt ce chiffre tournera plutôt autour de 20% » avance Dave Aron.
Si le CDO se fait parfois appeler autrement - par exemple vice-président pour le numérique -, ses missions restent les mêmes. D’abord, comprendre comment exploiter les nouveaux canaux comme le mobile ou les réseaux sociaux pour faire prospérer son entreprise. Mais aussi conseiller le comité de direction sur les changements que la société doit effectuer pour survivre, comme s’orienter vers une autre industrie. En aucun cas, il ne s’agit de remplacer l’IT. « Certains ont toute une équipe pour les assister dans leur mission. Starbucks est l’une des premières entreprises à avoir mis en place un CDO » avance Dave Aron. Toutes les industries et toutes les zones géographiques sont concernées.
(*) 2 339 DSI interrogés au quatrième trimestre 2013.
