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Les suites décisionnelles complètes et les SGBDR open source permettent d'investir sur les aspects métier des projets plutôt que dans d'onéreuses licences.
L'engouement pour les projets décisionnels ?" Business Intelligence (BI), en anglais ?" est sans précédent, car le volume de données produites par une entreprise double tous les cinq ans.
Des données qu'il faut trier puis agréger sous la forme d'indicateurs de gestion synthétiques pour pouvoir prendre des décisions pertinentes.' Vous pilotez un avion de nuit. Comment atterrissez-vous sans écran de contrôle ? ', résume Jean-Michel Bras, secrétaire général d'Aexxdis, spécialiste de la logistique des produits
de santé (120 collaborateurs), qui propose des tableaux de bord métier à l'ensemble des professionnels avec qui l'entreprise travaille.Les outils des éditeurs propriétaires ?" Business Objects, Cognos, Hyperion, SAS, Teradata, etc. ?" coûtent cher, car ils sont souvent facturés au nombre d'utilisateurs ou de connexions simultanées. Les entreprises
se tournent donc vers des outils open source pour réduire les coûts de licence, de 20 à 50 % du coût total d'un projet décisionnel.' Nous ne nous sommes même pas intéressés aux outils propriétaires tant ils sont chers ', illustre Frédéric Jourden, directeur marketing de Xinek (cinq employés), un service de
recommandation d'achat en réseau, qui utilise Pentaho pour la restitution (tableau de bord, etc.) et MySQL pour son entrepôt de données (stockage des données). Cependant, parce qu'elles ne sont pas aussi bien finies que les suites propriétaires,
' les suites open source requièrent parfois un effort de participation du client dans le développement. Mais elles permettent en contrepartie de lui construire une solution sur mesure ', indique Michael
Bienstein, responsable BI open source chez BearingPoint et membre actif des projets olap4J et Mondrian.Pour accélérer les déploiements, des éditeurs, tels Pentaho et Jasper-Soft, et des intégrateurs comme Engineering (SpagoBI) proposent donc des suites presque complètes intégrant ETL, moteur Olap, serveur de rapports, etc. Idem du côté
des bases de données. Si PostgreSQL et MySQL ne rivalisent pas avec Teradata, elles répondent cependant aux contraintes de nombreux projets.
L'utilisation : mieux piloter son activité
Propriétaire ou libre, le besoin fonctionnel de l'entreprise se résume toujours à ' disposer d'informations pertinentes pour mieux vendre et faire les bons choix stratégiques '. Aexxdis
a, par exemple, déployé un portail métier proposant des tableaux de bord aux personnes extérieures à l'entreprise et une navigation multidimensionnelle (Olap) en interne. L'ensemble du projet repose sur des briques open
source : Pentaho, PostgreSQL, OpenLDAP, etc.' Le management capte et analyse ainsi plus rapidement l'information structurante, ce qui améliore le processus de décision en termes de qualité et de délai. Nos clients disposent quotidiennement d'une
quarantaine d'indicateurs et de sources d'informations à travers un portail décisionnel sécurisé ', détaille Jean-Michel Bras. Chez Xinek, Pentaho permet de mieux comprendre l'audience du service en ligne pour proposer des
cibles à forte valeur ajoutée aux annonceurs qui rémunèrent l'entreprise en fonction des ventes générées.Bien qu'étant un service public, le Secrétariat pour les affaires régionales de la préfecture de région Midi-Pyrénées (SGAR, 55 employés) a suivi exactement la même démarche (PostgreSQL, SpagoBi) afin que
' les préfets des huit départements disposent de tableaux de bord efficaces pour juger la performance des engagements pris dans le cadre de la LOLF ', explique Philippe Ourliac, chargé de mission TIC au
sein du SGAR.Le projet comprend trois datamarts stockant des indicateurs pour 34 missions, 130 programmes et 50 budgets opérationnels. C'est surtout le coût des outils propriétaires qui explique son choix.
' Avec 340 contributeurs, les coûts de licence faisaient exploser notre budget. L'open source nous affranchit de ces coûts tout en augmentant notre indépendance vis-à-vis d'un fournisseur ', résume
Philippe Ourliac. A l'image de Sabre (système de réservation de voyages aériens) et de Swissport (gestion des aéroports suisses, 21 000 employés), les grandes entreprises recourent plutôt à l'open source pour
rationaliser et réduire le coût de certains projets décisionnels.' Notre base de données Teradata était surdimensionnée tant sur un plan fonctionnel que financier. Nous avons donc opté pour MySQL ', illustre Michael Benzinger, chez Sabre. L'entreprise
a créé un entrepôt de données de plus de 4 To en trois semaines, en ne prenant en charge que le coût du matériel : 62 500 dollars au total.De son côté, Swissport souhaitait ' réduire le nombre d'outils de reporting en interne et tirer plus de valeur ajoutée des données que nous produisons toute l'année ', explique Uwe
Geercken, son responsable informatique.
La mise en ?"uvre : l'ouverture facilite la cohabitation
Un projet décisionnel est souvent découpé en deux lots. L'entrepôt de données (datawarehouse) agrège certaines données de production selon un schéma en étoile à n dimensions métier : client, produit, etc.
