Et si, demain, la virtualisation du stockage se fondait avec celle des serveurs et celle du réseau ? Le ' tout-virtuel '
?" même s'il fait assurément peur aux entreprises
?" semble être une piste pour l'avenir. Datacore, l'un des pionniers de la virtualisation du stockage, reconnaît qu'' une approche plus unifiée a du sens. Les utilisateurs veulent profiter des bénéfices de la
virtualisation pour leurs infrastructures. Mais il n'existe, bien sûr, pas de solution unique pour répondre à leurs besoins ', constate son PDG, GeorgeTexeira. Les constructeurs se focalisent sur un aspect bien précis de la
virtualisation ?" serveurs, bandes, disques, applications, réseaux. Or, les entreprises cherchent désormais à tout virtualiser, tant les apports de ces consolidations sont importants, notamment en termes de coût et de facilité d'administration.
L'idée n'est donc pas aussi incongrue qu'elle en a l'air, même si elle semble difficile à mettre en ?"uvre ?" du moins, pour l'instant.
Une approche de longue haleine
Certains fournisseurs tentent pourtant déjà de construire une infrastructure virtuelle. A commencer par VMware, qui ne cesse de lier des partenariats avec l'ensemble de l'industrie ?" pour le stockage, les applications, et
autres. Ou encore Cisco, qui, comme un chef d'orchestre, imagine un commutateur central, allouant toutes les ressources en fonction des besoins d'une application, qu'elles soient liées au réseau (commutateurs ou équipements de sécurité), au
stockage, ou aux serveurs. Cet équipement existe déjà en partie, depuis le rachat de la technologie VFrame de Topspin par le géant. Mais celui-ci a encore du chemin à faire pour atteindre son objectif. Pour l'instant, VFrame reste limité aux
serveurs et aux outils Cisco. Personne ne sait si Cisco ou un autre parviendra à cette unification tant le projet est complexe, et nombreux les acteurs à concilier. Le problème principal reste le manque de standards, même si la Snia y travaille.
' La portabilité des logiciels de virtualisation est une condition sine qua non pour parvenir à l'interopérabilité des équipements ', ajoute George Texeira. Les éléments clés des logiciels de
virtualisation de demain devront, en effet, être universels. On n'y est pas. ' Aujourd'hui, la hache de guerre " virtuelle "
?" c'est le cas de le dire ?" entre les réseaux, les serveurs, et
le stockage est plus que jamais déterrée ! constate Thierry Paprocki, directeur commercial de LSI Logic France. Chacun cherche à démontrer que l'intelligence de la virtualisation doit figurer dans son domaine de
prédilection. 'Les fonctions de virtualisation intégrées au matériel
Et LSI Logic est le premier à le faire. Emulex et lui, tous deux spécialistes des cartes réseaux et des contrôleurs dédiés au stockage, prônent l'intégration des fonctions de virtualisation du stockage directement dans le
matériel. D'ici à deux ans, LSI Logic envisage de proposer un contrôleur incluant toute la virtualisation ?" grâce, par exemple, à un Asic dédié. Ce contrôleur intelligent devrait ainsi pouvoir présenter un espace de stockage virtuel à un
serveur, ou à un groupe de serveurs. Une chose réalisable parce que les processeurs auront monté en puissance. En effet, d'ici là, les fondeurs auront proposé des octoc?"urs, qui auront été les bienvenus. ' La virtualisation
est gourmande en puissance et en temps de calcul. C'est pourquoi l'intégrer dans le matériel aide à gagner en rapidité sans monopoliser les ressources des équipements de stockage eux-mêmes ', assure Thierry Paprocki.L'idée n'a rien d'étonnant. Elle est même commune dans l'informatique. En témoigne, par exemple, la cryptographie dans le domaine de la sécurité. Intel et AMD adoptent aussi cette approche. Ils ont déjà intégré un jeu
d'instructions dans leurs processeurs, visant à accélérer la virtualisation de serveurs de type VMware. Emulex commence, lui aussi, à inclure des fonctions de virtualisation de serveurs au sein de ses drivers. Et il n'exclut pas d'en faire autant
pour le stockage.In fine, le principe de la virtualisation du stockage incluse dans le matériel ne fera que complexifier l'offre de virtualisation pour des entreprises déjà quelque peu déroutées. Certains acteurs repoussent même cette idée
d'intégration, invoquant une absurdité : la virtualisation est faite pour saffranchir du matériel, et non pour être intégrée dans ce dernier.