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Les clichés ont la vie dure. Terre de non-droit, la Russie serait le paradis du piratage et de la corruption. Si certains périls ne sont pas à négliger, ces aléas se révèlent parfois une source d'opportunités.
Même les experts russes le reconnaissent : les hackers russes ? plus précisément russophones, car beaucoup vivent à l'étranger ? sont en tête du classement mondial de la cybercriminalité. Selon le rapport de Group-IB, une société moscovite d'investigation, les fraudes en ligne, le spam et autres attaques DDOS leur ont rapporté 4,5 milliards de dollars en 2011, sur un “ marché ” global estimé à 12,5 milliards. Mais deux nuances s'imposent, souligne Andrey Komarov, responsable des projets internationaux de Group-IB : “ Les Russes sont certes très “ pros ” et souvent derrière de grosses affaires, mais en termes de nombre d'attaques, la Russie se classe derrière d'autres pays d'Europe centrale, d'Asie et du monde arabe. D'autre part, avec des sociétés comme Kaspersky, Dr Web ou la nôtre, la Russie apporte une contribution importante à la lutte contre la cybercriminalité. ”
2. Les champions de la corruption
Les rapports de l'ONG Transparency International et les discours de l'ex-président Medvedev lui-même ne laissent aucun doute : la Russie est l'un des pays les plus corrompus au monde. Des contrats publics ou privés aux diplômes et même aux permis de conduire, tout peut s'acheter. Egalement ancrée dans les mœurs locales : la dépossession d'une entreprise par voie de menaces aux actionnaires ou dirigeants, avec la complicité active ou passive de fonctionnaires et de juges véreux. Les Russes appellent cela un “ raid ” !Comment faire du business dans ces conditions, surtout quand on est étranger ? La prudence s'impose si vous créez une joint-venture avec des partenaires locaux. Et mieux vaut installer son siège social sous des latitudes occidentales. Prudence, mais pas paranoïa. Les contrats commerciaux sont respectés, et la plupart des petites sociétés technologiques passent “ en dessous des radars ”. “ Sur la quinzaine de start up russes dans lesquelles j'ai investi, il n'y a pas eu un seul ennui grave ”, assure Esther Dyson, une célèbre business angel américaine. De même, Yannick Tranchier, d'Ob'vious, n'a jamais été confronté à ce problème sur les projets franco-russes auxquels il a participé.
3. Le risque politique
Loin d'être démocratique, la Russie n'est pas pour autant instable. Bien que les élections soient entachées de soupçons de fraude, le pouvoir bénéficie d'un soutien majoritaire dans la société. Tandis que la situation économique reste relativement prospère, la contestation est fermement matée ou désamorcée en douceur, selon les cas. Peu de chances, donc, de voir une révolution ébranler le pays dans un avenir proche.
4. Un nouvel impérialisme ?
Toujours très actifs dans l'espionnage industriel, les Russes se sont lancés depuis peu dans un exercice d'un genre nouveau : les investissements dans des sociétés technologiques étrangères. Dans l'Hexagone, Mandriva a été racheté, en 2010, par un fonds affilié à Leonid Reiman, un ancien ministre russe des télécoms ; et Capptain, jeune pousse rennaise, a reçu des investissements du fonds de capital-risque Runa Capital. Même Facebook, Twitter, Shazam, Zynga et d'autres joyaux californiens appartiennent désormais en partie à des fonds russes. Les Russes ont également multiplié les investissements en Asie du Sud-Est, en Inde et en Turquie. Faut-il y voir une nouvelle manière de conquérir le monde, vingt ans après la fin de la faucille et du marteau ? Le rôle peut se révéler utile, voire salutaire, pour les jeunes pousses, comme le montrent les exemples de Capptain et de Mandriva.
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