Contrairement à une base traditionnelle, certaines données peuvent être dupliquées pour des raisons de performance.La couche de restitution comprend, elle, les nombreuses briques techniques qui permettent à l'utilisateur de visualiser les indicateurs, de créer des rapports et de naviguer au sein des dimensions métier des données. Jusqu'à présent,
aucune entreprise ne se lançait directement dans un projet décisionnel d'envergure en s'appuyant entièrement sur des outils open source.Le risque technique était trop important, et, malgré leur coût de licence élevé, les outils propriétaires satisfaisaient souvent les utilisateurs en termes de couverture fonctionnelle, de stabilité et de performances. Sabre n'a donc
remplacé Teradata par MySQL que pour une partie seulement de son entrepôt de données. L'entreprise continue à utiliser des outils de restitution propriétaires, ' parfaitement adaptés à nos besoins ',
explique Michael Benzinger.De son côté, Swissport utilise Hyperion comme outil de restitution sur l'un de ses projets et MySQL pour stocker les données. L'entrepôt est alimenté par une moulinette Java ' bientôt remplacée par l'ETL open
source de Talend ', explique Uwe Geercken. Bien qu'ils soient faciles à mixer avec des outils propriétaires, les outils open source possèdent quelques particularités à prendre en compte.' Ils intègrent moins d'assistants, mais de plus en plus de démonstrations complètes à partir desquelles on peut démarrer son projet, note Jean-Michel Bras. Ces outils offrent des
perspectives nouvelles, notamment dans le prototypage rapide des bases de données ', ajoute-t-il. Un point de vue partagé par le SGAR. ' Il facilite le prototypage tant au niveau des données que de
l'interface utilisateur ', confirme Philippe Ourliac.Que le projet soit propriétaire, open source ou mixte, sa mise en ?"uvre répond aux mêmes étapes : ' Définition des besoins fonctionnels, création du datamart [modèle en étoile, NDLR],
alimentation via un ETL, restitution des informations et indicateurs au sein des interfaces choisies en fonction des utilisateurs, en accès statique et dynamique ', énumère Jean-Michel Bras, d'Aexxdis.Et le pragmatisme est de rigueur en termes d'architecture. ' Notre ETL transfère les données de la base de production [Oracle, NDLR], la nuit dans notre entrepôt de données
[MySQL, NDLR], car nous n'avons, pour l'instant, qu'un seul fuseau horaire à gérer ', illustre Frédéric Jourden, de Xinek.
Les ressources nécessaires : faire appel à un spécialiste
Mis à part Swissport et Sabre qui possèdent un service informatique important, toutes les PME font appel à un ou plusieurs prestataires. Le SGAR s'est appuyé sur Altic qui possède à la fois des compétences en décisionnel (modélisation
en étoile, etc.), et maîtrise les outils open source associés. Même démarche pour Xinek qui a fait appel à Smile. Aexxdis est passé par deux prestataires : Carra Consulting pour la maîtrise d'?"uvre et la conception du
projet, et Code Lutin pour sa réalisation.' Nous voulions aller vite. Or, on ne s'improvise pas expert en décisionnel open source ', résume Jean-Michel Bras, d'Aexxdis. Son projet s'est déroulé au forfait pour éviter toute
surprise budgétaire. ' Nous n'avons eu qu'à budgéter l'application et participer aux derniers réglages. Une solution efficace, confortable, avec des coûts maîtrisés ', estime-t-il.Aujourd'hui, pour cette entreprise, une journée/homme par mois suffit pour la maintenance technique et applicative. Elle dispose, en revanche, de bonnes compétences Java/JavaEE en interne, base de tous les outils décisionnels open
source. ' Le plus difficile dans un projet décisionnel, c'est de modéliser la structure de données de l'entrepôt ', explique Frédéric Jourden, de Xinek.C'est en effet à ce niveau que les choix métier les plus importants ont lieu : quelles données de production conserver ou non ? Quels axes métier retenir pour le modèle en étoile ? Etc. Autant de questions qui
nécessitent de monopoliser des ressources en interne. C'est pourquoi, de plus en plus de prestataires et d'entreprises privilégient un mode itératif. ' Notre projet a débuté fin 2005 et se poursuit
toujours ', illustre Jean-Michel Bras.Quant au budget, il est essentiellement constitué des coûts de conseil, de réalisation et de production. Il est très variable selon les projets. Le projet de Xinek a, par exemple, nécessité 100 jours/homme au total
(50 000 euros) pour créer trois cubes et dix-neuf rapports statiques sous Pentaho et MySQL.
Les Ecueils : l'engagement des utilisateurs
Globalement, les entreprises rencontrent peu de problèmes techniques lors de la mise en ?"uvre des projets. En revanche, les prestataires open source spécialistes du décisionnel et les spécialistes du
décisionnel utilisant des outils open source sont encore rares. Heureusement, les logiciels se démocratisent vite. A l'image d'Anaska, plusieurs organismes proposent déjà des programmes de formation, sur l'ETL open
source de Talend par exemple.De toute façon, ' les principaux écueils ne sont pas techniques, mais humains : nouveauté pour les utilisateurs, compréhension des concepts de l'informatique décisionnelle, mise au point d'indicateurs
métier pertinents, etc. ', rappelle Philippe Ourliac. ' La personnalisation d'une solution open source demande un certain engagement que les utilisateurs ne sont plus forcément prêts à faire. Ils ont
pris de mauvaises habitudes avec des solutions déjà packagées ', complète-t-il.
Les gains : des économies de 40 à 50 %
' Nous estimons notre potentiel d'économies sur trois ans entre 40 et 50 % du prix d'une solution propriétaire ', calcule Jean-Michel Bras. Autre intérêt, ' la
gratuité des outils décisionnels open source permet de mettre en place des pilotes grandeur nature sans dépenser trop d'argent ', complète Philippe Ourliac.Un point particulièrement important avant un choix d'engagement définitif, vu l'ampleur des projets. Mais l'aspect financier n'est pas le seul avantage de ces outils. ' Ils communiquent et s'imbriquent très bien
entre eux. Ce qui n'est pas le cas des outils décisionnels propriétaires ', note Uwe Geercken, chez Swissport.
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