Les écoles d'ingénieurs se lancent dans la gestion de compétences

Pour mieux coller aux attentes des entreprises, les écoles d'ingénieurs introduisent de plus en plus la notion de compétences dans leur cursus. Une révolution qui fait l'objet d'un colloque, le 17 mai prochain, organisé par Pascaline.
Dans le cadre du Processus de Bologne qui vise à créer un Espace européen de l'enseignement supérieur, tous les établissements – et notamment les écoles d’ingénieurs et d’informatique européennes – doivent, en 2011, mettre en œuvre une « démarche compétences ». Celle-ci vise à rendre les diplômes plus lisibles et comparables à l’international, ainsi qu'à favoriser l’intégration des jeunes diplômés européens sur le marché du travail. Pour l’heure, sur les 230 écoles d’ingénieurs de l’Hexagone, une centaine (Les Mines de Nantes, Poltyech’Tours, l'INP-Enseeiht etc.) ont déjà entamé la procédure. Le mouvement devrait encore s’accélérer car la CTI (Commission des titres d’ingénieur) – qui évalue régulièrement les écoles d’ingénieurs – les y oblige.
L’association Pascaline, créée par Syntec numérique, aide depuis fin 2008 des établissements d’enseignement supérieur formant aux métiers des TIC (écoles d’ingénieurs, d’informatique, etc.) à se lancer dans cette démarche complexe. Pour inciter d’autres établissements et notamment les universités à agir, elle organise, le 17 mai prochain, un colloque sur ce thème. Il sera l’occasion de présenter ses réflexions, réunies dans un livre blanc, et de recueillir les retours d’expériences des responsables d’établissements.

Introduire un système d'évaluation des compétences dans les écoles
La démarche compétences consiste à introduire dans l’enseignement supérieur la gestion des compétences qui existe depuis longtemps dans les entreprises. Dans bon nombre de sociétés comme les SSII, en effet, les compétences nécessaires à l'exercice d'une fonction sont définies et évaluées selon un référentiel métier. « Il s’agit d’une véritable révolution culturelle dans les établissements. En France, ils ont toujours abordé la formation sous l’angle de la connaissance. Là, on leur demande de définir les compétences associées à chacun de leurs cursus », explique Alain Ayache, coprésident de la commission formations spécialisées de l’Association Pascaline, et directeur de l’Ecole INP-Enseeiht. Un établissement doit ainsi être en mesure de définir quelles compétences sont associées à chacun de ses diplômes. A la fin de son cursus, l’étudiant qui vient d’être diplômé obtient un « supplément au diplôme ». Ce document, qu’il complétera tout au long de sa vie professionnelle, décrit les modules qu’il a suivis durant son cursus, les compétences associées et leur degré d’acquisition. Il représente donc une aide précieuse pour aider, par exemple, une entreprise étrangère à recruter un ingénieur informaticien formé en France. Grâce à ce document, elle connaîtra précisément ses compétences (avant, elle n’avait pas forcément de visibilité).
Aujourd’hui, la maturité des écoles qui ont entamé des démarches compétences est très variable. Une fois le référentiel mis en place, elles doivent instaurer un système d’évaluation de l’acquisition de ces connaissances pour s’assurer que celles qui sont enseignées ont bien été acquises. Ainsi, la compétence « Savoir coder en Java » sera acquise ou en cours d’acquisition. C’est le prochain chantier de l’association Pascaline, qui se penchera sur le sujet dans quelques mois. « Nous allons interroger des DRH, des organismes de formation continue et de certification, par exemple, pour analyser leurs pratiques et rédiger un certain nombre de pistes de réflexion dont s’inspirent un établissement », précise Alain Ayache.
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