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Proche des métiers, attentif à l'innovation, de bon conseil auprès de la direction générale, d'un enthousiasme communicatif… Telles sont les qualités de la promotion 2012 des DSI de l'année récompensés par 01, composée de managers tournés vers la transformation de leur entreprise par le numérique.
Aurons-nous toujours besoin des DSI en 2020 ? Avec l'arrivée des équipements high-tech grand public dans l'entreprise, le recours de plus en plus important au cloud computing, l'automatisation de plus en plus fréquentes des systèmes, le DSI va-t-il peu à peu se transformer en “ tour de contrôle ” des données et des applications, chargé essentiellement de les sécuriser ? S'il n'entame pas sa mutation tout de suite, ce scénario est probable à l'horizon 2020. Le directeur des systèmes d'information aura beau instaurer des règles de gouvernance, les collaborateurs, qui chercheront avant tout à aller vite, sauront détourner les contraintes imposées.En fait, les deux ou trois années à venir vont être cruciales pour la profession. “ C'est un poste compliqué que celui de DSI. Surtout aujourd'hui, où l'évolution de notre monde l'oblige à se réinventer ”, explique Philippe Compagnion, expert en développement du leadership chez Egon Zehnder et président d'honneur du jury des Trophées 2012 des DSI de l'année, un événement organisé par 01 Business & Technologies. C'est maintenant que le DSI doit démontrer ses qualités de leadership dans le sens littéral du terme, c'est-à-dire sa capacité à lâcher le connu pour aller vers l'inconnu. En se rapprochant encore davantage des métiers qu'il va pouvoir anticiper, faire des propositions innovantes, prendre des risques.
Incarner une vision
Son rôle n'est plus seulement d'aligner le système d'information sur la stratégie de son organisation, mais sur la raison d'être de celle-ci. “ Le DSI doit embrasser la stratégie de l'entreprise. La reformuler avec ses mots. Expliquer comment son action et son style de management s'insèrent dans la culture et l'histoire de la société ”, explique Véronique Durand-Charlot, DSI de GDF-SUEZ et lauréate du Grand Prix en 2010.D'autres critères, tant technologiques que philosophiques, sont donc venus se rajouter à la vitesse d'exécution et à la rapidité à répondre aux besoins des métiers, qualités qui avaient permis à Massimo Spada, alors chez Alstom (qu'il a quitté cet été pour devenir professeur à la SDA Bocconi School of Management et Operating Partner chez Sia Partner), d'être élu DSI de l'année 2011. Un an plus tard, le jury a donc recherché le DSI le plus à même de représenter la fonction parmi la demi-douzaine de dossiers qui lui étaient présentés (il y en avait 36 avant la première sélection). Tous les membres ont souligné qu'il était temps de dénicher ce fameux Chief Digital Officer (ou patron de l'entreprise numérique) tant attendu. Les débats furent riches et enthousiastes, et les qualités humaines des candidats étudiées à fond avant de pouvoir les départager. Certains membres du jury auraient apprécié que le caractère numérique soit davantage mis en avant dans les dossiers. D'autres ont regretté le bilan un peu trop “ classique ” des DSI présentés. “ Ils font très bien le job ”, confie un membre du jury. De façon plus concrète, tous ont relevé à quel point chacun des profils avait participé à la transformation de son entreprise, influencé son organisation et contribué à faire avancer le business.
S'inspirer des méthodes agiles
Et d'enchaîner sur le paradoxe actuel des systèmes d'information et de leur maîtrise. “ A cause des technologies, les frontières internes et externes de l'entreprise, voire la définition ou l'existence même de son centre, sont complètement redéfinies. Les dirigeants ou les collaborateurs ont parfois du mal à appréhender l'ampleur de cette évolution. Les DSI apparaissent alors comme les mieux placés pour conceptualiser la nouvelle architecture sociale de l'entreprise ”, souligne Philippe Compagnion. Ce dernier explique que certaines méthodologies employées au quotidien par les DSI sont des atouts pour réussir cette mission. Le développement en mode agile ou l'histoire de l'open source préfigurent l'évolution organisationnelle et managériale des entreprises. “ Aujourd'hui, le fonctionnement de l'open source est une forme de coopération sans centralisation et même sans concertation ”, poursuit Philippe Compagnion. L'aspect délicat de la situation est qu'il est impensable pour un dirigeant de concevoir une entreprise sous la forme d'un système interagissant, dont il ne contrôlerait ni les objectifs, ni les fonctionnements individuels.
Moins de technologie, plus de créativité
Parmi les managers, un seul apparaît dans ce cadre-là comme l'homme de la situation : le DSI. Ce que souligne avec évidence chacun des membres du jury ; cette fonction ne peut pas disparaître, mais elle a entamé sa mutation. “ Elle devient moins technologique, et exige davantage de leadership, de créativité et d'imagination. Le DSI devient aussi un broker de ressources diverses et variées pour les autres services, tant au niveau interne que pour ce que l'on nomme, aujourd'hui, l'entreprise étendue, ce qui comprend les relations avec les partenaires ”, souligne Massimo Spada, Parler moins de technologies, c'est ce qui ressort d'ailleurs des nombreuses remarques du jury. “ On demande désormais au DSI d'être une courroie de transmission des technologies vers les métiers. De les aider à comprendre les apports potentiels. De perturber sans déranger ”, ajoute Pascale Gabriel, DSI d'OFI Asset Management, lauréate du Prix DSI PME-PMI 2011. “ En outre, il doit aller vite et faire en sorte que tout cela ne lui coûte pas trop cher ”, analyse avec pragmatisme Alain Moustard, DSI de Bouygues Telecom et lauréat du Grand Prix 2009.Leadership, patron du numérique, en relation forte avec les métiers, bon gestionnaire… le profil du DSI de l'année s'est donc peu à peu dessiné au fil des discussions, pour en arriver aux qualités humaines. Face au stress ambiant, les membres du jury ont aussi cherché à trouver la personnalité capable de transmettre énergie et enthousiasme, et de pousser les projets et les utilisateurs. “ Il s'agit pour lui de communiquer au sein de l'entreprise, de donner confiance et de porter le changement en n'hésitant pas à incorporer des contributions externes ”, détaille Pierre Gressier, DSI des 3 Suisses et lauréat Rapprochement métier en 2011. “ Il doit également être reconnu par la communauté des DSI, et montrer qu'il fait “ avancer le monde ” ”, résume Alain Moustard. Philippe Courqueux, DSI et patron de la logistique de Cora et lauréat en 2010, estime lui aussi qu'il faut insister sur le parcours du DSI, et sur les multiples casquettes qu'il a porté au cours de sa carrière. “ Car c'est un métier qui exige une ouverture sur d'autres fonctions ”, précise-t-il.“ L'action du DSI doit s'inscrire dans un avenir durable – c'est-à-dire selon une perspective qui ne relève pas du seul fait économique – et toute initiative, notamment numérique, doit pouvoir répondre à une vraie finalité (à quoi cela-sert-il ?). Enfin, c'est lui qui veille à ce que l'innovation (technologique ou organisationnelle) ne demeure pas isolée ou orpheline mais puisse irriguer toute l'entreprise ”, conclut Georges Epinette, DSI des Mousquetaires et Grand Prix 2008.
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