Les limites de la convergence télécoms-informatique

Le rachat des pôles informatiques de Colt Telecom par Devoteam pose les limites du rapprochement entre services informatiques et télécoms.

' Le rapprochement entre Colt et l'ensemble Apogée Communications et Asthéa Ingénierie [qui constituait auparavant le groupe Fitec ­ NDLR] n'est pas aussi surprenant qu'on pourrait le croire ', déclarait voilà deux ans Philippe Martel, alors en charge de l'activité internet de l'opérateur Colt. Deux ans après le rachat de ces sociétés ­ payées 28,7 millions d'euros ­, le constat n'est plus le même, et Colt revend l'ensemble de ses services informatiques à Devoteam. ' Toutes les convergences ne se sont pas réalisées, reconnaît Emmanuel Tricaud, en charge de la réglementation chez Colt. Notamment dans le domaine du conseil en architecture de réseaux. En revanche, elles se sont opérées dans le secteur de l'administration. ' Aujourd'hui, le pragmatisme semble prévaloir chez l'opérateur. Et l'on revient au schéma antérieur, à savoir le retour au mode des partenariats.

T-Systems et France Télécom s'y sont aussi frottés, sans succès...

Mais Colt n'est pas le seul à s'être fourvoyé dans cette voie. En effet, T-Systems avait acquis Siris en France pour se rendre compte ­ également deux ans plus tard ­ que la convergence n'était pas au rendez-vous. Résultat : le géant allemand a revendu la partie télécoms à LDCom, après avoir perdu plus de 1 milliard d'euros. France Télécom s'était également frotté au monde de l'informatique avant de reculer à son tour. ' L'aventure FTLIS [France Télécom Logiciels et Systèmes ­ NDLR] nous a permis de prendre conscience que les métiers d'opérateur et de SSII étaient bien différents ', déclarait Jacques Champeaux, alors en charge de l'activité entreprises chez l'opérateur historique.

... mais certains y croient encore

Aujourd'hui, Equant semble pourant reprendre le chemin du conseil et de l'intégration (lire 01 Informatique, n?' 1753, p. 26). C'est aussi le cas de BT, qui se transforme peu à peu en société de services technologiques en tout genre, et qui se présente de moins en moins comme un opérateur télécoms pur et dur, comme on le connaissait voilà quelques années. Ce sont donc bien deux écoles et deux stratégies qui s'affrontent encore aujourd'hui, alors que tous les acteurs s'accordent pour dire qu'il est impossible de tout faire par soi-même dans ces domaines.

Des entreprises frileuses face à la convergence

La vente des activités informatiques de Colt et celle de Siris à LDCom tendent à confirmer une étude du département télécoms de TNS Sofres. Celle-ci estimait que si 92 % des entreprises interrogées s'attendent à recevoir un soutien accru des opérateurs et des SSII pour mettre en place et développer des solutions de convergence, elles ne sont que 59 % à croire à l'interlocuteur unique. L'étude met également laccent sur le fait que, en 2001, seules 12 % des entreprises reconnaissaient avoir mis en place des solutions convergentes.