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La virtualisation n'excite pas que les éditeurs. Sur un marché qui se chiffre en milliards de dollars, les constructeurs bâtissent des solutions associant matériel et logiciel qui font presque figure d'architectures clés en main. Et les fondeurs, pour entrer à leur tour dans la partie, intègre la technologie au sein des processeurs.
Selon une étude d'IDC parue en 2005, 75 % des entreprises employant plus de 500 personnes dans le monde auraient déjà virtualisé une partie de leur infrastructure informatique. Le cabinet d'études américain estime à 12,5 milliards d'euros les sommes qui seront investies dans la technologie en 2009. C'est dire l'importance du marché ! Et l'intérêt que lui portent tous les acteurs impliqués dans les infrastructures. Du fabricant de microprocesseurs à l'éditeur de logiciels, tous fourbissent leurs offres, chacun à son niveau d'avancement et en ordre dispersé. Au risque de ne pas s'entendre, une fois de plus, sur une nécessaire standardisation.
Les constructeurs : les équipementiers réseaux défient les fabricants de PC
' Il existe un besoin de virtualisation dans tout type de structure ', affirme Guillaume Field, analyste technologie chez Dell Europe. ' Aux petites structures, elle permet de gagner de la place, aux moyennes de disposer de sites centralisés. Et les grosses entreprises se lassent de devoir acheter des nouveaux serveurs et des délais de déploiement : livraison, mise en service, configuration. ' Le monde des fournisseurs de matériels est en ébullition. Les constructeurs de serveurs et de systèmes de stockage multiplient les rachats, les partenariats et les offres spécialisées pour placer leurs produits.VIL (Virtual Infrastructure Lan), de Dell, associe le logiciel de virtualisation ESX de VMWare ?" avec qui le constructeur a conclu un accord de distribution OEM ?", des éléments de stockage et une console d'administration. De son côté, Fujitsu Siemens met en avant Triole, son offre de centre de données dynamique. Sa mission ? ' Fournir un ensemble de ressources indépendantes des applications et pilotées par des services ', explique Jean-Luc Dupon, le directeur marketing solutions d'entreprise. L'environnement logique est conservé, mais virtualisé, une couche d'automatisation sert à allouer des ressources physiques (stockage et serveurs) : ce sont en quelque sorte des architectures clés en main. ' On peut envisager, à l'avenir, une infrastructure entièrement virtuelle. Le point de blocage, pour le moment, ce sont les outils d'administration. Et, au niveau du stockage, c'est encore compliqué ', nuance Guillaume Field. Pourtant, avec la diffusion croissante de la technologie SAN (Storage Area Network), la virtualisation du stockage en réseau devient une réalité. Même si, dans la pratique, obtenir des accès cohérents à des serveurs conçus par des constructeurs différents présente encore des difficultés.L'heure est à la maîtrise de l'offre de bout en bout. EMC, après avoir annoncé au printemps 2005 une solution destinée aux grands comptes, Invista, a racheté en août de la même année Rainfinity, pour un montant évalué à 100 millions de dollars. Rainfinity a élaboré une technologie de virtualisation des environnements de stockage en réseau NAS (Network Attached Storage). ' Avec la convergence des réseaux, les entreprises vont être conduites à stocker des données sur une multitude de supports, tout en voulant une vision unique de leur infrastructure ', remarque Xavier Fessart, responsable programme et marketing produits chez EMC. Aujourd'hui, tous les grands constructeurs se préparent à faire face à la rivalité des fabricants d'équipements réseau. Et notamment celle de Cisco, qui a repris la société Topspin, pour 250 millions de dollars, en avril 2005. Celle-ci édite un logiciel donnant la possibilité à un commutateur situé dans une infrastructure d'en allouer les ressources de façon dynamique. Une autre forme de virtualisation, somme toute.
Les éditeurs : VMWare plane au-dessus du lot
La plupart des fabricants de serveurs ont développé un logiciel de virtualisation fondé sur leur système d'exploitation propriétaire. Pourtant, la majorité des serveurs exploitent des processeurs de la famille x86 ?" 91 % des serveurs installés dans le monde en 2004, selon une étude Gartner-Dataquest. C'est cet énorme marché que la société VMWare a décidé d'investir.Créée en 1999, et achetée par EMC en 2003 pour 635 millions de dollars, VMWare est devenue le numéro un dans le domaine de la virtualisation des serveurs Intel. A ses débuts, elle a élaboré un logiciel, Work Station, destiné aux machines individuelles ?" très apprécié des développeurs, qui pouvaient effectuer leurs tests sous différents environnements sans devoir changer de machine. En 2001 sort une version conçue pour les serveurs d'entreprise, qui est déclinée dans la gamme ESX/GSX. VMWare a réalisé 218 millions de dollars de chiffre d'affaires lors de l'exercice 2004. L'an passé, l'accélération a été fulgurante. Le chiffre d'affaires a explosé, passant à 387 millions de dollars.Les raisons du décollage initial ? ' L'adoption croissante de Linux, et le " buzz " sur les forums, au début ', confie Jacques Heller, le responsable des ventes Europe du Sud chez VMWare. ' Et puis, en 2001, IBM certifie et commercialise la technologie. Sun, HP, Dell et Fujitsu ont suivi. ' La dernière version d'ESX, la 3.0, dévoilée en octobre 2005, permet l'allocation dynamique des ressources des serveurs.Microsoft a pris pied un peu plus tard sur ce marché. Le rachat de la technologie Virtual Server de la société Connectix, au cours de l'année 2003, marque le point de départ de cette nouvelle stratégie. La version VS 2005 R2, sortie en décembre 2005, ne dispose pas d'un hyperviseur (lire glossaire), mais est capable de gérer Linux et ses applications dans les machines virtuelles.Ces deux éditeurs dominent largement le marché. Mais pour Jacques Heller, la compétition ne fait que commencer : ' Il ne faut pas se leurrer, la concurrence va s'intensifier et des start up vont se créer. ' Au rang des prétendants, il faut déjà ranger Virtuozzo, le logiciel de virtualisation de l'éditeur américain SW Software. Ou encore le logiciel open source Xen, dont la version 3.0 est sortie en octobre 2005 : ' Une solution proposée par tout le monde et personne à la fois ! ', ironise Philippe Jauffred, consultant consolidation chez Unisys. Des propos que tempère Guillaume Field : ' Je suis sûr que Xen sera un concurrent sérieux dans un à deux ans. '
Les fondeurs : des implants pro-virtualisation dans les processeurs
Confrontés à la stagnation de la progression des performances de leurs processeurs, les principaux fondeurs, AMD et Intel, ont annoncé des puces incorporant des technologies de virtualisation pour le début 2006. Respectivement dénommées Pacifica et VT (Virtual Technology), elles accroîtraient les performances des systèmes virtualisés en limitant le temps de traitement des instructions par la puce. ' Cela nous simplifiera la tâche, commente Guillaume Field, car, pour le moment, la couche de virtualisation est obligée de corriger les erreurs de la puce. ' Les technologies étant incompatibles, il incombera aux éditeurs d'écrire le code nécessaire à la prise en compte de Pacifica et de VT par leurs hyperviseurs.Preuve de l'intérêt d'Intel pour la technologie, son fonds d'investissement, Intel Capital, a participé en septembre 2005 à un tour de table qui a rassemblé la somme de 8,5 millions de dollars. Son bénéficiaire ? Virtual Iron, un éditeur américain de solutions de virtualisation.