Le fossé entre le marché de l'emploi francilien et régional tend-il à se réduire ?Rachel Brunet : En tant que site d'emploi spécialisé en informatique et organisateur de salons de recrutement partout en France, nous remarquons, chaque année, une différence entre le volume d'emploi en Ile-de-France et en région. Toutefois, cet écart tend à s'atténuer d'année en année. On peut donc supposer qu'en 2008 cette tendance de lissage se confirmera encore. Les 20 % de croissance de recrutement du secteur informatique annoncés au niveau national devraient afficher moins de disparité entre Paris et le reste de l'Hexagone.
Quelles seront les régions les plus actives pour les recrutements en 2008 ?RB : Depuis plusieurs années déjà, la France affiche cinq grands pôles d'activité : la région Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), Toulouse, le Grand Ouest autour de Nantes et de Rennes et le Nord de la France. Sur
Lesjeudis.com, 35 % de nos offres sont issues de ces zones. Nous pouvons légitimement penser que cette configuration sera sensiblement la même demain. La technopole de Sophia-Antipolis, par exemple, compte à elle seule quelque 1 260 entreprises et représente, sur la région Paca, le vivier le plus important en termes d'embauche. D'autres pôles de compétences, comme celui des télécoms en Bretagne ou l'aéronautique à Toulouse, continueront d'être dans les mois à venir des poumons du marché de l'emploi.
Verra-t-on de nouveaux rivages s'inscrire dans cette dynamique ?RB : Parfaitement, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous allons, dès cette année, relancer notre salon de Strasbourg, fermé au début de l'an 2000, et ouvrir, courant 2008, une nouvelle manifestation à Bordeaux. Ces deux régions connaissent actuellement une reprise de l'activité économique qui se traduit par une recrudescence des offres d'emploi à destination des informaticiens.
Les profils recherchés seront-ils différents d'un lieu à l'autre ?RB : A l'exception de Toulouse, qui recrute en masse des ingénieurs industriels, les autres régions ont des typologies de profils assez identiques. Quant aux spécificités recherchées, nous pouvons déjà supposer que les entreprises continueront de s'arracher les ingénieurs spécialisés en technologie Java-JavaEE et .Net, mais aussi des développeurs, des architectes réseaux ou des jeunes ingénieurs dotés de compétences PGI. Sans oublier des diplômés d'écoles de commerce dans le conseil.
Est-ce que la tendance des écoles à s'implanter en province va s'accentuer ?RB : Conscientes que les régions constitueront, à terme, des opportunités d'emploi pour leurs jeunes diplômés, certaines écoles d'informatique ont ouvert d'autres antennes en région. Supinfo, par exemple, compte actuellement 22 sites basés sur le territoire national. Il envisage d'en ouvrir six de plus d'ici à la fin 2009. L'Epitech, qui en compte déjà sept, devrait en ouvrir finalement une petite dizaine supplémentaire. Toutefois, quantité de grandes écoles d'ingénieurs sont basées en Ile-de-France et ont une propension à alimenter les entreprises de la région parisienne.
L'attrait de l'Ile-de-France pour le premier emploi va-t-il perdurer ?RB : Les jeunes diplômés ont effectivement tendance à intégrer des sociétés à Paris ou dans sa région, car il est plus prestigieux d'intégrer le siège social d'une grande entreprise qu'une filiale en province. Par ailleurs, l'évolution de carrière compte beaucoup : de tout temps, les ingénieurs qui ont débuté à Paris ont des propositions bien plus attrayantes que ceux restés plusieurs années ailleurs en France.
Depuis quelque temps, on observe un retour des ingénieurs en province. Ce phénomène va-t-il se renforcer ?RB : Après avoir fait leurs armes dans des grandes entreprises en région parisienne ou dans des sociétés à l'étranger, beaucoup de cadres souhaitent retrouver soit leur terre natale, soit s'installer dans des villes à taille plus humaine. Ce mouvement n'en est qu'à ses débuts parce qu'au-delà de l'aspiration des ingénieurs à allier vie professionnelle et vie personnelle, ils bénéficient maintenant de tous les nouveaux outils de communication ?" internet, visioconférence, TGV ?" qui font tomber les distances et mettent la province aux portes de Paris. Les entreprises ont dailleurs de plus en plus tendance à ouvrir des bureaux en province. Une façon, pour elles, de satisfaire cette demande et de réduire leurs coûts de fonctionnement.
Votre opinion