La nouvelle réglementation RT2012 limite l'énergie primaire à 50 kilowatts par heure et par mètre carré pour tous les futurs immeubles. Une contrainte qui devrait faire émerger des immeubles mieux isolés et mieux pensés, avec des ponts thermiques, ainsi qu'une meilleure connaissance de la perméabilité à l'air et de l'énergie consommée.
“ Les projets se complexifient de plus en plus. Les simulations numériques deviennent alors décisives pour modéliser au mieux le comportement du bâtiment et, éventuellement, détecter des défauts de conception ”, explique Jérôme Mariotti, responsable technique national chez Energie Bâtiment.Ainsi, Stanislas Koziello, cofondateur de SLK Ingénierie, bureau d'études spécialisé dans la performance environnementale, exploite le logiciel Archiwizard pour calculer les performances des constructions qui lui sont confiées. Entre l'architecte, qui lui fournit ses esquisses précises, et le maître d'ouvrage, auquel il présente des plans en 3D, il identifie les comportements difficiles à prévoir.
“ Un mur en béton placé à l'intérieur du bâtiment améliore le confort en été sans nécessiter de climatisation. Nous sommes aptes, grâce à la simulation, à démontrer que le remplacement de certaines cloisons par des murs est bénéfique aussi bien en coûts de construction que d'exploitation ”, témoigne-t-il.
Des travaux numériques encore perçus comme un luxe
Mais certains estiment que cette nouvelle réglementation thermique ne va pas encore assez loin pour généraliser l'utilisation de la simulation 3D dans ce secteur. C'est le point de vue de Jérémie Tache, gérant de la société Fluidian, spécialiste de la simulation des fluides.
“ Depuis trois ans que nous travaillons en fonction de cette norme RT2012, nous avons constaté que le secteur n'utilise que très peu de vraies simulations. Si l'affichage est effectivement en 3D, on continue à s'appuyer sur des bilans 0D ou 1D. ” Il reconnaît cependant que les études poussées en dispersion des gaz dans un bâtiment sont encore perçues comme un luxe et que les cabinets d'architectes n'ont pas souvent les compétences nécessaires. Alain Benchissou, directeur général de la société de services CA-DLM, identifie un problème d'échelle :
“ Il existe des logiciels capables de simuler tout un bâtiment, d'autres qui se concentrent sur la consommation énergétique dans les bureaux et d'autres encore qui ne concernent que la dispersion des gaz. Mais on ne parvient pas encore à prendre en compte les interactions de tous ces éléments d'échelles très différentes afin d'obtenir une simulation globale ”, regrette-t-il.La limitation de l'énergie ne dépend pas que de la construction du bâtiment.
“ Au-delà de l'éclairage, de la gestion des fluides et du chauffage, il faut désormais contrôler la consommation des postes de travail informatiques, de la téléphonie et même des écrans de signalétique ”, explique Laurent Chevet, directeur associé de la société de services Consultake. Problème : les différents systèmes à connecter et à maintenir pour garder le bâtiment intelligent seront à la charge de l'entreprise locataire.
“ Notre point de vue est que la simulation au quotidien de ce type d'immeuble doit relever de la responsabilité du DSI. Hélas, ils sont d'autant plus frileux pour s'en occuper que nombreux sont ceux qui ne savent même pas de quoi il s'agit ”, ajoute-t-il.
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