En matière d'infogérance, les acteurs poids lourds sont bien connus, qu'il s'agisse d'IBM Global Services, HP, Atos Origin, EDS, CSC, Steria ou Cap Gemini.Or, en parallèle, une génération de prestataires de taille plus réduite, allant en majorité du poids plume au poids léger, trace sa route. Elle sert la clientèle des PME-PMI dont les serveurs ?" même standards ?" réclament un entretien continu. ' À partir de trente personnes, une PME doit sortir de la formule de la régie pour embaucher un informaticien à temps plein, observe Hervé Billard, p-dg de l'infogérant Global SP. Pour autant, ce dernier ne saurait, à lui seul, garantir le niveau de disponibilité requis ni éviter les prototypages ratés ou les bricolages. ' D'où le recours à l'infogérance, afin de disposer d'un service garanti pour un coût fixe mensuel (par utilisateur ou par serveur) abordable, puisque établi sur des infrastructures et des compétences mutualisées entre le plus grand nombre. Sur site ou transférées dans un centre informatique tiers, les machines seront supervisées, dépannées, exploitées et tenues à jour. Les prestataires qui s'intéressent à ce marché sont d'origines très diverses. Global SP à Paris, FMI à Bron (69), Arkenis à Issy-les-Moulineaux (92) ou Ares à Courtaboeuf (91) ont démarré à partir de la vente et de l'intégration de systèmes, bientôt complétées d'une offre de services à distance. D'autres, comme Soft2you à Montrouge, se spécialisent dans les applications Microsoft délivrées en ASP, et y associent l'infogérance de serveurs hors site. Oxya, lui, s'est centré sur l'infogérance de serveurs SAP, sur ou hors site. Intrinsec s'est appuyé sur ses services de sécurité administrés pour lancer une offre d'exploitation sur et hors site d'une large gamme de serveurs applicatifs (Exchange, GroupWise, Notes, Qmail, Postfix, JD Edwards, SAP, Oracle, SQL Server et MySQL). Certains de ces acteurs ont débuté dans cette activité à la faveur de la nouvelle politique d'éditeurs comme Microsoft (programme Service Provider Licence Agreement), visant à faciliter la gestion des licences en mode hébergé.
Vers des tarifs plus modulaires
L'infogérance hors site des serveurs s'apparente alors à la fourniture d'applications en ligne (ASP). Elle s'en distingue néanmoins. ' Ce sont les applications du client que nous produisons en ligne, précise Hervé Billard. Il est le titulaire des licences logicielles. ' Les services Exchange ou Office sont alors opérés sur des serveurs mutualisés. Le reste (Sage, SAP, Navision, Oracle, SQL Server...) repose sur des machines dédiées. Chez Soft2you, le directeur commercial, Dominique Retoux, fait le distinguo suivant : ' Nous proposons Exchange, SharePoint et Dynamics CRM de Microsoft en ASP. Mais nous infogérons les serveurs que leurs éditeurs ne permettent pas de mutualiser : Domino, SQL Server, Oracle, Citrix ou les applications fonctionnant sur.NET. Nous opérons aussi des logiciels dédiés sur des plates-formes mutualisées comme l'application collaborative Affinitiz Entreprise. ' Oxya, pour sa part, propose tout type d'infogérance. Le plus souvent, les machines restent la propriété du client et sont transférées dans ses centres informatiques. La mise en ligne de SAP est alors assurée pour un forfait mensuel tout compris (serveur, administration, etc.). Hors licences toutefois, ' car elles sont toujours négociées entre l'entreprise et SAP ', rappelle François Destrez, le directeur technique.Le forfait mensuel par serveur domine. ' Nous fournissons une prestation complète forfaitisée par serveur métier (SAP, Navision, bureautique ou autre PGI) ', explique Ludovic Foreau, directeur d'ExternAll. ' La facturation évolue vers la prise