Les systèmes d'information : Art et pratiques

L'Institut du management de l'information de l'Université de Compiègne a demandé à 38 experts leur avis sur la nouvelle économie. Cela donne un ouvrage collectif au titre simple et direct : Les systèmes d'information : Art et pratiques.
Marc Guillaume, professeur d'économie à Dauphine en a rédigé le chapitre IV, sur le thème des changements culturels que la nouvelle économie va insuffler. Naguère, les deux vecteurs principaux de transmission culturelle étaient la famille et l'école.Or, de nos jours, la famille est recomposée et l'école décomposée, tandis qu'un certain nombre de pédagogues pensent avoir trouvé dans internet et l'ordinateur individuel le précepteur idéal que recommandait Rousseau dans Emile. Marc Guillaume, qui ne conteste pas que se brancher sur le web permet de disposer d'une quantité d'information et de connaissance qu'aucune bibliothèque actuelle ne peut apporter, invite à faire montre de prudence. La machine, même programmée pour organiser un parcours vers davantage de connaissance, n'a pas la sensibilité de l'homme.Elle ne perçoit pas à quel moment l'utilisateur marque d'intérêt, quand l'ennui vient et surtout, ce qui est compris et ce qui est simplement enregistré. Comme il l'écrit, le danger de l'hypertexte, c'est " l'hypoconnaissance ".Déjà, certains étudiants à qui l'on demande des mémoires sur des sujets précis, copient et collent des morceaux de banque de données sans s'investir dans leur compréhension. Or, Marc Guillaume le répète, l'accumulation sans assimilation n'est qu'un pseudo-savoir.Derrière ces réticences, il y a une réelle lucidité, même si, quand il cite, par exemple, Baudrillard, on voit transparaître comme un réflexe de conservation de l'enseignant qui craint de voir sa position remise en cause par ceux qui attendent tout du net en terme de diffusion de la culture.* Professeur à l'ESCP-EAP
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