Les managers paraissent démunis face à la montée des revendications religieuses
Entreprise et religions, le dernier tabou
La réflexion actuelle du gouvernement sur la laïcité, après la loi sur la burqa et le débat sur l'identité nationale, trouve des prolongements en entreprise. Les revendications religieuses laissent démunis nombre de managers. C'est ce qui ressort d'une étude du cabinet First&42nd intitulée “ Entreprise et religion : état des lieux, problématiques et acteurs ”. Au cours de cette enquête, la consultante Anne Lamour a mesuré combien le sujet était tabou.Les demandes émanent majoritairement de la communauté musulmane, la population maghrébine étant fortement représentée en France. “ Le risque est grand de pointer une religion et de basculer dans le politiquement incorrect. ” A cela s'ajoute une méconnaissance du sujet. Nombre de sociétés pensent, à tort, que la loi de 1905 sur la laïcité s'applique aussi au bureau. Peu disert, le code du travail reconnaît au salarié une expression libre de sa religion s'il n'en abuse pas, ou ne verse pas dans le prosélytisme. La jurisprudence, elle, donne raison en alternance au salarié et à l'employeur. La Halde (Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité), quant à elle, est perçue comme étant “ anti-entreprises ”.A défaut de cadre, des sociétés dotent leurs managers d'outils d'aide à la décision. Ainsi, France Télécom a publié un document répondant aux questions les plus fréquentes de type : “ Peut-on demander à un salarié de retirer un signe religieux trop visible ? ” Anne Lamour préconise, elle, de mettre en place une grille d'aide à la décision. “ Sur la base de cinq ou six critères, le manager évalue si la demande ne remet pas en cause la sécurité, l'hygiène, la santé de l'individu, l'organisation du travail ou le bien-vivre ensemble. ” D'autres revendications peuvent être aisément satisfaites, comme manger casher ou halal à la cantine.
Votre opinion