Les entreprises évoquent un manque d'informaticiens

Une majorité d'employeurs estiment qu'une pénurie de compétences en informatique les empêche de recruter dans ce secteur. Un constat que récuse le Munci, arguant que 26 000 informaticiens sont au chômage.
Selon l’enquête annuelle « Besoin de main-d’œuvre », réalisée par Pôle emploi, 62,3 % des sociétés interrogées anticipent des difficultés de recrutement. Près de 60 % prévoient des problèmes pour les profils ingénieurs, cadres d’administration et maintenance informatiques et pour les webmasters et développeurs. La situation est moins tendue pour les ingénieurs et cadres des télécommunications.
« Semestre après semestre, nos adhérents nous font part de leur difficulté à embaucher. Pourtant, il y a du chômage dans ce domaine. Nous sommes du reste décidés à tout mettre en œuvre pour enrayer le problème, et c’est dans ce cadre que nous avons conclu, avec Pôle emploi, une convention pour améliorer l’employabilité des inactifs et attirer les jeunes et les demandeurs d’emploi vers les métiers du numérique », déclare Guy Mamou-Mani, président de Syntec numérique. Car le paradoxe est là : d’un côté, des entreprises qui déplorent une pénurie de compétences ; de l’autre, 26 000 informaticiens sans emploi en 2011 (chiffre de la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques). Mais, pour Régis Granarolo, président du Munci (association professionnelle des informaticiens), « la pénurie n’existe pas. Il s’agit avant tout d’un manque d’attractivité du secteur dû à la déficience d’image des SSII (plus gros pourvoyeurs d’annonces), qui imposent une politique de ressources humaines flexibles, au détriment de la formation et de la gestion des carrières. »
Trop de turnover
L’autre source de tension est le turnover. Avec un taux de 15 % en moyenne, ce phénomène est deux fois plus important que celui de l’ensemble du marché du travail. Conséquence : sur les 30 460 recrutements de cadres IT réalisés en 2011, seuls 2 780 ont été des créations de postes, soit moins de 10 % du volume des embauches. Pour Guy Mamou-Mani, les entreprises clientes ont une grande responsabilité dans cette situation. « En exerçant des pressions sur les prix, les entreprises contraignent les SSII à bloquer les salaires et les plans de carrière. Résultat : les empoyés partent à la concurrence ou chez le client. »

De son côté, Régis Granarolo dénonce les comportements abusifs des SSII qui poussent les salariés à changer régulièrement d’employeurs. « Evolutions de carrière non choisies, gestion à court terme des effectifs, ruptures conventionnelles, licenciements, problèmes de management du personnel, conditions de travail difficiles (mobilité géographique excessive), salaires bloqués : autant d’explications à ce phénomène », dénonce-t-il.
Toutefois, selon le président de Syntec, les chiffres du chômage ne reflètent pas tout à fait la réalité, car « il serait bon, précise-t-il, de revoir le code Rome (Répertoire opérationnel des métiers et des emplois) utilisé par Pôle emploi pour cartographier les métiers de l’informatique. Cela éviterait, , par exemple, de compter comme informaticien un spécialiste de la maintenance des imprimantes. Il n’empêche qu’avoir des chômeurs dans un secteur qui recherche des candidats est une aberration », insiste-t-il.
Une forte sélectivité
Pour le Munci, la sélectivité des employeurs est sans aucun doute l’une des raisons de cette situation. Pour lui, les SSII recrutent principalement sur mission, en recherchant très souvent des « moutons à cinq pattes » ou des « spécialistes rares », dans le cadre d’appels d’offres clients au timing couramment serré. Et d’ajouter : « Les employeurs du numérique font preuve d’une forte sélectivité et de discrimination à l’embauche, principalement sur des critères d’âge (c’est l’un des secteurs où le taux de seniors est le plus faible), de diplôme (75 % des recrutements se font à bac + 5) et de durée d’inscription au chômage (difficile de trouver un poste au-delà de six mois d’inactivité). »
Un constat confirmé dans une étude réalisée par Pôle emploi fin 2011. « C’est dans les SSII que l’on observe les taux d’ancienneté les plus faibles, la moyenne d’âge (32-33 ans) et les taux de promotion les plus bas, ainsi que le nombre de recrutements et de départs le plus élevé… » Toutefois, rappelons que c’est en puisant dans le « vivier » des prestataires que les clients pourvoient à leurs besoins en recrutement.
