Les investissements d’Amazon pèsent lourdement sur ses résultats

Un chiffre d’affaires en hausse de 23 % à 19,34 millions de dollars pour son deuxième trimestre, mais une perte de 126 millions et une chute de l’action en bourse de 10%. Le marché accorde toujours sa confiance à Amazon qui investit lourdement pour innover mais sa patience commence à s'émousser.
La chute de 10% de l’action Amazon quelques heures seulement après l’annonce de ses résultats financiers du deuxième trimestre témoigne de la déception des marchés à l’égard de l’un des fleurons de la nouvelle économie. Même si le chiffre d’affaires des trois derniers mois qui s'élève à 19,34 milliards de dollars, en hausse de 23 %, reste en ligne avec les prévisions, la perte nette de 126 millions donne un goût amer à la croissance du géant américain.
D’autant qu’Amazon n’en reste pas là, et annonce déjà la couleur pour le prochain trimestre avec de nouvelles pertes comprises entre 410 et 800 millions de dollars. Bien loin des 25 millions de pertes d’exploitation de l’an passé et qui s’ajoutent surtout aux 15 autres millions de ces trois derniers mois et aux 79 millions du premier trimestre. Amazon justifie ces résultats par les importants réinvestissements réalisés pour maintenir son rythme d’innovation, rester compétitif et étendre ses activités. Ce que le marché a jusqu’ici supporté, acceptant au fil des ans de faibles bénéfices, voire des pertes. Mais au regard des premières réactions ce matin, et notamment de la bourse, cette patience pourrait atteindre ses limites.
Un rythme d'innovations technologiques soutenu
Les plus conservateurs risquent même de mal digérer leurs croissants ce matin en apprenant qu’Amazon s’apprête à poursuivre ses lourdes dépenses. Ainsi celles consacrées aux technologies et activités de contenus ont augmenté de 40 %, atteignant 2,2 milliards de dollars. Ce que confirme le directeur financier d’Amazon, Tom Szkutak, qui a clairement indiqué, lors de la conférence téléphonique donnée à la presse et aux analystes, que le géant américain prévoyait de dépenser 100 nouveaux millions de dollars au troisième trimestre dans la production de contenus vidéos. Six nouvelles séries télés sont ainsi annoncées, gratuites pour les membres « Prime » des comptes Amazon (l’abonnement annuel est compris entre 79 et 99 dollars et des estimations voient le nombre d’abonnés passer de 32 millions à plus de 100 d’ici cinq ans).

Et c’est justement cette capacité d’innovation et cette stratégie à tirer tous azimuts qui plaît à une frange d'analystes, dont certains demeurent beaucoup plus optimistes sur l’avenir d’Amazon. Pour eux, c'est plutôt une bonne chose que la firme américaine démultiplie ses efforts pour rester en contact direct avec ses clients.
Nous avons ainsi vu cette année le lancement d’un décodeur pour visionner des vidéos en ligne, l’annonce de nouveaux services d’abonnements pour écouter de la musique en streaming ou pour louer des livres électroniques. Amazon travaille aussi sur de nouvelles offres de livraison à domicile (son métier de base), le dimanche sur 25% du territoire US, ou en moins de 48h sur l’Europe. Il a aussi fait réagir avec le gros coup médiatique du drone capable de livrer des produits à domicile (voir photo). Jeff Bezos, son PDG, parie enfin beaucoup sur son nouveau smartphone, le Fire Phone. Malgré un marché déjà bien fourni avec la suprématie affirmée de Samsung et Apple et un accueil mitigé, Amazon joue la carte du smartphone « propriétaire », intégrant en natif tous les services de l’entreprise et simplifiant surtout l’acte d’achat pour les consommateurs… dans la boutique Amazon bien entendu.
Reste enfin un autre axe de croissance pour Amazon qui porte en partie sur le volet entreprise avec ses offres cloud AWS, utilisées par de nombreux grands comptes à travers le monde. La dernière innovation Amazon Web Services (AWS) propose ainsi des services à destination des développeurs d’applications mobiles. Amazon espère ainsi se hisser au niveau de Microsoft et de l'Azure Mobile Services ou même de Facebook, qui a racheté la plate-forme de développement Parse, à cet effet.