Normann Hodara, directeur des opérations Ile-de-France de GFI Informatique, s'interroge sur l'attractivité des SSII et sur la posture des générations X face aux Y.Souvent comparées à des “ marchands de viande ”, les SSII ont un vrai travail de pédagogie à mener autour de la culture d'entreprise, de la fidélisation des salariés, de la politique d'accompagnement au cours des missions… Cette tâche est d'autant plus utile face à la déferlante de la génération Y (jeunes actifs de 30 ans et moins). Les “ Y ” ont grandi à un moment de mutations sociales et technologiques importantes qui ont affecté profondément leur façon d'appréhender les rapports sociaux et qui changent parfois radicalement de la vision de leurs aînés, les “ X ”. Pourtant, les jeunes diplômés représentent la majeure partie des collaborateurs recrutés en SSII. Il est donc indispensable de savoir comment les manager pour réussir au mieux leur intégration et faire progresser l'entreprise.
Deux générations, deux codes
Les Y sont dirigés majoritairement par des X, ce qui implique une connaissance des codes de chaque génération. Issus du post-baby-boom, les X passent pour être moins respectueux des conventions sociales et moins affamés de prestige. Cependant, ils aiment que l'entreprise évolue en adéquation avec leurs conditions. Ils accordent beaucoup d'importance à la qualité du management, à l'expérience et aux résultats. Ils sont en parallèle très attachés à l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et se montrent donc très attentifs à la flexibilité que la société leur apportera. Beaucoup sont prêts à travailler de longues heures, mais à leurs conditions. Les X ressentent aussi un besoin d'apprendre en permanence de leur entreprise et du poste occupé grâce aux formations proposées, évitant ainsi la stagnation qu'ils abhorrent. Ils ont une vision à court et moyen termes, et attendent une certaine vision sur leur carrière.Les Y, quant à eux, sont issus d'une génération surprotégée. Optimistes et dotés d'une forte confiance en eux, ils développent un véritable esprit d'équipe. En entreprise, ils ont besoin d'être valorisés en permanence, et ce dès leur arrivée. Ils n'accordent que peu d'importance à la hiérarchie et s'attendent à être autonomes et reconnus dès le début de leur carrière. Ils veulent également comprendre ce qu'ils font et que ce soit conforme à leurs valeurs. Dans ce contexte, les Y s'investissent sans commune mesure dans les projets proposés et développent un fort esprit collaboratif. S'ils attachent plus d'importance au poste qu'à l'entreprise, ils souhaitent cependant connaître les politiques qui y sont développées et y être impliqués, notamment au niveau de la responsabilité sociale. Enfin, les Y ont évolué dans un environnement fortement technologique, qui influe sur la façon dont ils communiquent en général, principalement de manière instantanée et collaborative. Pour eux, il est normal de se servir de cette technologie au quotidien ; ils supportent donc mal qu'on les en prive.Manager dans un contexte matriciel
Face à ces constats, dans les SSII où la culture d'entreprise s'avère difficile à établir mais où il est également primordial de fidéliser les salariés pour pérenniser l'activité, les générations X et Y doivent nécessairement apprendre à travailler ensemble. Un dirigeant a d'abord intérêt à savoir parler moyen et long termes, manageant par projet avec des étapes collaboratives. Il bénéficiera ainsi d'une vision régulière sur l'avancement d'un projet, tandis que le “ managé ” Y se sentira impliqué dans chaque phase du projet. En parallèle, le rapport hiérarchique devra être revu, dans un contexte plus matriciel. Sans pour autant être gommée, la hiérarchie devra montrer sa valeur ajoutée et faire preuve de partage et d'implication, plutôt que de s'imposer par le grade obtenu à l'expérience. Il faut que le collaborateur Y se sente impliqué dans les orientations et les décisions de la hiérarchie, ce qui nécessite du manager X transparence et franchise.Enfin, le mode collaboratif étant érigé au rang de normalité par ces jeunes actifs, le travail d'équipe doit être favorisé et les outils 2.0 intégrés. Au manager de la génération X d'envisager au préalable ces outils comme une voie d'optimisation du travail, et pas seulement comme une contrainte ou une perte de temps. La génération X pourra cependant respecter ses principes de management propres à sa philosophie, en inculquant par exemple le respect du management compétent et méritant.
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