Le modèle selon lequel une entreprise en bonne santé redistribue une partie de ses bénéfices sous forme sociale et environnementale est obsolète. Pour une raison simple : en un demi-siècle, l'environnement économique a été bouleversé. Alors que l'augmentation du prix des matières premières n'avait jusqu'alors que peu d'impact sur l'activité des sociétés, la tendance s'inverse et le coût d'accès aux ressources est susceptible de devenir un frein. Un changement de paradigme est donc à opérer : pour être performante financièrement, une entreprise doit, en amont, prendre des dispositions sociales et environnementales. D'où l'importance de la mesure des données extra-financières : consommation énergétique et des matières premières, empreinte carbone, conditions de travail…, aussi bien en interne que chez les partenaires.
“ Il s'agit donc d'adopter les outils les mieux à même de collecter les données afin que l'entreprise définisse des plans d'action et des objectifs à dix ans ”, explique Thomas Ruaudel, responsable du développement durable chez Accenture France.
Un processus en trois étapes
L'indicateur extra-financier influence de près ou de loin le système d'information (SI), en fonction de la maturité de l'entreprise en matière de développement durable. En effet, le processus de mesure et d'exploitation de données extra-financières se décompose en trois phases. Dans un premier temps, l'élaboration : quelles informations rassembler, pour quel type de communication ? Quels outils utiliser ? Ensuite la collecte, la consolidation et la validation des renseignements.
“ A ces deux étapes, tant que les données sont peu nombreuses, travailler sur Excel peut se révéler suffisant. Dès que le volume atteint une certaine importance, l'entreprise a besoin d'un système de collecte cohérent et ergonomique ”, analyse Patrick d'Humières, président et fondateur de l'institut RSE Management. Les prix des solutions oscillent entre 100 000 euros, pour des produits types du marché, et plus de 300 000 euros pour des outils ad hoc plus sophistiqués. Et ce, sans compter les coûts de maintenance, de développements spécifiques, etc., qui alourdissent parfois la facture de quelques dizaines de milliers d'euros supplémentaires. Enfin, et c'est la dernière étape, les éléments récoltés nécessitent d'être vérifiés et communiqués.
“ Dans tous les cas, les coûts d'un système de reporting extra-financier ne représentent que 1 à 2 % du coût d'un système de reporting financier. L'investissement ne saurait donc constituer un frein à la mesure de ces informations ”, estime Fabrice Bonnifet, directeur développement durable & QSE groupe chez Bouygues.
Impliquer la direction générale
L'objectif est donc de convaincre la direction générale d'investir dans un SI du développement durable plus ou moins sophistiqué, mais aussi de l'impliquer dans cette politique de mesure de données extra-financières. Investisseurs et chefs d'entreprise ont traditionnellement les yeux rivés sur les informations financières.
“ Il faut donc relier chaque indicateur à une ou plusieurs données financières ”, conseille Rodolphe d'Arjuzon, directeur de Verdantix. Enfin, les mesures peuvent être exploitées pour rechercher les meilleures pratiques sectorielles sociales et environnementales entre sociétés concurrentes. Le développement durable agira alors comme un catalyseur de la compétitivité.
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