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Linux rivalise aujourd'hui avec les systèmes serveurs propriétaires, que ce soit avec Windows pour les infrastructures génériques ou avec Unix sur les solutions critiques. La pile des services d'infrastructures open source, en particulier les serveurs de bases de données, manque encore de maturité.
Sur le tout-venant des serveurs, le système Linux s'accompagne de toutes les fonctions standards : les serveurs d'applications Java, les bases de données, les portails répondent à l'appel. Aujourd'hui, il se décline aussi en hyperviseurs open source, pour bâtir un cloud à demeure et y exécuter à la demande des machines virtuelles, tout comme le font ESX de VMware et Hyper-V de Microsoft. Bien sûr, Linux se virtualise tout autant que Windows. “ Ce système d'exploitation est, au final, moins gourmand qu'Unix et Windows. Nous l'avons installé chez un client sur des serveurs de terminaux, utilisés par jusqu'à 30 personnes chacun. La configuration de ces machines serait pourtant juste suffisante pour exécuter un seul poste Windows 7 ”, relate Emmanuel Florac, directeur technique d'Intellique.Selon Franz Meyer, vice-président Europe de Red Hat, Linux ne s'adresse pas qu'à certains métiers : “ Si la carrière de ce système libre s'est bâtie avec le déploiement des serveurs web, il est désormais partout présent. Les grands éditeurs (Oracle, Sybase, SAP, Generix, Dassault Systèmes, etc.) ont adapté leurs solutions. ”
Plébiscité pour les gros calculateurs
Franz Meyer reconnaît pourtant que “ la finance, les télécommunications et l'informatique scientifique constituent nos premiers et plus grands marchés. Le secteur gouvernemental est aussi un très fort consommateur de solutions Linux. L'industrie est encore un peu en retrait, du fait de cycles d'adoption des nouvelles technologies souvent plus longs. ” En environnement virtualisé, l'OS open source fait une entrée remarquable sur les mainframes IBM. Selon Gartner Group, Linux pour Systèmes z est aujourd'hui une technologie mature, employée par les grands comptes pour consolider leurs charges de travail Linux.D'ailleurs, c'est dans ces domaines de niche que ce système affiche sa supériorité. Quatre-vingt pour cent des 500 plus puissants calculateurs du monde fonctionnent sous Linux, preuve de l'importance stratégique particulière dans le calcul de haute performance. La marche forcée de ce sytème dans le très haut de gamme se décline sur l'informatique de gestion, un domaine qui a lui aussi des problématiques d'exécution sur de très gros matériels pour traiter des bases de données gigantesques.
Linux aussi performant qu'Unix
Pour Franz Meyer, le fait que Linux parvienne à faire aussi bien qu'Unix sur des serveurs génériques peut être considéré comme la réussite du système de l'année 2010 : “ Notre précédente plate-forme, RHEL 5 (Red Hat Enterprise Linux 5), sortie en 2007, reconnaissait un maximum de 255 processeurs. Avec la version 6, cette limite a été portée à 4 096 processeurs, soit autant que le maximum théorique sous Unix. En pratique, nos partenaires certifient déjà des machines à 128 processeurs ”, indique-t-il.Néanmoins, les briques logicielles de bas niveau open source ne sont pas encore aussi évoluées que leurs équivalentes propriétaires. Selon Gartner Group, les solutions libres manquent de quelques années de maturité. Pascal Ognibène, directeur technique de Valtech, préfère dénoncer la dérive non standard des logiciels commerciaux historiques : “ Le principal problème de cohabitation rencontré entre des serveurs Windows et Linux est l'authentification défaillante des seconds sur le service Active Directory de Microsoft. ” Selon lui, le meilleur moyen de contourner cette difficulté reste de ne peupler l'infrastructure que de composants open source, open LDAP et Samba, lesquels miment ensemble Active Directory avec des fonctions tantôt compatibles, tantôt standards, mais jamais en avance techniquement.
Des bases de données encore en retrait
En revanche, Pascal Ognibène reconnaît que les bases de données demandent des adaptations “ assez lourdes ” pour les faire migrer vers des solutions libres. Les serveurs de bases de données open source, MySQL principalement, sont peu adaptés au service intensif de données ou au décisionnel. Aucune des plates-formes référencées par le banc de test TPC-C ne met en œuvre un SGBD open source, preuve des difficultés de ce type de système de gestion à monter dans les performances extrêmes.Ce qui explique que les entreprises qui déploient des progiciels open source, tels que les ERP, le font souvent avec un SGBD Oracle. “ Ces applicatifs métier sont le cœur de notre business ; ils peuvent mettre en péril la société s'ils n'atteignent pas leurs objectifs. Je préfère avoir la possibilité de faire intervenir Oracle. Avec une très large base installée de clients, celui-ci est un gage de stabilité et de support ”, indique Valérie Bourbon, DSI de Smartbox.
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