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Après avoir renoué avec la croissance en 2004, l'industrie informatique retrouve sa place parmi les poids lourds de l'économie mondiale. Sept raisons expliquent cette performance, dont les salariés ne profitent pas.
L'année 2005 est un bon cru pour l'industrie des technologies de l'information et de la communication (TIC). La croissance et la profitabilité sont de nouveau au rendez-vous. Cette dernière progresse même parfois mieux que le chiffre
d'affaires. C'est en tout cas l'un des premiers constats qui ressort des résultats financiers des fournisseurs, annoncés ces derniers jours. En s'appuyant sur ses géants, l'industrie TIC peut se féliciter de jouer un rôle de premier plan dans
l'économie mondiale. Une tendance qui confirme l'étude biennale réalisée par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).Cette dernière relevait, il y a un an, que ' les perspectives [du secteur des TIC, NDLR] se sont nettement améliorées [...] et que la reprise s'étend, soutenue par le dynamisme des Etats-Unis, de la Chine
et de la Corée '. Une croissance globale qui touche l'ensemble des secteurs, des SSII aux constructeurs, en passant par les éditeurs et les acteurs des télécoms. La rédaction de 01 Informatique a repéré
les sept raisons qui expliquent cette situation. Revue de détail.
1. Les pays émergents s'équipent massivement
Pour la partie logiciels, les pays émergents représentent un intéressant levier de croissance. Sur trois trimestres, Symantec réalise par exemple sa plus forte progression (11 %) sur la zone Asie, contre 8 % sur l'Europe et
2 % outre-Atlantique. Même si la demande est souvent faible, elle grimpe rapidement. Il en est ainsi en Malaisie, à Singapour ou, encore, à Hong-kong. Les nouveaux entrants de l'Union européenne sont également dynamiques.
' Cela tient aux administrations de ces pays, qui doivent se standardiser en raison de leur ralliement à l'Union. La demande tourne donc autour de solutions de workflow, de logiciels de gestion de processus ou, encore, de
gestion de documents et d'archivage électronique ', analyse Gilles Pardon, le fondateur de Softdatabase.En matière de vente de PC, la croissance est très importante dans les pays émergents de l'Europe de l'Est : Turquie, Pologne. De même, l'Asie comme l'Amérique latine affichent des progressions de 26 %, contre 17 % pour
l'Europe et 7,5 % pour les Etats-Unis. On retrouve ce phénomène dans l'industrie manufacturière des télécoms. Même si l'année 2005 est moins bonne que la précédente, la progression de l'activité atteint 8 %, selon l'Idate.
' La croissance vient notamment du marché grand public dans les pays émergents ! Asie, Moyen-Orient, Amérique du Sud ', précise Julien Salanave, responsable du pôle équipements télécoms au sein de
l'Idate.
2. Le grand public booste les ventes de PC
Pour l'industrie du PC, l'année 2005 a été celle de tous les records. Près de 220 millions de machines vendues dans le monde, une croissance de plus de 15 % selon le cabinet Gartner. Et, pour la première fois, il se vend plus de
PC dans la zone Europe (Moyen-Orient et Afrique) qu'aux Etats-Unis : 72 millions de machines contre 67 outre-Atlantique. ' Ce sont les portables et les machines grand public qui tirent le marché. Si l'on isole les ventes
de PC de bureau et de machines destinées aux entreprises, on constate parfois une baisse des ventes ', affirme Brian Gammage, analyste au Gartner.
3. Le référencement continue de profiter aux grosses SSII
Le dynamisme de la demande en infogérance continue de bénéficier aux ténors du marché, Accenture, CSC en tête et, dans une moindre mesure, IBM Global Services, EDS et HP Services. Ces acteurs profitent de leur large palette de
prestations pour emporter la décision au sein des entreprises utilisatrices. Il faut y voir un effet direct de la réduction du nombre de prestataires et du référencement mis en place par les directions achats. Celles-ci préfèrent faire appel à des
SSII à l'activité économique stable et à la pérennité assurée. L'externalisation des applications de ' back office ', ou ' application management ' reste
également l'un des segments du marché les plus dynamiques. Les entreprises cherchent, en effet, à rationaliser leur parc applicatif et préfèrent en confier l'évolution à un prestataire. Le BPO (Business Process Outsourcing), ou externalisation de
fonction, est aussi en plein essor. Mais il n'est pas certain que cette tendance se poursuive. ' Il semble que les politiques de référencement se relâchent un peu, dans la mesure où leur application de façon trop stricte a pu
empêcher les entreprises de trouver des prestataires spécialisés ', estime Gregory Ramirez, analyste financier chez Arkeon Finance.
4. L'ingénierie et l'intégration profitent du dégel des budgets
En matière de services, l'exercice 2005 a surtout été marqué par la reprise du segment des prestations d'ingénierie et d'intégration de systèmes. Les entreprises qui avaient gelé les investissements pour le développement de nouvelles
applications ont à nouveau ouvert les vannes, dans l'optique d'améliorer leur compétitivité. Malgré une croissance économique limitée, la vieille Europe reste globalement un marché très dynamique en termes de prestations informatiques.
5. La Chine dynamise l'économie du logiciel
' L'Asie, et en particulier la Chine, c'est le rêve pour les éditeurs de logiciels. Il n'y a ni problème budgétaire, ni lenteur des cycles de vente comme on peut le vivre en Occident ',
affirme Gilles Pardon, fondateur de Softdatabase. Conséquence : la dépense professionnelle en logiciels aurait grimpé de 17,9 % en 2005, pour atteindre 5,6 milliards d'euros. Pour ce spécialiste, ce dynamisme s'explique par
l'internationalisation des entreprises locales, tous secteurs confondus. Elles se frottent ainsi à des concurrents internationaux, ce qui les oblige à investir en logiciel pour améliorer leur compétitivité. Un phénomène qui profite largement aux
éditeurs occidentaux, quelle que soit leur taille.
6. Les opérateurs télécoms consolident leur infrastructure
Selon l'Idate, la croissance des équipementiers télécoms n'a été que de 8 % en 2005, contre 14 % en 2004. En cause, la baisse des investissements des opérateurs, qui passent de 9,5 % à 7 %.
' Les bons chiffres de 2004 s'expliquent par l'effet de rattrapage après deux ou trois années de crise ', précise Julien Salanave, responsable du pôle équipements télécoms au sein de l'Idate. Le
ralentissement est aussi, parfois, le fait des consommateurs. ' L'un de nos très gros clients américains a ralenti ses investissements. Les trimestres prochains montreront qu'il s'agit d'un accident ',
affirme Laurent Lafarge, président de Lucent France.
7. Reprise de la demande en progiciels applicatifs
Beaucoup de grands comptes ont modernisé tout ou partie de leur système d'information (SI) à la fin des années 1990. Sachant que la durée de vie du SI est de l'ordre de six à sept ans, ils sont en phase de renouvellement. Un phénomène
qui touche notamment les progiciels de gestion intégrée. Le champion du monde en est le principal bénéficiaire. SAP voit ses ventes de logiciels bondir de 18 %. Et l'avenir du PGI s'annonce radieux. Le cabinet Pierre Audoin Consultants estime
que les ventes de licence et de maintenance devrait croître annuellement de près de 9 % jusqu'en 2008.