en compte d'une application plutôt que d'un serveur, plusieurs applications se partageant désormais un même serveur ', note toutefois Jean-Luc Roisenfeld, directeur avant-vente infogérance de Communication & Systèmes. Les clients, eux, réclament des tarifs plus modulaires. ' Pour une compagnie sucrière, notre service a un coût différent selon la saison plus ou moins critique pour la production ', illustre-t-il. D'autres négocient, par exemple, une facturation à la boîte aux lettres Exchange. Et, pour les offres autour des iSeries chez C & S, le service est facturé à la puissance machine consommée. Chez Oxya, une dizaine de clients a opté pour une facturation par tranche de cinquante à cent utilisateurs. Les cibles de ces prestataires se recoupent peu ou prou. Global SP vise les PME jusqu'à cent soixante utilisateurs (avec une moyenne de 50). Soft2you cible surtout les PME et les filiales ou départements de grandes entreprises (de 20 à 500 collaborateurs). L'infogérance l'emporte encore à hauteur de 80 %, mais Soft2you veut accroître le mode ASP. FMI vise les entreprises de cent à mille postes. Il gère mille serveurs dédiés de trois cents entreprises, sur et hors site. ExternAll opère une centaine de serveurs métiers pour une trentaine de clients. Il privilégie les entreprises moyennes de deux cents à deux mille utilisateurs. Un intégrateur et infogérant comme SCC entend accueillir dans son principal centre d'hébergement toute entreprise en environnement Windows principalement, à partir de cent cinquante postes.Plus gourmand, Intrinsec prend en charge des batteries complètes de serveurs. Sur site, ses meilleurs clients sont Andra (70 serveurs), un hôpital (80 serveurs) et Réseau Ferré de France (160 serveurs). À Nanterre, il héberge l'Agence nationale de la recherche (6 serveurs) et le greffe du tribunal de commerce de Paris (4 serveurs). Arkenis a une vingtaine de clients, dont Lapeyre, Easyvoyage, Vet'affaires et Cultura. À Lognes, Altaïr accueille plutôt les serveurs métiers ou client-serveur sous Citrix, déjà consolidés, pour les compacter sur des machines pSeries à micro-partition ou des serveurs en lames. Ares cible les entreprises de taille moyenne à partir de vingt postes. C & S, pour sa part, voit la moitié de sa clientèle formée de PME. Et chez Oxya, ce pourcentage monte à 90 %.Tarifs et pratiques
À titre d'exemple, les tarifs sont de 80 à 90 euros par mois et par utilisateur chez Global SP pour Office, Exchange et Sage. Ils devraient décroître avec la croissance du parc hébergé, jusqu'à passer sous la barre des 50 euros par mois et par utilisateur. Chez Soft2you, le serveur dédié, maintenu en 24 heures sur 24 7 jours sur 7 pour 99,5 % de disponibilité, est facturé à partir de 395 euros par mois. Le tarif est dégressif : il descend à 10 000 euros par an pour une ferme de dix à quinze serveurs. Enfin, on peut être de taille modeste et appliquer les meilleures pratiques. SCC, Arkenis ou Altaïr se revendiquent ainsi d'Itil ou de son équivalent chez Microsoft (Operations Framework). D'autres mettent en avant des outils maison. FMI exploite FMI Dump, qui recueille chaque nuit les données systèmes (antivirus, espace disque et sauvegardes) et intervient si nécessaire. Intrinsec s'appuie sur son outil RTMS (basé sur les alertes SNMP), faisant l'économie des sondes pour Patrol ou Tivoli. RTMS déclenche automatiquement des alertes de seuil. À l'inverse, Natexis Altaïr associe des supervisions Patrol et Systar WideVision Alert. Oxya, enfin, utilise les outils intégrés de SAP pour l'administration. ' L'externalisation des serveurs ne se discute plus. Elle se banalise, à l'instar de lentretien des locaux ', résume Hervé Billard.