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Du référencement des fournisseurs à leur mise en concurrence via le net, les professionnels de l'achat s'attaquent aux prestations informatiques. En collaboration avec des DSI... finalement plutôt satisfaits.
' L'année 2004 sera celle des premiers bilans pour les nouvelles pratiques adoptées par les services achats, comme la mise en ?"uvre d'outils d'e-sourcing ', annonce Charles Bismuth,
directeur des marchés services chez Unilog. De plus en plus impliquées dans les investissements informatiques, les directions des achats procèdent à l'industrialisation des achats informatiques y compris les prestations intellectuelles. Du
référencement des fournisseurs à la mise en concurrence des prestataires par le biais des enchères inversées, les pratiques de rationalisation des achats plus ou moins rigoureuses se multiplient. La mise en place de portails et d'outils de
gestion en ligne devient monnaie courante. Et ce n'est pas fini. En effet, ce dispositif d'industrialisation des processus devrait encore se renforcer dans les années à venir.
L'achat global de services s'intensifie
Selon la dernière étude réalisée par Unilog Management et le groupe HEC auprès de soixante et onze directions des achats des plus grandes entreprises opérant en France, la tendance est à la globalisation des achats de services, toutes
activités confondues recherche et développement, ingénierie, sous-traitance industrielle, prestations intellectuelles, etc. Les objectifs à trois ans de ces directions est de renforcer l'achat global, notamment dans le secteur des hautes
technologies, du développement de logiciels, des télécoms et des SSII (lire encadré ci-contre). Ce mouvement d'industrialisation a débuté dans l'industrie avant de s'étendre à la finance, à la banque et aux assurances, et, plus
tardivement, aux télécoms.Pour atteindre cet objectif, Didier Lambert, DSI d'Essilor et vice-président du Cigref, préconise d'associer le savoir-faire de trois métiers. ' Pour faire de bons achats en technologie, trois acteurs sont
nécessaires : la direction des systèmes d'information, qui apportera la spécification technique, la direction des achats pour son expertise achats, et la direction juridique pour anticiper les risques et " border " les
contrats. ' Didier Lambert reconnaît qu'' il existe des méthodes et des outils que les directions informatiques ne connaissent pas forcément '. Sa DSI s'appuie depuis un an sur
le savoir-faire d'une direction centrale des achats. Même démarche à la DSI de Kronenbourg : ' La DSI doit accepter qu'une autre direction vérifie et analyse les achats informatiques. L'aspect financier n'est pas le seul
à devoir être pris en compte. Les DSI ont progressé, car, auparavant, elles négociaient seules les contrats, sans s'appuyer sur la technique et la maîtrise d'un acheteur ', analyse Pierrette Frey, qui pointe le nécessaire
équilibre de responsabilités entre les différentes directions.
La délicate question des prestations intellectuelles sur le gril
Relations équilibrées ou rapport de forces ? Quoi qu'il en soit, l'implication renforcée des services achats dans les dépenses informatiques ravive le débat sur l'achat de prestations intellectuelles. Il s'agit de services très
variés, difficiles à évaluer, allant du conseil au développement, en passant par les étapes de déploiement. De plus, ils ne sont pas toujours gérés par la direction des achats. A la DSI de Kronenbourg, le partage des rôles est bien défini :
' Pour les prestations intellectuelles, les notions de coût, de compétence et de solution sont d'importance équivalente, précise Pierrette Frey. Un travail d'analyse doit donc être mené avec la direction
des achats pour évaluer correctement le coût de nos grands projets de modernisation du système d'information et négocier le prix des licences logicielles et celui des services associés. ' Sur ce point, dans bon nombre
d'entreprises utilisatrices, comme chez Kronenbourg, les rôles de chacun en interne sont aujourd'hui identifiés.
Des fournisseurs directs passés à la trappe
Il n'en reste pas moins qu'en externe ces politiques de rationalisation ne sont pas neutres. Elles modifient la position des prestataires entre eux. Et, par là même, les conditions concurrentielles du marché. Les grandes entreprises
utilisatrices cherchent aussi, en effet, à diminuer le nombre de leurs fournisseurs directs. En témoigne France Télécom, qui a réduit drastiquement la liste de ses prestataires, et qui pratique les enchères inversées pour abaisser les prix de la
journée/homme. Près d'une trentaine de SSII seraient référencées à ce jour, contre un millier il y a quelques années. Certaines rompent le silence et dévoilent que seule une petite dizaine d'entre elles aurait aujourd'hui le privilège de travailler
régulièrement avec l'opérateur. Interrogé par 01 Informatique, le directeur des achats de France Télécom s'est refusé à tout commentaire. ' Il n'y aura jamais de liste officielle des sociétés
référencées ' , dévoile cependant une source proche de l'opérateur.Suivant la même logique, les secteurs de la grande distribution et de l'assurance tendent à user des mêmes pratiques. Ainsi les groupes Carrefour, AGF et AXA ont-ils également réduit le nombre de leurs prestataires. De quoi inquiéter
le monde des SSII : ' L'industrialisation des services informatiques est une stratégie à long terme. Or, nous ne sommes pas dans un marché de commodités, mais de prestations spécifiques. Les acteurs de niche arriveront
toujours à se faufiler dans les " short lists " des grands comptes, assure Stanislas de Bentzmann, PDG de Devoteam, société de conseil et de services en télécoms. Et même s'ils doivent encore fournir des
efforts en termes de baisse de prix pour être référencés, je ne crois pas que la dégradation du marché va perdurer. Les négociations serrées sur les prix devraient peu à peu s'estomper. 'D'abord préoccupé par certaines dérives, le Syntec reconnaît aujourd'hui le rôle des directeurs des achats. ' Certaines pratiques d'enchères inversées nous ont d'abord inquiétés. Mais le tandem direction des
achats/direction des systèmes d'information fonctionne mieux dans les grandes entreprises, les rôles ayant été redéfinis et partagés. C'est une évolution saine vers la professionnalisation des processus d'achat ', explique
Pierre Dellis, délégué général de Syntec Informatique.Cependant, pour Charles Bismuth, d'Unilog Management, pour éviter les dérapages, il faudra aller jusqu'à l'industrialisation de l'ensemble des processus des prestations intellectuelles formation, conseil juridique et fiscal,
expertise comptable/audit, conseil en stratégie, etc. Et, surtout, mieux maîtriser l'e-sourcing.
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