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Salesforce.com et Google veulent s'imposer sur le marché, encore mal compris par les grands éditeurs, des progiciels à la demande pour PME. Ils misent sur leur avance technologique, notamment dans les clients riches Internet.
Google et Salesforce.com seront-ils les prochains SAP ? Les analystes l'envisagent de plus en plus sérieusement. Lors de la Web 2.0 Expo, la semaine dernière à San Francisco, les annonces de Google et de Salesforce.com.com sont allées dans ce sens. Avec CRM for Google, le géant de la recherche entre sur le marché très actif des outils de GRC en mode à la demande (SaaS, pour Software as a service). Quant à Salesforce.com, il ajoute une couche de client riche Internet (RIA, Rich Internet Application) à son outil de GRC pour imposer, lui aussi, la plate-forme SaaS sur laquelle il a bâti sa réussite. Ces annonces montrent que ces deux-là veulent s'imposer sur le marché des progiciels pour PME, et ceci en s'appuyant sur un modèle SaaS encore mal compris par les grands éditeurs. En commercialisant CRM for Google à un prix compris entre 12 et 40 $ (de 9 à 30 euros ht) par utilisateur et par mois, Google vise les TPE et les PME. Développé par Etelos, CRM for Google s'exécute dans un navigateur au sein de la page d'accueil personnalisée de Google. Il exploite une architecture RIA s'appuyant sur une interface DHTML et des échanges Ajax. Etelos et Google promettent, à court terme, la prise en charge du mode déconnecté, une nécessité pour les entreprises employant des utilisateurs nomades. Ces caractéristiques techniques n'ont rien d'exceptionnel. En revanche, CRM for Google se différencie vraiment en fonctionnant sur d'autres plates-formes que Google Homepage. Grâce à la standardisation dans l'accès aux applications SaaS initiée par Netvibes avec son Universal Widget API (UWA), mais aussi par la communauté Java avec la JSR-286 (dite aussi Portlet Specification 2.0), CRM for Google fonctionne sur le portail d'entreprise d'IBM (WebSphere Portal) ou sur la page d'accueil personnalisée de Netvibes. À terme, la JSR-286 étendra cette prise en charge à toutes les infrastructures de portails exploitant Java, telle eXo Platform en France. Un vaste marché s'ouvre donc aux applications professionnelles de Google, premier éditeur de poids à profiter de cette opportunité technique pour séduire les PME.
Salesforce.com passe au RIA
Précurseur de l'architecture SaaS, Salesforce.com fait le chemin inverse. Après avoir imposé son outil de GRC sur le marché, il tente maintenant de mettre en avant sa plate-forme technique Apex comme un véritable socle de développement pour tout type de progiciel. Salesforce.com compte ainsi créer un PGI complet. Pour soutenir l'adoption d'Apex, l'éditeur se tourne vers la technologie de client riche Internet (RIA) Flex d'Adobe. Baptisé Adobe Flex Toolkit for Apex, son kit gratuit de développement RIA permet de manipuler les API d'Apex pour construire de nouvelles applications composites. ' Grâce à cette démarche, les applications à la demande de Salesforce.com posséderont une interface utilisateur plus intuitive et plus productive. C'est un point très important pour l'adoption du modèle SaaS ', estime Jeffrey S. Hammond, analyste chez Forrester Research. En effet, les applications basées sur Adobe Flex Toolkit for Apex se présenteront avec une ergonomie identique à celle des clients lourds traditionnels qui s'exécutent avec Windows, Mac OS et Linux. ' Ces applications pourront, par exemple, inclure des outils graphiques d'analyse de données ', explique Khalid Lach Gar, directeur avant-vente chez Salesforce.com. Précurseur dans le domaine, l'éditeur français Articque propose déjà un outil de géostatistique bâti sur cette architecture : Articque GeoAnalyser for Sales.
De nouvelles plates-formes de développement
Avec ces annonces, Google et Salesforce.com défient les ténors de l'infrastructure logicielle et des PGI sur leur propre terrain. Ils parient sur leur avance dans le domaine des clients riches Internet pour s'imposer face à Microsoft et Oracle dans deux secteurs-clés, les plates-formes de développement de progiciels de nouvelle génération et les PGI. Rien de moins ! D'un point de vue technique, le Google Web Toolkit est déjà plébiscité par la communauté Java. ' Avec CRM for Google, Google démontre que sa plate-forme intéresse les éditeurs de progiciels et pas seulement les geeks ', note Jérémy Chatard, directeur technique de la SSII Breek, spécialisée dans les architectures du Web 2.0. ' Cette annonce est donc très importante. Et ce n'est qu'un début. Le nombre de progiciels SaaS pour Google risque d'exploser cette année ', prédit-il. En adoptant Flex, Salesforce.com cherche à accélérer la croissance de sa communauté Apex Developer Network. Il espère fédérer 100 000 développeurs pour élargir son catalogue d'applications Apex en dehors de la GRC, et prévoit plus de mille applications pour la fin de l'année ! Une façon de prouver aux entreprises qu'Apex est une alternative crédible à SAP, Java EE et.NET. Apex se distingue en effet des autres éditeurs SaaS en proposant un environnement de développement complet et en permettant aux applications de partager le même modèle de données, comme dans un PGI. Face aux initiatives de Google et de Salesforce.com, Oracle et Microsoft ne proposent toujours pas de plate-forme SaaS digne de ce nom. Ce qui fait dire à Laurie McCabe, analyste chez AMI Partners, qu'' Apex pourrait devenir le prochain écosystème majeur de l'industrie logicielle '.
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