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MUNCI
Le MUNCI vient de valider avec la DARES (Ministère du Travail) que le taux de chômage moyen dans nos professions de l?IT (Informatique-Télécoms) se situait au moins de décembre 2012 entre 7.8% (CAT. A) ET 9.8% (CAT. ABC) avec au total 57 000 demandeurs d'emploi dans nos métiers (base INSEE de 580 000 informaticiens) toutes qualifications confondues, ce qui remet largement en cause le mythe odieux de la « pénurie d'informaticiens » en France.
Un mythe qui porte un réel préjudice moral aux chômeurs de nos professions dont le nombre était en réalité notoirement sous-évalué à ce jour.
Communiqué du MUNCI : http://munci.org/IMG/doc/CP-MUNCI-26062013.doc -
ad-inferna
Je n'arrive pas à agrandir la photo de la carte de France. Etes vous, vous aussi, en pénurie d'informaticien compétent ?
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EXACTITUDEX
CHEZ LES SSII LES LICENCIEMENTS SONT LES PLUS FORTES
ET LES DÉMISSIONS EN PLEIN PROJET SONT TRÈS FRÉQUENTS -
wooodline
Je confirme que le métier de 'informatique attire moins les jeunes !! même si ils sont tj branchés !!
en tant que utilisateur oui , ça fait plaisir , mais en tant que informaticien , "il a fuit il tout compris !" -
SIOPIX
Effectivement :
la France ne manque pas d’ingénieur et technicien en TIC
le manque provient de ce sfacteurs :
1- les entreprises ( ssii ou client final ) cherchent très souvent des « moutons à cinq pattes » , fini l'époque de l'informaticien qui connait tout ( java , .net, smartphone , win , linux ...) ...noooo , maintenant avec la complexité des projets et leurs diversités l'informaticien SE SPECIALISE !!
2- le salaire ne suit pas le type de mission ... , les informaticiens en france sont sous payés !!
3-La qualité de vie chez les SSII et aussi chez d'autres entreprise qui ont leur propre DSI , trop de stress , esclavage masqué !
4- problème de stabilité d'emploi !! un informaticien à 40 ans n'a pas la même valeur qu'un jeune ( raison d'économie de dépense) -
Regis0906
40 000 recrutements et 15% de turnover, c'est quand-même un peu contradictoire avec toute idée de "pénurie"... vous trouvez pas ?
Si on avait peu de recrutements et peu de turnover, on pourrait penser qu'il y a pénurie, mais le marché du travail informatique est au contraire un marché extrêmement "fluide"... tout le contraire de la "pénurie" !
Je crois surtout qu'il y a vraiment pénurie... de bon sens et d'honnêteté chez nos dirigeants. -
visior64
La pénurie en question, c'est des ingénieurs avec 3-5 ans d'expérience que l'on paie au smic, oui !! sinon, il y a plein d'informaticiens qui n'ont pas de boulot ! Mais voilà... Faut les payer correctement... Et ça...
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MUNCI-08062012
"Selon le président du Syntec (numérique), les chiffres du chômage ne reflètent pas tout à fait la réalité car "il serait bon, précise-t-il, de revoir le ROME de Pôle-emploi pour cartographier les métiers de l'informatique. Cela éviterait, par exemple, de compter comme informaticien un spécialiste de la maintenance des imprimantes (?)"
Il semble que M. Guy Mamou-Mani ne soit pas au courant que la nomenclature ROME de Pôle emploi a été revue en 2009 : http://munci.org/De-nouveaux-codes-Rome-pour-les-metiers-IT-informatique-telecoms_art01564
Or, depuis cette révision, les postes liées au hardware et à la maintenance informatique, tel que le "spécialiste de la maintenance des imprimante", ont justement disparus !!!
Rappelons que M. Guy Mamou-Mani s'est chargé d'étudier les chiffres de l'emploi IT, avec un syndicaliste, au sein de l'Observatoire national du numérique?
A LIRE : http://munci.org/Presse-Les-entreprises-invoquent-un-manque-d-informaticiens
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