Plus grand port de commerce français, Le Havre représentait l'étape idéale pour accueillir le forum Seagital début juin. Cette première édition d'un salon consacré à la “ marétique ” (terme qualifiant le rapprochement entre professionnels de la mer et IT) a réuni, pendant deux jours, des représentants des ports de commerce, de la construction navale et de la Marine nationale, des armateurs, qui ont côtoyé des spécialistes du numérique ainsi que des éditeurs de logiciels de simulation et de serious games.
Un milieu relativement inexploré par les acteurs informatiques
L'enjeu est de taille pour ce milieu peu courtisé par les acteurs informatiques. “ La machine la plus complexe techniquement n'est pourtant ni une formule 1, ni une fusée, encore moins un A380 : c'est un sous-marin nucléaire lanceur d'engins ”, souligne Eudes Riblier, président de l'Ecole nationale supérieure maritime et de l'Institut français de la mer. Et François Leguern, président des Pilotes du port du Havre, ajoute : “ Piloter un navire porte-conteneurs de 400 mètres de long avec seulement 14 hommes d'équipage sans être assisté par des moyens informatiques est inimaginable. ” De son côté, la Marine nationale qui a certes introduit l'informatique sur ses navires depuis longtemps, doit fournir un effort supplémentaire afin d'aider les équipages. Ces derniers vont en effet être divisés par deux sur les futures frégates de la flotte. Les techniques numériques interviennent aussi dans la conception des navires. L'écoulement des fluides sur les carènes des bateaux est modélisé sur ordinateur, évitant la construction de coûteuses maquettes. Les sociétés K-Epsilon ou Hydrocean travaillent ainsi sur des projets de modélisation numérique pour simuler le mouvement du liquide contenu dans les cales des navires méthaniers pendant leurs traversées ou l'écoulement des fluides sur les hélices. Des programmes dont bénéficient les navires de pêche. K-Epsilon simule aussi l'installation d'un bulbe à l'avant de l'étrave pour réduire la consommation de carburant.Autre tendance du salon Seagital, les serious games, plébiscités pour la formation. Ainsi DCNS fait appel à ces logiciels 3D pour former les marins à des opérations de manutention. “ Notre programme, couplant simulateur et entraînement effectif sur l'eau, nous aide à améliorer notre efficacité et à acquérir les bons gestes dès le départ ”, précise Eric Abdaie, directeur général technique de la Société nationale de sauvetage en mer.Le port du futur et ses aspects logistiques composaient le troisième temps fort de la manifestation. La décongestion des infrastructures portuaires passe par le développement de plates-formes dématérialisées de partage de flux d'informations, telle celle mise en œuvre par la société Soget. Son système couvre 95 % des ports français et tient compte des données partagées entre les douanes, l'armateur, le transporteur, etc. Et Soget travaille avec SAP sur l'intégration d'un réseau de capteurs au sein des conteneurs pour optimiser et sécuriser leur manipulation. Ces outils démontrent la légitimité du pôle “ Marétique ” et de cette nouvelle vague numérique attendue par les professionnels de la mer.
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