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À cause de l'immaturité des services web, les entreprises hésitent encore à exposer leurs applications métiers à leurs partenaires. Mais l'essor des architectures orientées services pourrait bénéficier à l'usage des services web
en B to B.
Devenus modèle de référence d'une interconnexion lâche d'applications faiblement couplées, les services web trouvent dans les communications B to B un terrain d'expression tout trouvé.Ainsi, depuis des mois, France
Télécom propose aux opérateurs ADSL alternatifs un service web capable de leur indiquer la disponibilité de l'ADSL dans telle ou telle localité.
La standardisation des services web trop immature
Pourtant, bien peu de projets B to B mettent en ?"uvre ces technologies ; beaucoup de chefs de projet écartent les services web, jugeant les spécifications issues des travaux de standardisation encore inachevées en ce qui
concerne la gestion et la fiabilité des transactions, la qualité de service, et la garantie de la sécurité. Pierre Soignon, directeur technique de la SSII Micropole-Univers, reconnaît l'impact de l'immaturité des standards des services web lors des
déploiements en entreprise :' Il existe toujours des solutions pour pallier les manques en matière de standards. C'est le cas de la sécurité. Ainsi, on sait fort bien mettre en place une architecture à base de services
web complètement sécurisée. Mais l'absence de standards achevés dans ce domaine aura pour conséquence de devoir obtenir l'accord de tous les partenaires de l'entreprise afin de s'aligner, en termes de sécurité, sur la solution choisie par le donneur
d'ordre. 'Emmanuel Sabourin, directeur technique pour l'Europe d'i2 Technologies, éditeur de logiciels de gestion de la chaîne logistique (ou SCM,Supply chain management), oppose à cette prudence une
attitude volontariste que l'on retrouve chez de nombreux éditeurs, qu'il s'agisse des spécialistes de l'infrastructure EAI(Enterprise application integration)et du BPM (Business process management, ou
orchestration de processus) ou de fournisseurs de solutions ERP, CRM ou, ici, SCM :' Tous nos services d'intégration peuvent être déployés en tant que services web. Nous exposons notre modèle de données et les services
d'intégration se publient en fichiers au format WSDL(Web services description language). Ils peuvent s'enregistrer dans une architecture orientée services (ou SOA,Services oriented
architecture),et être introspectés. '
La prudence est de rigueur
À la question' Quels sont les clients d'i2 qui exploitent cette capacité ? ', Emmanuel Sabourin doit cependant reconnaître la position très en retrait des entreprises vis-à-vis
de son offre. Ainsi, Airbus, l'une des plus prestigieuses références d'i2, pratique de façon intensive les échanges électroniques avec ses fournisseurs sur sa plate-forme par transfert de fichiers plats. ' C'est le
modèlehub-and-spoke. Airbus garde ainsi un contrôle total de ses échanges. Il ne propose pas encore les services web à ses partenaires ', poursuit le directeur technique. Tout juste déclare-t-il que des
négociations sont engagées entre l'avionneur et l'un de ses fournisseurs américains, Hamilton Sundstrand, quant aux modalités de mise en place de services web entre les deux industriels.Pierre Soignon, qui a déployé des services web chez ses clients pour leurs applications internes, confirme cette prudence :' Nous avons mis en place des services web dans le cadre d'échanges
interapplicatifs. Nous venons de réaliser le projet Parcours pour le ministère de l'Emploi et de la Solidarité, pour la gestion des offres de formation. Les services web sont employés au sein d'un même système d'information et, même si rien
n'empêche d'y recourir pour les échanges entre partenaires, les entreprises ne savent pas comment elles vont tirer parti de ces technologies, notamment d'un point de vue commercial. '
Une méconnaissance de la technique
Arnaud Vantichelen, directeur technique de Sterling Commerce, un éditeur dont l'expérience en matière de B to B remonte au temps de l'EDI, va plus loin :' Cette réticence est certainement due à une
méconnaissance de la technique, plus qu'à un réel refus. Les entreprises qui ont déployé des solutions B to B qui fonctionnent ne voient pas quelle plus-value elles tireraient des services web, tout comme elles n'ont pu voir, il y a trois ans, quels
bénéfices elles pouvaient tirer d'XML par rapport à l'EDI traditionnel. 'Pour sa part, Philippe de Cuzey, président de la SSII Bright Side Factory, confie :' Nos clients parlent de plus en plus des
services web, mais ils ont un esprit grégaire. Beaucoup y viendront dès qu'apparaîtront des cas d'implémentation réussie. 'La SSII vient de terminer le service de cotation automobile deL'argussous forme
de service web. Destiné aux clients professionnels deL'argus, ce service contourne les lacunes en matière de sécurité.' Les clients professionnels sont bien identifiés : la sécurité est assurée par le
paramétrage des parefeu qui assurent l'authentification. Les transactions sont chiffrées par SSL ', affirme Philippe de Cuzey. La sécurité n'est donc pas réalisée au sein des services web eux-mêmes ; et l'application,
une séquence linéaire d'échanges de messages XML, n'a pas requis d'outil d'orchestration évolué. Elle n'en présente pas moins un niveau de complexité élevé, notamment côtéback-office,le calcul de cotation étant facturé aux
clients deL'argus :' Le projet présentait des contraintes fortes en matière de temps de réponse, de montée en charge et de reprise en cas de panne. Nous avons retenu
unclusterOracle sous Linux. L'aspectback-officeavait aussi toute son importance : nous gérons duticketing,afin de réconcilier les données et facturer les clients. Ce projet a été
l'occasion de mettre en place une véritable architecture SOA chez L'argus ', explique-t-il.Les SOA(Services oriented architectures)servent de marchepied aux services web. Mais attention,' il ne faut pas confondre services web et SOA ! ',relève
Tanguy Crusson d'Intalio, éditeur de BPM. Fournir des services, ce n'est pas fournir des services web.' Une SOA est un système d'information composé de services réutilisables découverts et exécutés de façon
dynamique. 'La découverte du service s'effectue au moment de l'exécution, et non lors de la création de l'application.
Une promesse qui devra convaincre
L'essor des SOA pourrait entraîner une redistribution des cartes dans l'EAI. Les nouveaux entrants comme Fiorano Software et les outsiders tels que Sonic Software misent, en effet, sur l'ESB(Enterprise service
bus)pour bousculer les acteurs traditionnels du domaine.' Le décalage est important entre les systèmes opérationnels et la vision apportée par l'ESB,assure Philippe de Cuzey.Aujourd'hui, les
solutions d'intégration véhiculent essentiellement des messages orientés données, n'effectuent pas de routage, et disposent d'adaptateurs simples. Avec l'ESB, les messages sont orientés services, et on assure le routage de message et une
orchestration de services. On ajoute une couche d'abstraction sur les applications, ce qui libère du carcan des structures de données propre à chaque application. 'Une promesse qui devra convaincre, face aux investissements
consentis en EAI traditionnelle.
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