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En dépit de leurs efforts pour se former, les ' seniors ', experts en anciennes technologies, ne parviennent pas à convaincre les recruteurs. Manque d'expérience, salaires trop élevés et pression de l'offshore condamnent ces informaticiens de très bon niveau.
Trentenaire et déjà vieux ? C'est le lot des informaticiens, en particulier en SSII. Un âge plutôt valorisant lorsqu'on a parcouru le cursus classique : développeur, analyste, chef de projet junior, puis senior... Mais il en va tout autrement quand le ' senior ' a mené une carrière purement technique, à plus forte raison lorsqu'il est resté cantonné à des technologies désormais dépassées.Conscients du danger, nombre d'ingénieurs ont pourtant fait l'effort de renouveler leurs connaissances techniques. Ils se sont formés, le plus souvent à leurs propres frais, aux technologies dites nouvelles, de type Java, J2EE ou .Net. Une initiative certes louable, mais qui est malheureusement classée sans suite. ' La reconversion n'est pas facile, déplore Anne Touret-Jeanne, directrice du cabinet de recrutement Claude Jeanne Sélection. Les technologies ont, en effet, beaucoup évolué, et comme les prix des prestations stagnent, les sociétés de services ont besoin de personnes opérationnelles et peu chères '.
Les quadras restés sur la technique, hors-jeu
' Un senior débutant ne trouve pas sa place dans ce monde-là, confirme Yves Buisson, directeur associé recrutement d'Unilog. Intégrer des seniors dans une entreprise dont les effectifs sont très jeunes est très complexe. Nous avons tenté l'opération : elle s'est conclue par un fiasco. ' Même son de cloche chez la plupart des interlocuteurs. ' Je vois des gens prêts à revoir à la baisse le salaire. Mais, quoi qu'on dise, positionner un senior au même niveau qu'un débutant est impossible ', dit Amadou Ngom, PDG de Des Systèmes et des Hommes.Certes la tendance était latente depuis plusieurs années. Aujourd'hui, les témoignages et déclarations des recruteurs ne laissent aucun doute. Ces quadras qui ont préféré rester sur des métiers techniques plutôt que d'attraper l'ascenseur du management sont hors-jeu.Qu'il s'agisse des mainframes ?" Cobol en tête ?" des technologies AS400, de client-serveur, de Visual Basic ou de toute autre technologie dite ' ancienne ', le constat est le même : la demande des recruteurs est en forte baisse. De plus, plutôt que de recruter ces experts dont la compétence est indéniable, les grands prestataires préfèrent former des jeunes diplômés sur ces technologies dépassées, pour acquérir les compétences le temps d'un projet. Ce qui finalement revient tout de même moins cher.
L'offshore prend le relais sur les grands chantiers de TMA
Les anciens systèmes n'ont pas disparu pour autant. C'est bien l'offshore qui prend le relais sur les grands chantiers de maintenance applicative, menés tant par les grands comptes eux-mêmes que par leurs prestataires. Voilà donc l'effet visible de ces migrations de TMA vers les pays à bas coût qui commencent ainsi à rogner sensiblement les effectifs nationaux.Reste que l'actualité pourrait donner un coup de pouce à ces ' seniors ' boudés par les recruteurs. Les pressions opérées par la Halde, Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité, contraignent les cabinets de recrutement à proposer en sélection finale des profils divers en termes d'origine et d'âge. ' Les plus de 50 ans recommencent à obtenir des entretiens. Le fait de pouvoir s'abriter derrière la loi nous permet de sélectionner des candidats sans discrimination ', explique Dominique Galet, directeur Systèmes d'information chez Michael Page. Encore faut-il que l'entretien débouche sur une embauche.
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