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Anticipant un chiffre d'affaires en recul en 2009, les sociétés de services se focalisent sur la préservation de leur marge opérationnelle. Offshore, réorganisation, innovation... A chacune ses solutions.
Les faits
Les principales SSII françaises ont publié leurs résultats annuels. Après un bon exercice 2008, elles se préparent à une année difficile. Le manque de visibilité rend les prévisions incertaines.
L'analyse
' La crise sera longue et dure. ' PDG d'Atos Origin, Thierry Breton ne se fait pas d'illusions sur l'année 2009, anticipant un recul du chiffre d'affaires de la SSII d'environ 2 %. Même son de cloche chez Capgemini, qui prévoit un repli du même ordre sur le premier semestre. Même s'il s'agit là d'estimations monde et non du seul marché français, en meilleure posture, ces prévisions tranchent avec celles émises en novembre par Syntec informatique, qui tablait alors sur une croissance de 2 à 4 %. A la défense de la chambre professionnelle, les SSII ont accusé les effets de la crise en deux temps : une inflexion du marché à la rentrée puis de nouvelles restrictions budgétaires en janvier. ' Pour l'instant, nous n'observons pas de choc mais plutôt un effritement ', tempère Pierre Pasquier, président de Sopra.La SSII prévoit une croissance de son activité au premier trimestre mais ne s'aventure pas à livrer des perspectives au-delà. Coutumière des bonnes performances, Devoteam affiche, elle aussi, sa prudence. ' Nous sommes face à des clients qui sont eux-mêmes dans l'attente d'y voir plus clair. Dès lors certaines signatures sont retardées et notre business model est affecté ', affirme Stanislas de Bentzmann, coprésident du directoire. Prévision pour le premier semestre : une stagnation des revenus et une marge d'exploitation en régression de deux points. En définitive, le dirigeant de Devoteam observe que les entreprises n'ont pas encore figé leur budget informatique et gardent sous la main plusieurs scénarios en fonction de la dureté de la crise.Faisant une croix sur la croissance organique comme sur la croissance externe - la crise gèle toute velléité d'acquisition majeure -, les SSII se concentrent sur la marge opérationnelle. Capgemini tente de préserver celle chèrement acquise depuis le plan MAP (Margin Acceleration Program) lancé fin 2005. Selon Paul Hermelin, son directeur général, elle s'établirait au pire à 6,5 % sur le 1er semestre contre 7,6 % un an plus tôt. Pour cela, le champion français mise sur les secteurs résilients que sont le secteur public ou l'énergie, et sur ses partenariats technologiques (Google, Amazon). Capgemini entend aussi poursuivre et accentuer sa politique offshore avec 90 % des recrutements nets réalisés dans les pays à bas coûts. Plus de 36 % de ses effectifs ' facturables ' sont déjà situés en zone offshore.
Focalisation sur les projets à fort potentiel
Avec une marge opérationnelle de seulement 4,8 %, Atos Origin est, lui, dans un registre offensif. Pour la porter au niveau de ses concurrents d'ici à 2011, Thierry Breton lance le programme TOP pour Total Operational Performance. Clé de voûte du dispositif : une nouvelle organisation transversale par lignes métier rompant avec la large autonomie laissée aux pays. Le nouveau PDG mise aussi sur l'innovation comme remède anticrise en accompagnant notamment le marché vers le cloud computing.Sopra suspend, lui, son plan de développement qui, via une acquisition majeure, devait conduire la SSII aux alentours de 2 milliards d'euros en 2010. Pour maintenir sa marge opérationnelle, Sopra table sur le renforcement de sa compétitivité. En clair, la poursuite des chantiers déjà entamés l'année dernière. Industrialisation de la production d'abord. ' 2008 a notamment été consacrée à l'amélioration des pratiques de projets déportés (onshore-offshore) et de formalisation interne nécessaire ', précise Dominique Ilien, directeur général délégué. La focalisation sur les grands comptes stratégiques à fort potentiel de croissance et le développement d'une approche commerciale coordonnée est l'autre priorité. Ce qui conduira la SSII à décliner au maximum le continuum conseil-intégration-TMA.
Copier-coller sur le plan social
Au niveau réduction des coûts, les SSII se copient. Au programme : un gel des embauches ou du moins une plus grande sélectivité des recrutements au détriment des jeunes diplômés. Ce qui se traduira par une érosion des effectifs onshore. Si Atos Origin compte recruter 700 nouveaux ingénieurs en France, tous les départs ne seront pas remplacés. La SSII devrait terminer l'année avec deux mille collaborateurs de moins, soit 49 000 salariés. Les sous-traitants font aussi les frais de la crise. Capgemini prévoit une réduction de 30 % en volume et Atos Origin la fin de 1 000 contrats de prestataires sur 5 500.
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