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Les réseaux de stockage en IP sur gigabit Ethernet commencent à séduire les PME et les départements de grandes entreprises. Ils se marient aux SAN fibre channel et aux serveurs de fichiers NAS.
Il y a loin de la coupe aux lèvres. Tel est le constat face au décollage plus lent que prévu des réseaux de stockage à la norme iSCSI, en comparaison du succès du fibre channel (FC). Les signes positifs en faveur de l'adoption de l'iSCSI se multiplient toutefois. On compte bien sûr la disponibilité de pilotes iSCSI gratuits sur les serveurs Windows 2003 de Microsoft, adaptés au déploiement d'Exchange ou de SQL Server. Dans la foulée, des ports iSCSI natifs ont fleuri sur les baies de Net work Appliance ou Adaptec, puis chez EMC et HDS. HP, IBM et Red Hat ont également développé des pilotes iSCSI pour leurs propres machines Unix ou Linux. Le marché des baies iSCSI devient viable (lire le tableau de l'offre), si bien que, selon le cabinet Gartner, 10 % des revenus des vendeurs de baies SAN viendront de baies iSCSI en 2009.Le protocole normalisé par l'IETF en 2003 gagne les applications pas vraiment critiques, les messageries Exchange, quelques bases Oracle et MySQL, et les serveurs départementaux. Les moindres performances d'iSCSI par rapport au FC y suffisent et sont largement compensées par la simplicité de mise en ?"uvre, l'extensibilité d'Ethernet jusqu'à 10 Gbit/s et le moindre coût des équipements. Des commutateurs Ethernet standards suffisent, en effet, pour bâtir un réseau de stockage. Les analystes du Gartner attirent toutefois l'attention sur le fait que les économies réalisées en adoptant iSCSI par rapport au FC, à configuration équivalente, ne sont que de 5 à 15 %, certains vendeurs recommandant de déployer une infrastructure Ethernet dédiée, et cela, au prix de compromis sur les performances. Quoi qu'il en soit, ces analystes identifient une adoption d'îlots iSCSI par les PME, les agences ou certains services de grandes entreprises, ouvrant la voie à des solutions inédites de reprise d'activité après désastre.
Deux technologies complémentaires
Le FC, quant à lui, résiste bien. La technologie est à maturité, elle a accédé au 4 Gbit/s, en attendant le 8 Gbit/s. Le protocole peut être acheminé à moindre coût sur IP, pour de la réplication des données sur un site secondaire distant. ' Le FC est inséparable des systèmes centraux, défend Jean-Baptiste Fuster, directeur marketing de HDS. Ils ont besoin de fortes performances, d'une grande évolutivité, d'une administration centralisée et d'un SAN pouvant croître à l'infini sans interruption des serveurs. iSCSI et FC ne sont pas concurrents, mais complémentaires. ' De nombreux équipementiers considèrent d'ailleurs iSCSI comme un bon moyen d'intégrer les serveurs départementaux dispersés à un grand réseau SAN central en FC, à travers des liens IP conventionnels (y compris xDSL). ' Cette consolidation ultime arrive à son heure, estime Philippe Jeandel, responsable technique chez Brocade, leader historique de la commutation FC. Les grandes directions informatiques peuvent maintenant s'y consacrer, puisqu'elles ont achevé pour la plupart leur consolidation en central. ' Cisco Systems soutient cette évolution. En même temps qu'il lançait ses routeurs iSCSI, il avait introduit sa gamme MDS 9000 de fabriques et de directeurs FC ?" une technologie à laquelle il ne croyait pas à l'origine ?" dotée de passerelles iSCSI. Depuis, la concurrence s'est durcie sur le marché du FC, au point que McData, autre leader historique du domaine, a dû jeter l'éponge et se fondre dans Brocade en août dernier. Chez Cisco, les MDS9000 sont désormais au c?"ur de sa stratégie Sona (Service oriented network architecture). Sona s'adresse à l'ensemble des problématiques des centres informatiques, avec des solutions comme la virtualisation des ressources de stockage, qu'elles soient sur IP ou en FC. Les directeurs MDS9000 cherchent donc la flexibilité en matière de connectivité. Ils présentent 6,9 ou 13 emplacements pour des cartes iSCSI ou fibre channel. Les cartes FC embarquent 12 ou 48 ports (à 1,2 ou 4 Gbit/s) ou 4 ports à 10 Gbit/s. Les cartes Gigabit Ethernet encapsulent du iSCSI ou du FC sur IP (pour de l'interconnexion de salles blanches). ' Avec vingt serveurs iSCSI, le coût du port Gigabit Ethernet est de 250 euros par serveur ', indique Émeric Calabrese, consultant SAN chez Cisco. L'architecture Sona entend, en outre, amener l'iSCSI au niveau des exigences de fiabilité du FC.
