Jusqu'ici, nombre d'entreprises envoyaient leurs informaticiens dans des formations à la gestion de projets généralistes de cinq jours. La situation pourrait changer. En effet, les entreprises tendent à raccourcir la durée des
sessions et à mieux les cibler.
' Nous avons revu tous nos modules de formation en cinq jours pour les ramener à deux ou trois jours. Pour cela, nous couplons le présentiel à l'e-learning, surtout pour tout ce qui a trait aux
définitions et au vocabulaire. Et chaque module est consacré à l'approfondissement d'un sujet donné ', note Dominique Silvestre, responsable formation de Capgemini France. Les formations généralistes qui courent sur cinq
jours coûtent moins cher que deux sessions spécialisées de deux et trois jours, mais elles ne délivrent qu'un vernis, et n'entrent pas dans le détail.
' Dans les faits, elles traitent de management technique et des outils de
gestion de projets. En 2008, nous mettrons en place des formations ciblées, répondant aux problématiques humaines et organisationnelles du chef de projet, et portant sur le management comportemental ', indique Laurent
Benazera, responsable RH de la société de services Open IT. Son but : faire travailler les participants sur le rapport à la confiance en soi, l'efficacité personnelle, la gestion de crise ou de conflit, la dynamisation d'une équipe. Une vision
que semble partager Julien Schott, responsable RH du cabinet de conseil BFD.
' Nous allons nous concentrer sur le facteur humain, car c'est souvent de là que découlent les problèmes. Un chef de projet doit ainsi apprendre à
dire non, et savoir reconnaître ses erreurs. Une telle approche, plus complexe, impose d'intervenir sur le savoir être, et non plus sur le seul savoir-faire. ' Parmi les sujets phares, figure la communication.
' Nous tentons de sensibiliser les chefs de projet à l'importance des mots et des concepts, qui ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Une fois le langage métier clarifié, il est possible d'aller deux fois plus
vite ', considère Julien Schott. La communication devient aussi très importante au sein des équipes projet avec le développement de l'offshore et du nearshore.
Mieux gérer le stress
Ainsi, une société telle Capgemini, qui travaille de plus en plus avec l'Inde et le Maroc, commence à former ses chefs de projet à ces nouveaux environnements. La SSII donne à ses équipes un bon niveau d'anglais pour assurer une
bonne compréhension entre les chefs de projet et éviter les quiproquos. Elle impose aussi le respect d'une méthodologie de conduite de projet commune.
' Depuis septembre, nous avons mis en place un module consacré à la culture
des pays avec lesquels nous travaillons, toujours dans le but de limiter les incompréhensions. Par exemple, un chef de projet français doit saisir que la culture de son homologue indien l'empêchera souvent de lui dire non ',
précise Dominique Silvestre. Face à des clients réclamant des délais toujours plus courts, avec des coûts et une qualité maintenus, les équipes projets subissent un stress croissant.
' Nos collaborateurs ressentent le besoin
d'apprendre à gérer ce stress ', ajoute le responsable formation de Capgemini. La SSII a donc mis en place un module pour aider les chefs de projet à réduire leur stress face à leurs équipes et leurs clients. Devant l'afflux
des demandes, ce module conçu à l'origine pour des directeurs de projets va s'étendre à de nouveaux profils.Les entreprises prennent donc conscience que leurs chefs de projet sont aussi à la tête d'équipes importantes, et qu'elles donc doivent leur fournir toute une palette d'outils RH, que, le plus souvent, ils ne maîtrisent pas.
' Il faut les sensibiliser de plus en plus aux aspects sociaux et RH de leur métier. Nous leur apprenons à mener les entretiens annuels, à mesurer le respect ou non des objectifs d'un collaborateur,
etc. ', stipule Dominique Silvestre.
' Nous donnons à nos chefs de projet une base RH pour qu'ils mesurent l'efficience d'un collaborateur et vérifient sil correspond bien aux besoins du projet sur les
plans technique et humain ', confirme Laurent Benazera. On le voit, les formations dédiées aux chefs de projet ont donc encore un bel avenir devant elles !
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