Les régimes autoritaires à l'épreuve d'Internet

[Blog] La situation en Tunisie et en Egypte permet d’établir un lien étroit entre les soulèvements populaires et le taux de connexion de ces pays.

La théorie des dominos a ses limites. L’effet de propagation en Afrique du Nord est évident : la révolution du jasmin a bien provoqué celle du papyrus. Mais ce phénomène d’entraînement a aussi été nettement amplifié par les médias sociaux et notamment Facebook et Twitter.
A partir de là, il est tentant de faire un lien direct entre la capacité d’un peuple à renverser un dictateur et le nombre de personnes connectées à Internet. Cette carte de la BBC datant de 2009 montre ainsi que la Tunisie (34 %), le Maroc (41 %) et l’Egypte (24 %) affichent les taux de connexion les plus élevés de la région.
Loin devant l’Algérie (13 %) et surtout la Lybie (5,5 %) qui semble préservée de toute révolution 2.0. Au Moyen Orient, les régimes politiques de Jordanie (26 %), de la Syrie (20 %) ou l’Arabie Saoudite (38 %) peuvent légitimement s’inquiéter.
En reprenant le principe de l’émission Les dessous des cartes, on pourrait bien sûr superposer d’autres calques sur la mappemonde et obtenir des résultats similaires en prenant par exemple le taux de jeunes diplômés du supérieur.
La censure totale du web, un rêve impossible

Pour autant, tous les régimes totalitaires ont compris l’importance de maîtriser le web. L’Egypte a imposé ce week-end un blackout d'une ampleur inédite en faisant pression sur les quatre grands fournisseurs d'accès du pays. 88 % environ du réseau était ainsi indisponible selon Trend Micro.
De son côté, la Chine a banni le mot « Egypte » des sites de micro-blogging Sina et Sohu, les Twitter chinois. Même si la page d'accueil traduite de Sina laisse à penser que le filtre a été levé. Quant à la Syrie, elle censure Facebook et les applications de chat sur mobile.
Bâilloner le web, le rêve de toute dictature. Un rêve impossible. Des Egyptiens déjouent la censure en passant par des proxys ou en utilisant des connexions bas débit RTC avec l'aide notamment du FAI français FDN. Les activistes de We Rebuild proposent, eux, une passerelle fax. Des blogs expliquent également comment contourner le blocage de Twitter.
Là encore la représentation géographique de l’activité du web offre de précieux enseignements. Trendsmap qui permet de visualiser en temps réel les tendances sur Twitter laisse toujours apparaître un nuage de mots-clés au-dessus du Caire. « Protestation », « Propagande » « Tahrir »… comme autant de messages de liberté.
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galaXYq
Dès lors on est en droit de se demander à quoi sert le Deep Pack Inspection (ou plus politiquement correct le Network Intelligence) et pourquoi les agences d'état investissent des sommes pharaoniques dans ces technologies de controle de l'information !
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hoplala
Est-ce que ces événements ne vont pas donner du grain à moudre aux partisans du fameux « kill switch » ?
PS : je tiens au passage à remercier Maitre Capello pour son INDISPENSABLE remarque sur les serveurs mandataires? -
_SyNaPSe_
Bonjour,
Le mot "proxys" n'existe pas. En Bon Anglais, c'est "a proxy" au singulier et "proxies" au pluriel. En bon français, c'est "serveurs mandataires".
Voila ;) -
max_archi
On parle pas de l'Iran ? C'est pourtant le pays qui a rendu célèbre la "révolution twitter".
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