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Offshore, percée des opérateurs télécoms, entrée de fonds, départs à la retraite des dirigeants... Des facteurs qui contribuent à une accélération du mouvement de consolidation dans les SSII.
Les SSII n'ont pas connu de trêve estivale. En deux mois, une douzaine de rachats sont intervenus entre sociétés de services. Ce qui dénote un dynamisme sans précédent, d'autant que le phénomène succède à l'élection présidentielle.
' Pour la première fois, un scrutin majeur n'a pas affecté le cours des affaires ', note Jean-François Perret, président de Pierre Audoin Consultants. Mais alors, comment expliquer ce véritable coup
d'accélérateur ?
Globalisation : le monde pour terrain de jeu
' Think global, act local. ' Si le service conserve une dimension de proximité indéniable, la globalisation touche de plein fouet les SSII. Pour être référencé, un prestataire doit
atteindre une taille critique, mais aussi suivre son client grand compte à l'international et profiter de ressources dans les pays disposant d'une main-d'?"uvre à bas coûts. C'est le modèle global de livraison de services : proposer la
meilleure compétence au meilleur coût, où qu'elle se trouve sur la planète.A ce jeu, Steria fait coup double en s'emparant de Xansa. Elle se renforce sur le marché britannique, en particulier dans le secteur public, et approche les 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Dans le même temps, en reprenant
les 5 000 employés indiens de Xansa, Steria passe de 0 à 25 % de ressources offshore. Ce ratio des effectifs onshore-offshore devient capital aux yeux du cabinet Forrester. Avec le rachat de Kanbay, Capgemini atteint 18,4 %, tandis
qu'Atos Origin reste à 2,4 %.Cette globalisation pourrait aussi protéger nos sociétés de l'appétit des SSII indiennes. Quel intérêt aurait Infosys à racheter Capgemini, comme le laissait courir la rumeur cet été, si ce dernier fait 30 % de son chiffre
d'affaires depuis l'Inde ? Reste la menace des sociétés de services américaines. ' Extrêmement segmenté, le marché français reste atypique, observe Ludovic Melot, directeur d'études au cabinet Precepta.
Des champions nationaux rivalisent avec des géants comme EDS, HP Services ou CSC. ' HP puis Bull ont ainsi été cités en tant que repreneur potentiel d'Atos Origin.
Opérateurs télécoms, les consolidateurs
L'autre moteur de la consolidation des SSII concerne les opérateurs télécoms. Depuis peu, ils cherchent de nouveaux relais de croissance pour compenser la chute des revenus sur leur métier historique. L'année dernière, France Télécom
a réalisé trois acquisitions (Diwan, Neocles et Silicomp).Cet été, BT a lancé une OPA sur l'entité des systèmes et réseaux de CS. Avec ce renfort, la filiale hexagonale de l'opérateur britannique porte son chiffre d'affaires annuel à environ 400 millions d'euros, contre 257 au terme de
l'exercice 2007 clos à la fin mars. BT rachète une activité proche de son métier de gestionnaire de réseau, mais également, faute de choix, une activité en souffrance. Déficitaire, ce pôle baptisé ' infrastructures
critiques ' comprend des prestations de conseil, d'infogérance, d'intégration de réseaux et de maintenance matérielle. Il n'empêche que le nombre de cibles dans l'Hexagone s'amenuisait : la SSII Diwan (acquise par France
Télécom) et Prosodie (repris par Apax Partners) ont déjà filé sous le nez du Britannique. ' Un opérateur comme BT se devait de racheter un acteur de taille significative. Il a pris ce qui se
présentait ', juge David Salabi, directeur de Financière Cambon, un cabinet de conseil spécialisé dans les fusions-acquisitions.
Des fonds gourmands
Les fonds d'investissement ont également pris conscience du potentiel des SSII. Le marché de la reprise d'entreprises avec effet de levier (ou LBO) explose en France. Les SSII sont devenues une cible privilégiée des fonds de
' private equity ', lesquels participent ainsi à la consolidation du secteur. Autre fois méfiants vis-à-vis d'entreprises dont le seul capital est humain, ces fonds n'hésitent plus.
' En 2006, 6 % des opérations de fusions-acquisitions dans les logiciels et les services se voyaient piloter par ces fonds, relève Pierre-Yves Dargaud, président d'AP Management. On atteint
actuellement 12 %, sachant que la moyenne est de 20 % sur les autres secteurs. 'Plus qu'une avidité des fonds d'investissement pour le marché des services informatiques, ces chiffres traduisent un retard à combler. ' La croissance du secteur - entre 7 et 9 % - et sa
fragmentation extrême, qui le rend propice à la consolidation, constituent des attributs attractifs pour les fonds ', nuance Pierre-Yves Dargaud. Ainsi, l'année dernière, Weinberg Capital Partners a lancé les grandes
man?"uvres sur le marché français en montant au capital de la SSII Team Partners. Depuis, les opérations se sont multipliées. La plus spectaculaire étant le projet de recapitalisation de GFI Informatique, lancé en début d'année en collaboration
avec Apax Partners. Un projet perturbé par l'OPA hostile lancée cet été par le Japonais Fujitsu sur GFI et qui a fini par échouer.
La relève des dirigeants historiques
Reste, enfin, l'effet papy-boom. De nombreuses SSII changent de main une fois leur dirigeant et actionnaire majoritaire parvenu à l'âge de la retraite. Ce qui facilite par ailleurs l'arrivée de fonds. ' Beaucoup
de LBO seront motivés à court terme par un effet de transmission ', observe David Salabi. En revanche, certaines SSII importantes ont fait le pari de l'indépendance et de la continuité. Chez Sopra ou Atos Origin, les
dirigeants historiques ont préféré désigner leur héritier. D'où le jeu de chaises musicales intervenu avant l'été. Successeur de Serge Tchuruk durant la période qui a précédé la fusion Alcatel-Lucent, Philippe Germond a pris la place de Bernard
Bourigeaud à la tête d'Atos Origin ce 1er octobre. Dominique Illien, qui avait senti le vent tourner, a laissé vacante la place de dauphin en partant chez Sopra, où il vise la succession de Pierre Pasquier. La récente
querelle de pouvoir entre la direction d'Unilog et sa maison mère LogicaCMG prouve qu'il vaut mieux parfois choisir la voie romantique de l'indépendance plutôt que l'adossement sécurisant à un groupe international.redaction@01informatique.presse.fr
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