Des exigences de fiabilité
' Le trafic iSCSI doit compter sur un réseau IP, LAN ou WAN fiable, souligne Émeric Calabrese. Il ne serait pas prudent de se reposer uniquement sur de la commutation Ethernet. On doit garantir la haute disponibilité, la confidentialité, l'intégrité des données, et le caractère prioritaire du trafic iSCSI via des mécanismes de qualité de service. ' Les flux iSCSI sont donc chiffrés en IPSec, authentifiés par Radius et intégrés à l'administration centrale Fabric Manager de Cisco. Ils profitent aussi de l'adressage IPv6, de l'équilibrage de charge (par groupe d'utilisateurs), de la prioritisation de flux, de la segmentation VSan (Virtual SAN) ainsi que de la redondance des chemins avec VRRP (Virtual router redundancy protocol).De son côté, le concurrent Brocade n'a jamais été moteur sur iSCSI. Il n'entend pas moins satisfaire les mêmes besoins de consolidation iSCSI sur les infrastructures FC déjà existantes. Sans atteindre toutefois la même sophistication fonctionnelle. En septembre dernier, il a introduit sa première carte passerelle pour son directeur SilkWorm 48000. Cette carte offre 8 ports Gigabit Ethernet et 8 ports FC 4 Gbit/s. Elle accepte 512 connexions serveurs, intégrées à l'administration centrale. Les serveurs iSCSI sont authentifiés et peuvent emprunter deux chemins différents, via deux cartes différentes. ' Cette carte est plus un produit tactique qu'un produit stratégique ', reconnaît Philippe Jeandel. Avant dix-huit mois, Brocade proposera une connectivité HyperSCSI, c'est-à-dire du iSCSI sur du 10 Gigabit Ethernet. Qu'en est-il chez les fournisseurs de baies de stockage ? Dans son entrée de gamme, à partir de 10 To de capacité, HDS propose les deux interfaces au choix. Mais ses grandes baies sont exclusivement FC. Quant à sa plate-forme TagmaStore USP (Universal storage plat-form), championne de la virtualisation du stockage, elle est multiprotocole. Elle accueille des cartes iSCSI pour consolider du stockage distant, ainsi que des cartes FC. ' Si 30 % des PME vont évoluer vers iSCSI, résume Jean-Baptiste Fuster, directeur marketing de HDS, toutes les grandes entreprises s'apprêtent à " ponter " leurs infrastructures FC avec leurs petites baies iSCSI distantes. '
Une connectivité MPFSi sous Linux
EMC, pour sa part, a intégré iSCSI à l'ensemble de ses systèmes de stockage SAN et NAS (CLARiiON, Symmetrix, Connectrix, Celerra et NetWin). Accessoirement, il propose une connectivité MPFSi (Multipath file system for iSCSI) sous Linux, permettant aux machines clientes d'un serveur de fichiers Celerra de bénéficier en direct des performances de baies iSCSI alimentant un frontal NAS. Pour les très gros volumes de données, les transferts en mode Bloc sont en effet plus rapides qu'en mode Fichier. Une solution qui concerne surtout les environnements intensifs et Grid.Enfin, NetworkAppliance apparaît comme le leader du iSCSI avec 30 % de parts de marché en 2005 (source Gartner).