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Les partis politiques utilisent de plus en plus internet et les réseaux sociaux pour communiquer et mobiliser leurs militants. Une présence numérique, telle celle d'Obama en 2008, devient indispensable, mais est loin d'être suffisante pour garantir une victoire électorale.
“ Le collaboratif et le participatif sont devenus des indices de notre quotidien numérique. Ce sont des termes qui ont aussi des valeurs politiques. La classe politique a compris cette mutation : les campagnes se font de plus en plus sur le web et les réseaux sociaux ”, écrit l'historien Milad Doueihi dans la préface de l'ouvrage La démocratie dématérialisée. En effet, depuis le référendum sur la Constitution européenne, les politiques français ont pris conscience de l'importance d'internet. “ L'année 2005 a vu la naissance du web politique, lance Benoît Thieulin, fondateur de l'agence internet La Netscouade. A l'époque, les institutionnels se sont fait dépasser par leur base. ” Les tenants du oui avaient à leur disposition l'ensemble des médias classiques, ce qui n'a pas empêché le non de l'emporter. Les opposants au traité s'étaient servis efficacement d'internet pour se mobiliser et argumenter.Mais si le web prend une place de plus en plus importante dans les campagnes électorales, “ il n'y a pas lieu de penser, pour l'instant, qu'internet se substituera aux moyens de communication existants ”, rappelle Dominique Cardon, sociologue au laboratoire des usages d'Orange Labs. “ La télévision est un média qui a l'avantage d'être synchrone et massif ; elle permet donc de toucher des millions de personnes en même temps, ajoute Benoît Thieulin. Il faut gérer à la fois les anciens et les nouveaux outils. ” En version numérique, les campagnes devraient se jouer de plus en plus sur les médias sociaux, comme Facebook ou Twitter. Mais aussi sur les sites dédiés, mis en place par les candidats ou les partis politiques. S'il faut aller chercher les électeurs là où ils se trouvent, donc sur les réseaux sociaux grand public, ces outils sont un atout pour communiquer, mobiliser et organiser ses partisans, ou construire son programme. Voire récupérer des dons de petits montants, comme l'a fait Barack Obama en 2008.
Le 2.0, un mode qui séduit encore peu les députés
Les plates-formes sociales évoluent parfois en fonction des besoins. Celle de Désirs d'avenir de Ségolène Royal est ainsi passée de la construction de programme à une web TV en fin de campagne, en 2007. On voit aussi des blogs de personnalités politiques très actifs en période électorale tombant en désuétude une fois la campagne finie. Si créer une plate-forme dédiée évoluée a un coût de mise en place quelquefois non négligeable, une présence sur les sites web publics n'engage que des frais d'animation. Celle-ci peut être déléguée à une agence spécialisée. Un élu qui n'est pas l'auteur des tweets de son compte a tout intérêt à l'expliquer clairement pour éviter tout buzz négatif. “ Sur internet, ce sont souvent ceux qui ont peu de moyens qui investissent le plus ”, explique Benoît Thieulin. Nos députés sont ainsi peu nombreux à n'avoir aucune présence web, 14 % selon une étude du site Elus2.0. Mais “ la plupart sont des sites plaquettes, qui ne cherchent donc pas à engager la conversation avec les électeurs ”, explique Pierre Guillou, dirigeant d'Ideose, qui édite le site. Peu d'entre eux sont en effet passés au 2.0 : 54 % des députés n'ont ainsi pas de page Facebook et 78 % ne disposent pas de compte Twitter.Indépendamment des partis et des politiques, les réseaux sociaux sont autant de moyens de se fédérer pour des mouvements citoyens. “ Des groupes sur Facebook pourraient comparer les candidats et leurs propositions, explique Christine Balagué, cofondatrice de Renaissance numérique. Vu la situation économique de la France, les électeurs attendent des propositions concrètes pour 2012, et s'arrêteront sans doute moins à la personnalité des candidats. ”
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