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Restructurée durant la crise, l'industrie des technologies de l'information indienne repart sur une croissance à deux chiffres. SSII globales, Wipro, Infosys ou TCS se battent sur les mêmes marchés que leurs concurrentes occidentales.
C'est peu dire que l'informatique indienne a tourné la page de la crise. Avec 19 % de croissance en 2010, contre “ seulement ” 5,4 % en 2009, elle a repris sa marche en avant. Plus forte que jamais. Selon le Nasscom, le Syntec numérique indien, l'industrie des technologies de l'information (IT) et de l'externalisation des processus métier (BPO) pèse 6,4 % du PIB national en dégageant un chiffre d'affaires de 76 milliards de dollars, dont les trois quarts sont réalisés à l'export. Elle a créé pas moins de 240 000 emplois l'an dernier, contre 90 000 en 2009. En 2011, elle devrait poursuivre sur une croissance à deux chiffres, portée par un objectif de 88 milliards de dollars (+ 15,7 %).Des chiffres qui donnent le tournis. Pas en Inde. Le pays accapare la première place des derniers palmarès des destinations offshore établis par Gartner et AT Kearney. Disponibilité des compétences, infrastructures, éducation, salaires, stabilité économique et politique, sécurité des données, respect de la propriété intellectuelle… Le sous-continent survole l'ensemble des critères depuis une vingtaine d'années.Mais le bon élève rêve de changer de stature. Le Nasscom l'a annoncé tout de go : les SSII indiennes devraient atteindre un chiffre d'affaires de 225 milliards de dollars à l'horizon 2020. Soit une multiplication de l'activité par trois en dix ans. Pour cela, l'Inde doit quitter une fois pour toutes la peau du simple exécutant.
La localisation est secondaire
En commençant par bannir le terme, jugé impropre, d'“ offshore ”. “ Nous sommes une SSII globale dont le siège est basé en Inde ”, rectifie Christophe Martinoli, directeur général France de Wipro. Avec un Capgemini ou un Steria qui emploient plus de salariés indiens que de français, la question de la localisation devient secondaire. Ils se battent de toute façon sur les mêmes comptes du Fortune 1000. “ Mais nous avons un atout supplémentaire : l'agilité, poursuit Christophe Martinoli. Les structures de management chez Wipro sont légères, ce qui favorise la réactivité. Entre moi et mon CEO, il n'y a qu'un niveau hiérarchique. ”La crise a aussi permis aux SSII indiennes de se structurer. On les disait fortement exposées aux marchés anglo-saxons ? Qu'à cela ne tienne, elles ont jeté leur dévolu sur l'Europe continentale. L'Allemagne et, dans la moindre mesure, la France sont perçues comme des relais de croissance, des “ pays émergents ”. Apprenant aussi de leurs erreurs sur le marché hexagonal, les SSII indiennes ont francisé leur front office pour atténuer les différences culturelles et linguistiques. Wipro emploie 300 collaborateurs en France avec des sites en région (Rennes, Toulouse). TCS ambitionne de doubler son effectif dans l'Hexagone : près de 200 personnes de plus d'ici à 2012. Dans les deux cas, les équipes comprennent une majorité d'autochtones. Une seconde vague arrive en France avec les sociétés de taille moyenne, que ce soit en direct (Mindtree, Genpact) ou via des partenariats (Defiance Technologies, ITC Infotech).
Rachat d'une SSII européenne en vue
Mais pour faire sauter le verrou, rien ne vaudrait une bonne acquisition. Serpent de mer depuis cinq ans, le rachat d'une SSII locale se fait pressant. “ Les Indiens sont positionnés sur tous les dossiers ”, observe Christine Nayagam, du cabinet PAC, qui verrait bien Wipro faire une acquisition majeure en Europe cette année. L'Inde sait jouer les consolidateurs. Elle l'a montré dans la sidérurgie en rachetant Arcelor et Chorus, ou dans l'automobile (Jaguar Land Rover).
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