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La députée européenne Françoise Castex demande l'ouverture d'une enquête sur le traçage IP
C'est un phénomène déjà dénoncé par de nombreux internautes. Les sites de commerce électronique, notamment ceux qui vendent des billets de train ou d'avion, sont en effet fortement suspectés de modifier leurs tarifs en fonction de l'adresse IP du client. Françoise Castex, eurodéputée affiliée au groupe Socialistes et démocrates, aimerait bien vérifier cette assertion. Elle vient donc d'adresser une question écrite prioritaire à trois commissaires européens afin qu'ils s'assurent de la légalité de ces pratiques dans l'Union.Ce n'est pas la technique du yield management, c'est-à-dire l'ajustement du tarif du billet en fonction de la date de départ et du nombre de places disponibles qui est en question. Mais c'est l'IP Tracking (ou traçage de l'adresse IP) lui-même qui pose problème à l'eurodéputée. “ D'une part, certaines offres encore valables ne s'affichent pas et, d'autre part, l'adresse IP de l'internaute est pistée sans son consentement. Or c'est une donnée personnelle. ”Pour l'heure, les sites français, dont Voyages-sncf.com, ont démenti avoir mis en place de telles pratiques. Mais le Wall Street Journal a récemment révélé le mécanisme développé par Staples.com aux Etats-Unis. Le vendeur en ligne de produits de bureau modifie dynamiquement ses prix en fonction de la géolocalisation de l'acheteur. Si celui-ci habite à proximité d'un magasin Officemax ou Office Depot, concurrents de Staples, il bénéficiera des tarifs les plus compétitifs. S'il est isolé, les prix affichés seront les plus élevés. C'est exactement ce phénomène que Françoise Castex veut contrer : “ L'avantage d'internet est justement de donner accès aux mêmes tarifs à tout le monde. Avec la mise en place de l'IP Tracking, le milieu rural serait pénalisé sur le web ! ”
Des règles européennes largement dépassées
L'eurodéputée a fait de la défense du consommateur sa priorité numéro un, alors que des projets de texte concernant la protection des données personnelles sont actuellement discutés au parlement et au Conseil européens. Car les règles valables dans l'Union, qui datent de 1995, sont aujourd'hui largement dépassées par les pratiques des géants du web et des médias sociaux, notamment dans la manière dont ils analysent le comportement des internautes facilitée par l'approche du big data. La nouvelle réglementation sera l'occasion pour l'Europe de faire le ménage parmi les transpositions nationales plus ou moins divergentes de la directive de 1995. Et de redéfinir le rôle des autorités telles que la Commission nationale de l'informatique et des libertés française concernant la gestion des conflits, en donnant plus de poids à une autorité centrale, le CEPD (contrôleur européen de la protection des données).Contre-rapporteur sur ce projet de directive européenne, qui devrait entrer en application en 2015, Françoise Castex va, entre autres, s'affronter à ses collègues anglais. Qui ont déjà demandé un assouplissement du texte pour ne pas étouffer l'innovation sur le web… Dans les semaines à venir, le parlement et le Conseil européens auront à choisir entre protéger les droits des consommateurs et susciter l'essor du big data sur le Vieux Continent.
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