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Les entreprises poursuivent leur adoption des services télécoms de nouvelle génération. La migration vers la ToIP reste l'étape la plus délicate.
Les télécoms d'entreprise changent de peau. Afin de mieux répondre à leurs besoins métiers ou de réduire leurs coûts, les entreprises optent pour des technologies plus adaptées : les accès Internet dédiés, les VPN?"IP
et les services Ethernet. Les budgets consacrés en Europe à ces solutions de nouvelle génération augmentent chaque année et dépasseront, dès 2007, les dépenses en services de données traditionnels, frame relay, X.25, ATM ou
lignes louées, selon une étude du cabinet Yankee Group Research. ' Les VPN?"IP ont connu une forte croissance ces deux dernières années et poursuivent leur progression ', souligne Tony Marson, analyste au Yankee Group et auteur de l'étude. Un
constat qui concerne autant les VPN simples, de type IPSec, que les offres MPLS qui permettent aux entreprises de différencier la qualité de service appliquée à leurs flux applicatifs.' Le marché MPLS entre dans une phase de maturité ', déclare, pour sa part, Richard Mahony, analyste chez Ovum. Et la demande des entreprises évolue. ' Il y a de plus
en plus d'applications sur leur réseau, relève l'analyste. Résultat : elles doivent en améliorer la gestion. Cela relance l'intérêt pour les boîtiers régulateurs de trafic ',
tels que ceux d'Ipanema ou de Packeteer.
Surveiller la qualité de service applicative
Quelques opérateurs répondent à cette demande avec des offres de surveillance de niveau applicatif. ' BT propose le service AAI (Application assured infrastructure) et Equant l'offre
SNAP (Strategic network and application predictor) ', illustre Richard Mahony. Le besoin de surveillance de la qualité de service applicative est même devenu si criant qu'un des premiers intégrateurs français, Telindus
Arche (filiale de l'opérateur Belgacom), vient de lancer le service POC (Performance operation center), destiné à cet usage grâce à des boîtiers Ipanema placés sur l'infrastructure WAN de l'entreprise,
qu'elle soit privée ou de type VPN?"MPLS loué chez un opérateur.Autre évolution majeure en cours : l'accès aux services télécoms via des liens DSL dont l'équation économique est bien meilleure que celle des liaisons louées ou du frame relay et dont les débits
moyens augmentent régulièrement (2 Mbit/s symétriques garantis en SDSL standard actuellement). ' L'accès aux VPN?"IP via des liens xDSL se répand en Europe ', insiste Laurent Piau,
directeur de l'activité Conseil et réseaux d'entreprise de Devoteam. ' La disponibilité de lignes DSL à bas prix en France a dopé l'adoption des VPN-IP ', estime Tony Marson. Ces
accès IP via DSL devront également répondre à de nouvelles contraintes de qualité de service et de disponibilité, à l'heure où les entreprises centralisent leurs serveurs ou louent des applications hébergées chez des prestataires.' L'accès DSL est un service à forte valeur ajoutée auxquels les opérateurs doivent s'intéresser en France ', confirme Tony Marson. ' On devrait voir
apparaître de plus en plus d'offres DSL avec différentes qualités de service ', renchérit Richard Mahony. Enfin, ' les services Ethernet sont appelés à croître, qu'ils soient proposés sur
des réseaux métropolitains ou longue distance, de niveau 2 ou 3, sur DWDM ou MPLS ', estime Tony Marson. Laurent Piau ajoute : ' Les offres de VPN Ethernet sont sous?"estimées et méconnues par
les entreprises. Beaucoup ont des boucles SDH à 155 Mbit/s. Or, Ethernet est moins cher, offre une meilleure granularité des débits et autorise des architectures de broadcast. '
La frontière entre VPN?"IP et Ethernet se brouille
Richard Mahony précise encore : ' Les solutions de VPLS (Virtual private LAN service) basées sur Ethernet sont appelées à se développer. Elles permettent aux entreprises de gérer elles?"mêmes leurs
routeurs et de créer leurs propres circuits dans le réseau. Cela convient aux applications qui n'utilisent pas IP, en particulier dans le secteur financier. '' La frontière entre les services de
VPN?"IP et Ethernet est en train de se brouiller, termine Tony Marson. Des opérateurs comme Colt proposent des solutions hybrides associant de l'Ethernet dans le c?"ur du réseau et des accès en VPN?"IP
dans les agences. 'Reste la révolution principale : la téléphonie sur IP. Elle convainc de plus en plus d'entreprises, sans qu'il s'agisse pour autant d'un raz?"de?"marée. ' Il n'y a
pas encore de maturité des entreprises autour des iPBX, ni de maturité des offres, et les terminaux restent coûteux, constate Emmanuel Cornuau, consultant chez Arthur D. Little. Or, les PME cherchent surtout à abaisser
leurs coûts. '' Nos clients PME?"PMI sont sceptiques en ce qui concerne le passage à la ToIP ', confirme Bruno Cunha, directeur marketing de l'opérateur Vivaction.
Des projets de très grande ampleur illustrent cependant le bon niveau de confiance atteint par cette technologie. On citera les 40 000 postes téléphoniques IP en cours de déploiement chez Airbus, ou les 70 000 postes IP de la
banque britannique Lloyds TSB.Comment sera réalisé le passage à la téléphonie sur IP côté WAN ? Utiliser l'infrastructure VPN?"MPLS de l'entreprise demeure peu fréquent. Le retour sur investissement d'un tel déploiement reste délicat,
alors que les entreprises sont plus que jamais attelées à réduire leurs coûts.
