Les formations au management de systèmes d'information attirent surtout des jeunes qui prolongent leur vie estudiantine, alors qu'elles devraient accueillir des personnes expérimentées cherchant une nouvelle dimension.Les nouveaux métiers s'adressent plutôt à des seniors, qui devraient être formés dans certaines disciplines : les aspects légaux de l'externalisation, la négociation, l'ingénierie financière, les techniques de gouvernance, et la modélisation de processus. Or, l'offre de formation continue est faible dans ce secteur. Si le déclin des formations en informatique devait se confirmer dans les années à venir, la France pourrait souffrir d'une pénurie. Entreprises, système éducatif et pouvoirs publics ont une responsabilité.
Créer des cursus plus proches des futurs métiers
Les entreprises doivent s'engager dans des programmes de gestion de leurs compétences informatiques et de leurs filières métier. Soit un véritable projet de changement, incluant le budget et l'accompagnement que cela nécessite. Le système éducatif doit créer des cursus qui prépareraient mieux aux futurs métiers, et résoudre, avec les organismes de formation, notre déficit d'offres de formations continues, pour préparer des informaticiens seniors aux nouveaux métiers. Les pouvoirs publics ont aussi un devoir de communication auprès des jeunes, pour que ces derniers s'intéressent à nouveau aux métiers de l'informatique. Ils doivent donc travailler à ce que les entreprises rompent avec ce blocage français du refus de recruter des quadras et quinquas, qui seraient si utiles sur les métiers de management et de conception, mais aussi sur des postes techniques. Enfin, combien de temps encore les individus soucieux de se former pour évoluer, souvent sur leurs propres fonds, devront-ils acquitter une TVA à 20 % ? Tout cela représente un nouveau défi pour les directions informatiques. Leurs effectifs se refondent sous l'effet de trois phénomènes : hausse des départs en retraite, externalisation croissante de compétences techniques et fonctionnelles, et implication dans le résultat de l'entreprise. Organisation, gouvernance et cartographie des métiers en sont durablement transformées. Les DSI tendent à ne pas renouveler les postes de programmeurs et de techniciens d'exploitation.Pour mieux remplir leur nouvelle mission, ils recherchent des urbanistes ; des analystes de systèmes d'information ; des architectes d'entreprise et techniques ; des directeurs et chefs de projets ; et des experts en méthodes, qualité, sécurité et progiciels. L'externalisation fait aussi émerger les métiers de gestionnaire de contrats et de directeurs de domaines infogérés. En résumé, les besoins en compétences des directions informatiques se déplacent vers plus de conception et de gestion et moins de techniques.Une baisse constante des formations scientifiques
N'en concluons pas pour autant que les profils techniques soient en voie de disparition. Les services informatiques ont retrouvé la croissance, l'externalisation se développe en France, et la fonction technique informatique passe de l'entreprise à la société de services. Certes, l'offshore croît fortement, mais il revient à nos SSII de relever le défi en bénéficiant du potentiel de croissance des services et en intégrant l'offshore dans leur offre. De son côté, la création de progiciels se porte bien. Dassault Systèmes, Business Objects et Ilog sont leaders sur leur marché. Et nombre de start up, méconnues, le sont sur certaines niches. Ainsi, SSII et éditeurs recrutent toujours des profils techniques pointus.Pour répondre à ces besoins variés, il faut pouvoir s'appuyer sur une offre de formation adéquate. Or, sur ce point, le tableau est inquiétant. La France avait été jusqu'à présent épargnée par le fort déclin du nombre d'étudiants en informatique en Europe. Mais des signes apparaissent : les propositions de formations scientifiques sont en baisse constante depuis 2002 et, à la rentrée 2005, nos filières informatiques enregistraient moins de demandes.*analyste senior chez Forrester Research. Le cabinet publiait en juillet dernier une enquête, sur l'évolution des compétences informatiques, menée en Europe auprès de 48 grandes sociétés, et 13 universités et écoles dingénieurs.
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