La téléphonie sur MPLS reste coûteuse
' Nous avons effectué plusieurs simulations pour des entreprises, confirme Pascal Lenchant, PDG de Neoditel, société spécialisée dans la réduction des coûts. Il n'était pas
financièrement intéressant de passer le téléphone sur MPLS, car il fallait augmenter la bande passante du réseau, demander une classe de service spécifique pour la voix et placer des passerelles derrière les PABX. ' Ce que
confirme vivement Alexandre Wauquiez, directeur marketing de l'offre entreprise de Neuf Cegetel : ' Passer la voix sur un VPN?"IP sur MPLS n'a aucun intérêt économique. Certes, les réseaux MPLS peuvent
transporter le téléphone, mais cela nécessite des extensions coûteuses. 'Chez Completel, Dina Chevènement, directrice marketing en charge des moyennes et grandes entreprises, note : ' Peu de nos clients ont adopté la voix sur IP sur MPLS. ' Cette solution
reste donc à manier avec précaution. ' L'équation économique de la voix sur MPLS dépend des flux sur le réseau, en particulier de l'importance des appels intersites, des appels internationaux et si l'on
veut réaliser un centre d'appels virtuel qui permettra de mieux distribuer les appels des clients ', précise Tony Marson.
Plusieurs scénarios de migration vers la ToIP
De fait, les opérateurs assurent la migration du téléphone d'entreprise vers IP par d'autres moyens. Plusieurs proposent d'installer un boîtier multiservice sur le site de l'entreprise afin d'y
raccorder le PABX existant ainsi que le réseau local via des liens IP sur SDSL. La migration vers la voix sur IP est ainsi progressive. L'offre s'appelle, par exemple, 9office chez Neuf Cegetel ou Téléphonie directe sur DSL chez
Completel (dans les deux cas, le boîtier multiservice provient de l'équipementier OneAccess).Il existe des offres similaires chez Altitude Telecom, Ipnotic, Colt, France Télécom, Nerim, Verizon Business (ex MCI?"Worldcom), Vivaction ou Telecom Italia. ' Notre offre est destinée aussi bien aux PME
qu'aux sites distants d'une grande entreprise, explique Alexandre Wauquiez. Les appels intersites sont illimités comme dans le cas de la voix sur MPLS, mais le réseau est prévu pour cela, et la mutualisation de
l'infrastructure autorise une meilleure réduction des coûts et plus d'évolutivité. ' L'offre doit encore progresser avec l'arrivée prochaine de services VPN sur ce même boîtier, car celui?"ci
ne propose pour l'instant que l'accès internet. Ce qui est également le cas chez Completel.Ce type de solution réconcilie les directeurs des achats, de plus en plus présents en matière de télécoms, et les férus de technologie et de nouveaux services. ' Grâce au dégroupage total, on raccorde le PABX de
l'entreprise directement au réseau d'un opérateur alternatif, se félicite Pascal Lenchant. On divise par deux le prix de l'abonnement à France Télécom avec des raccordements de type T0 (2 canaux) ou T2
(30 canaux). 'Les réponses de certains opérateurs vont bien au-delà du raccordement du PABX sur IP. Les approches proposées, notamment par Verizon Business ou France Télécom, résument bien les options de migration vers la ToIP. Pour les entreprises
multisites, le PABX pourra être connecté via une passerelle sur un VPN?"MPLS ou sur le réseau IP de l'opérateur. Autres possibilités, les PABX seront retirés des sites et remplacés par un seul PABX?"IP en central qui gérera tous les
services téléphoniques ou le PABX?"IP de l'entreprise sera raccordé directement au réseau de l'opérateur. Enfin, pour les PME-PMI, les PABX seront supprimés des sites en optant pour du Centrex IP.La convergence de la voix et des données devrait apporter, en outre, de nouvelles offres intégrées, facturées de façon forfaitaire à la façon des services grand public actuels. ' Les TPE et les petites PME en
particulier demandent de la transparence sur les prix, la simplicité des offres et des offres intégrées téléphonie fixe?"mobile?"Internet, remarque Emmanuel Cornuau. Futur Telecom propose ce type de
services. '' Les entreprises veulent de la visibilité sur leurs budgets et la fin des usines à gaz tarifaires avec des options non facultatives, reconnaît Alexandre Wauquiez. Elles veulent plus de
forfaits, sans une multitude de variables qu'elles ne savent pas mesurer. Nous venons de lancer, par exemple, un forfait pour des appels illimités locaux et nationaux (7 ? par mois et par utilisateur). '
Une gamme de services qui devrait s'étoffer du côté mobile, puisque Neuf Cegetel est MVNO sur le réseau de SFR.
Les opérateurs réagiront?"ils officiellement ou officieusement ?
En conclusion, les opérateurs ont intérêt à réagir vite, car les entreprises sont à l'affût des réductions de coûts. Ils risquent d'être débordés par des outsiders de la téléphonie logicielle comme Skype, ou par les
nouveaux opérateurs de Centrex IP. Dès lors, des opérateurs seront?"ils tentés par ériger des barrières à certaines formes de voix sur IP ? Orange, par exemple, interdit la voix sur IP sur la 3G dans son offre de nomadisme Business
EveryWhere.Quelle sera la réaction face à la montée en puissance, en particulier, de Skype ? Neuf Cegetel pousse sa filiale Wengo, mais déjà des spécialistes s'interrogent : ' Les opérateurs vont?"ils
tenter de contrer le phénomène Skype officiellement ou officieusement ? Ils pourraient dégrader subtilement la qualité de service du trafic Skype sans le dire '.
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